Le 6 juin 2012 à Lomé (Togo), une réunion de concertation sur la situation au Mali s’est tenue en marge du sommet de l’UEMOA. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont réaffirmé la non-reconnaissance du Comité de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat (CNRDRE), par la CEDEAO et de tout statut de Chef d’Etat ou d’ancien Chef d’Etat au Capitaine Amadou Sanogo.
Cette décision de la CEDEAO abrogeait l’accord du 20 mai 2012, signé entre les autorités maliennes, la CEDEAO et le CNRDRE, relatif à l’octroi au capitaine Amadou Haya Sanogo, président du CNRDRE, du statut d’ancien chef d’Etat.
La rencontre a regroupé Yayi Boni, Président du Bénin et Président en exercice de l’Union Africaine; Blaise Compaoré, Président du Faso et médiateur de la CEDEAO; les Présidents Mahamadou Issoufou du Niger; Faure Essozimna Gnassingbé du Togo ; Macky Sall du Sénégal; Denis Sassou Nguesso du Congo, et le Premier ministre malien Modibo Diarra. Etaient également présents, Kadré Désiré Ouédraogo, Président de la Commission de la CEDEAO; Saïd Djinnit, Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Afrique de l’ouest.
Pour les maliens et la communauté internationale la question de statut d’ancien Chef d’Etat au Capitaine Amadou Haya Sanogo étaient définitivement réglée, après la rencontre du 6 juin 2012 à Lomé.
A la grande surprise, le président IBK met le Général Amadou Haya Sanogo dans la peau d’un ancien chef d’Etat avec tous les privilèges y afférents (logement, véhicules, gardes du corps, chauffeurs, domestiques, etc).
Le régime d’IBK se fonde sur le document du 20 mai 2012, pour justifier sa décision de donner ce statut au Général Amadou Haya Sanogo. Pourtant le cosignataire dudit document, Dioncounda Traoré, après la signature, n’a posé aucun acte officiellement dans le but de matérialiser ce statut à Amadou Haya Sanogo. Au contraire, il a mis en œuvre certaines décisions de la réunion de Lomé du 6 juin. Il a dissout le CNRDRE avec l’adoption d’un projet de loi, le 12 juin 2012, par le conseil des ministres, pour la création du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité.
Le Premier ministre d’alors, Cheick Modibo Diarra également cosignataire, a participé à la rencontre de la CEDEAO, le 6 juin 2012 à Lomé, qui a décidé de ne pas reconnaitre le statut d’ancien chef d’Etat à Amadou Haya Sanogo.
L’accord du 20 mai 2012, un piège
En mai 2012, la tension est vive à Bamako, le comité de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat (CNRDRE), a le vent en poupe. Soutenue par les pro-putschistes (COPAM, MP 22,) la junte militaire mijote de reprendre la présidence de la transition après la période d’intérim, le 21 mai 2012. Pour cela, des réseaux sont mis en branle et les stratégies élaborées. Elles commencent par des propos d’intimidations. Le président de la Coordination des Organisations Patriotiques du Mali (COPAM), Hamadoun Amion Guindo, avait laissé entendre qu’au terme des 40 jours de l’intérim prévus par la Constitution, ils vont déloger Dioncounda Traoré s’il ne quitte pas le pouvoir. Dans la même foule, l’officier subalterne de Kati, le Capitaine Amadou Haya Sanogo, affirme qu’il n’y aura pas une heure de plus pour Dioncounda Traoré au-delà du délai constitutionnel.
L’objectif de la junte et ses alliés est l’organisation d’une concertation nationale, afin de donner la présidence de la transition au capitaine Amadou Haya Sanogo.
Trouvant un compromis, afin que la transition soit présidée par le Dioncounda Traoré, président intérimaire, la CEDEAO, le CNRDRE et les autorités maliennes signent un accord le 20 mai 2012. Cet accord permet à Dioncounda Traoré de diriger la transition pendant 12 mois. Au Premier ministre Modibo Diarra, sont dévolus les pleins pouvoirs et au président du CNRDRE, Amadou Haya Sanogo, adjugé le statut d’ancien chef d’Etat.
Tout le reste de l’accord caresse, dans le sens du poil, la junte. Cette tendance est infirmée deux semaines après cet accord, quand la CEDEAO s’est réunie à Lomé, le 6 juin 2012, pour affirmer la non-reconnaissance du CNRDRE, et de tout statut de Chef d’Etat ou d’ancien Chef d’Etat au Capitaine Amadou Sanogo.
En reniant aujourd’hui la décision de réunion de Lomé, le pouvoir d’IBK défie la CEDEAO et la communauté internationale.
Ahmadou Maïga