Le régime a enfin ouvert les yeux. Disons-le ainsi pour raccourcir les commentaires. Depuis le début de la signature de l’accord, il avait catégoriquement refusé de négocier avec les groupes armés non signataires du document. Du coup, inscrit sur la liste noire des Etats Unis et la France, l’Etat malien s’était aussi engagé à combattre les groupes dits ‘’ennemis de la paix’’. Des années après, il est au bout de ses efforts sans le moindre résultat reluisant. Conscient du défi à relever dans quelques mois avec l’organisation de l’élection présidentielle, il semble dans la dynamique d’explorer toutes les alternatives pouvant lui faciliter la tâche ; dialoguer avec Iyad et Kouffa n’est pas, à y regarder de près, à exclure.
‘’Le second nom de Dieu, c’est le temps’’ ou ‘’Laissons le temps au temps’’, le Président du PARENA, Tiébilé Dramé peut aujourd’hui s’en réjouir. Autrefois hué par les tenants du pouvoir alors qu’il estimait plus qu’utile de laisser grandement ouverte la porte du dialogue à tous les groupes armés qui interviennent dans le nord, l’actuel Premier Ministre Soumeylou Boubeye Maïga, semble épouser la proposition au regard de l’enjeu colossale qui se dresse sur son chemin devant aboutir à l’organisation de l’élection présidentielle.
Quand l’idée avait été émise par Tiébilé, l’autorité de l’Etat s’exerçait sur presque l’ensemble du territoire malien. C’était plus facile à l’époque car les forces du mal étaient en position de faiblesse. L’entêtement du régime gâche tout. La tendance s’est renversée peu après et le pouvoir central fait face à d’énormes difficultés sur le terrain avec la fermeture des écoles dans le nord et le centre, l’absence de l’administration dans une bonne partie du territoire et une armée sous équipée qui malgré la volonté, a du mal à faire face à des ennemis lourdement armés.
Le dialogue s’impose
La guerre ayant démontré ses conséquences avec l’effondrement de l’Etat qui regarde impuissamment la montée exponentielle de l’instabilité, le premier ministre depuis Mopti s’est exprimé en ces termes : « le moment est arrivé pour les groupes armés de faire un choix ». Mais de quels groupes armés parle-t-il ?
Il est bon de souligner les deux tendances qui ont existé depuis la signature de l’accord : les groupes signataires et non signataires de l’accord. Le second, ce sont les mouvements à la solde du djihadiste Iyad parmi lesquels deux groupes qui s’offrent l’identité peulh dans la région de Mopti. Kouffa est le plus connu à ce niveau.
Le discours est beau, mais n’a pas d’effet pour un observateur averti. Boubeye dans ces propositions espère certainement sur des groupes armés pour stabiliser le centre. Si les pro-gouvernements sont connus de tous : la CMFPR2 et Dana Amassagou, il n’est à épargner la probable ouverture d’un dialogue entre Boubeye, Iyad et Kouffa. L’Etat est dans la dynamique bien avant l’arrivée de Boubeye à travers le président du Haut Conseil Islamique qui a effectué plusieurs déplacements dans le nord et aurait échangé avec Iyad pour la cause.
Au-delà de l’aspect religieux, la branche politique semble finalement comprendre qu’elle doit finalement s’afficher. La communauté internationale l’accuse du climat délétère qui règne actuellement, alors il la revient de sauver son avenir en ne comptant sur l’apport de personne.
Si Tiébilé avait été écouté il y a quelques années, le Mali allait échapper à ce qu’il vit aujourd’hui et qui menace dangereusement son avenir. Mais fions nous à l’évidence défendue par cette célèbre citation : ‘’Mieux vaut tard que jamais’’.
Kèlètigui Danioko
Le Pays