La crise que connait le conseil national de la jeunesse du Mali n’est jusqu’à présent pas close. Certains membres s’opposent farouchement au nouveau bureau dirigé par l’ancien vice-président Souleymane Satigui Sidibé. Ils estiment que c’est un bureau complaisant et illégitime. Pour mieux comprendre les raisons de leur opposition, nous avons rencontré Habib Dakuo, secrétaire général du conseil communal de la commune V du district de Bamako qui nous a fait le point de ce qu’ils reprochent à ce bureau.
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Le pays : Qui êtes-vous et quel poste occupez-vous au sein du CNJ ?
Habib Dakuo : Je suis Habib Dakuo, secrétaire général du conseil communal de la jeunesse de la commune V du district de Bamako. Sur le plan national, je suis secrétaire adjoint chargé de l’atteinte des objectifs du développement durable.
Selon notre information, il y a jusqu’à présent une crise au sein du conseil national de la jeunesse. Certains comme vous, s’opposent à l’actuel bureau dirigé par Souleymane Satigui Sidibé. Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est réellement passé ?
Au fait, depuis la démission du président Mohamed Salia Touré, le CNJ est confronté à la plus difficile crise de son existence. Cette difficulté est due à la mauvaise foi de l’ancien vice-président, Souleymane Satigui Sidibé et certains responsables politiques qui sont ses complices. Dans les normes des choses, deux mois après la démission du président élu, les textes du CNJ proposent deux possibilités : organiser un congrès extraordinaire ou assurer la transition par le 1er vice-président.Pour ce cas, la 2èmeoption n’est pas possible car le mandat de Salia venait de commencer quand il démissionnait. Le 15 juin 2017, jour de la démission de Salia Touré, on n’avait même pas atteint un an sur les trois ans de son mandat.Donc on ne pouvait pas faire plus de deux ans d’intérimaire. Dans le souci de bien respecter les textes de notre structure, nous avons organisé une conférence nationale extraordinaire à Sikasso en juillet dernier. L’objectif, c’était de mettre au même niveau d’information les cellules de base et remembrer le bureau.Cette conférence, ne pouvant pas trancher de la question du successeur du président démissionnaire, le vice-président Souleymane Satigui devait organiser le congrès dans les deux mois qui ont suivi la conférence de Sikasso. A notre retour à Bamako, au lieu de commencer les préparatifs du congrès, il passait le clair de son temps à autres choses, des combines. Il faisait cela en complicité avec la direction nationale de la jeunesse et du ministère de la jeunesse et de la reconstruction citoyenne. Après avoir constaté sa mauvaise foi, je lui ai exprimé mes inquiétudes dans une lettre. Je lui ai invité à respecter le chronogramme.Je lui ai aussi souligné que la tenue du congrès est une obligation pour la légitimité du bureau car nos textes disent que les membres du conseil national de la jeunesse sont forcément élus. Il ne m’a jusqu’à présent pas répondu. Pis, il avait même cessé d’organiser nos réunions ordinaires. Je lui ai ainsi envoyé une seconde correspondance avec plusieurs structures en ampliation. Toutes ces structures n’ont tenté que de faire la conciliation au lieu d’inviter Souleymane Satigui Sidibé au respect des textes. J’ai ensuite adressé une lettre ouverte au Président de la République pour l’inviter à ne pas encourager la complaisance et la violation des textes.
Nous avons appris que Souleymane Satigui Sidibé a été élu président du CNJ lors de la dernière conférence nationale tenue à Ségou. Vous vous y opposez ?
A ce que je sache, il n’y a pas eu d’élection. L’élection du bureau du CNJ ne se fait pas de la sorte et nous ne le reconnaissons pas comme un président légitime car les conditions prévues par nos textes ont été violées.
Mais que reprochez-vous concrètement à son élection ?
J’ai d’abord été très surpris d’apprendre l’élection du bureau du CNJ lors d’une conférence nationale. La conférence nationale n’est pas habilitée à élire un bureau. Son élection est anti textes. Selon les textes du conseil national de la jeunesse, on ne peut jamais être président sans congrès. Je voudrais préciser que la taille des participants à la conférence ne vaut même pas 1/3 du congrès. Pour preuve, les conseils communaux qui envoient 3 délégués au congrès, n’envoient qu’un seul à la conférence. La diaspora aussi ne participe qu’au congrès. Elle n’est pas représentée à la conférence.
Je voudrais par ailleurs souligner une autre irrégularité de l’élection de Souleymane Satgui Sidibé. N’eut été la complaisance du ministère de la jeunesse et de la reconstruction citoyenne, il ne pouvait même pas être candidat pour la présidence du CNJ car il était secrétaire général de l’UPJ. Hors les textes de cette structure de la jeunesse Africaine précisent qu’une fois qu’un membre siège à son niveau, il démissionne de la base. Je vous précise que quand il faisait ces tripatouillages ici, son mandat à l’UPJ n’avait pas pris fin.
Pour vous, qui est responsable de ces violations flagrantes des textes ?
J’accuse le ministère de la jeunesse et de la reconstruction citoyenne qui, après avoir pris connaissance des textes, a validé ce bureau illégitime. Je suis déçu que les membres de ce même bureau soient reçus par le ministre de la tutelle et beaucoup d’autres personnalités.
Votre dernier mot ?
Je voudrais une fois de plus inviter le gouvernement et le Président de la République à ne pas encourager l’illégalité.Les textes sont faits pour être respectés et on ne doit pas les violer.J’invite le ministère de la tutelle qui a été complaisant dans cette affaire de prendre toutes ses responsabilités en se désolidarisant de ce bureau illégitime de Souleymane Satigui Sidibé.
Réalisé par Boureima Guindo
Soure: Le Pays