Plusieurs associations de jeunes et de femmes de Gao ainsi que celles des villages environnants sont, une nouvelle fois, sorties hier mardi 27 janvier pour dénoncer haut et fort ” la zone temporaire de sécurité ” aux alentours de Tabankort décidée par la MINUSMA et qui vise à désarmer et chasser les unionistes de cette localité. Au cours des échauffourées qui en ont suivi, 3 manifestants ont été tués par balles et onze autres blessés.
La mission onusienne est accusée, à travers cette » zone temporaire de sécurité » qui n’inclut pas Kidal, mais qui pourtant englobe les zones tenues par les mouvements d’autodéfense, d’affaiblir ces derniers et de soutenir les séparatistes. La marche, qui est partie du centre ville vers le quartier général des casques bleus, a dégénéré en affrontements entre manifestants et les soldats onusiens. Bilan : au moins trois personnes tuées et 11 blessés dont 4 grièvement. Le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile, le général Sada Samaké, est attendu aujourd’hui dans la cité des Askias.
Il est à rappeler que les populations de Gao étaient sorties, le lundi 26 janvier, pour dénoncer la décision de la mission onusienne qui a déclaré « zone temporaire de sécurité » Tabankort, localité tenue par le GATIA, le MAA, la CM-FPR, cette décision visant à conférer plus d’espace et une entière liberté aux séparatistes pour harceler et même tuer les populations civiles.
Cette première journée de protestation a pris fin aux environs de midi. Dans la soirée, les organisateurs de la marche ont rencontré les responsables de la MINUSMA pour leur demander de revenir sur leur décision. La mission de l’ONU est restée insensible à leur doléance et a décidé de maintenir sa » zone temporaire de sécurité » à Tabankort.
Mardi 27 janvier, les organisateurs de la marche de lundi ont appelé la population à manifester jusqu’à ce que la MINUSMA revienne sur sa décision. Au moment où les manifestants battaient le pavé dans les rues de Gao, une délégation des notables de la cité des Askias s’est rendue au quartier général de la MINUSMA pour inviter celle-ci à revenir sur sa décision et éviter tout embrasement d’une situation sécuritaire déjà explosive.
Avant que les notabilités ne reviennent de cette rencontre, la manifestation dans les rues a dégénéré. Les jeunes se sont attaqués à des symboles de la mission onusienne. Au cours des échauffourées, des coups de feu ont retenti. Au moins trois personnes ont été tuées par balles et 11 autres ont été blessées dont 4 cas graves. Les populations ont pointé du doigt les casques bleus rwandais pour avoir délibérément ouvert le feu sur les manifestants.
Les populations de Gao ont fustigé le comportement de la MINUSMA accusée de faire la politique de deux poids et deux mesures. » Après le raid de la MINUSMA à Tabankort ayant fait sept morts dans les rangs du MNLA, les habitants de Kidal et Ménaka s’en sont pris aux symboles de la mission onusienne et ont saccagé certains bureaux. Les casques bleus n’ont pas tiré sur eux. Pourquoi donc tirent-ils sur nous à Gao ? Ceci prouve que les casques bleus sont loin d’être neutres. Nous ne leur font plus confiance » nous a déclaré l’un des responsables de la manifestation d’hier, joint par téléphone.
Abdoulaye DIARRA
Source: L’Indépendant