Le bras de fer entre le gouvernement et les syndicats des transporteurs se poursuit. Deux semaines après un premier arrêt de travail suite à la décision du Gouvernement d’appliquer le paiement de la redevance de péage par passage des véhicules, des syndicats du secteur des transports en commun ont décidé un nouvel arrêt de travail observé hier mercredi 17 février.
près trois reports, le gouvernement a décidé de l’entrée en vigueur du paiement de la redevance aux postes de péage par passage des véhicules. Une décision qui passe mal chez les transporteurs en commun. En réaction, les syndicats du secteur des transports en commun ont décidé un arrêt de travail de tous les moyens de transport en commun. Pour faire respecter le mot d’ordre, des chauffeurs et apprentis étaient déployés, comme à l’accoutumée, sur certaines artères de la capitale. Toute chose qui conduit souvent à des scènes de violence.
Cinq interpellations et deux plaintes
En commune IV du district de Bamako, non loin de la gare routière de Djicoroni Para, l’attroupement d’un groupe de jeunes attire les regards. Ce groupe de chauffeurs et apprentis-chauffeurs empêche la circulation des taxis et Sotrama transportant des passagers. L’un d’entre eux, visiblement influent, a exprimé son mécontentement. » Le ministre a dit qu’il ne reviendra pas sur sa décision donc nous allons poursuivre la lutte. Elles (les autorités NDLR) disent qu’il faut renflouer les caisses de l’Etat vides. Cependant, sans tenir compte de nos conditions de vie « , s’offusque le jeune homme. Pendant que nous abordions notre interlocuteur, une équipe de maintien d’ordre composée des agents de la Police et de la Garde nationale débarque et l’interpelle avec un de ses camarades.
Le chef de poste a indiqué que la décision d’arrêt de travail n’est pas partagée par tous les transporteurs. » Ainsi ceux qui souhaitent poursuivre leur activité sont victimes de persécution et parfois de simples citoyens sont pris pour cibles « , a-t-il confié.
Au Commissariat du 5ème Arrondissement, notre arrivée coïncide avec le retour d’une équipe de patrouille. Le Commandant Major Siaka Traoré en charge de la Section voie publique a indiqué que le commissariat » a reçu, très tôt le matin, un renfort des éléments de la Garde nationale pour la circonstance « . Mission de cette équipe : » intervenir en cas de trouble à l’ordre public ou de plainte « , a-t-il affirmé. Au moment de notre passage, il n’y avait pas de cas d’interpellation à signaler ni de plainte.
Cependant cinq personnes ont été interpelées au Commissariat du 14ème Arrondissement à l’ACI 2000 pour «trouble à l’ordre public». Deux plaintes ont été également enregistrées dans ce commissariat, selon le chef de poste, Bréhima Sanogo dont une émise par un conducteur de taxi. » Un chauffeur de taxi est venu se plaindre parce qu’un des clients qui accompagnait un malade à l’hôpital s’est fait agresser par des individus opposés à tout transport de passager « , a déclaré Bréhima Sanogo.
Les moto-taxis se frottent les mains
Sur les principales artères de la capitale, la circulation était fluide. Des taxis et Sotrama garés aux abords des routes étaient perceptibles durant toute la journée. Malgré le respect du mot d’ordre, quelques rares taximan tentaient de mener leur activité clandestinement. » Les Sotrama et les taxis sont, en grande partie, à la base de la perturbation de la circulation routière. Sans eux, la circulation est bien fluide « , se réjouit un usager au volant de sa voiture.
Contrairement au précédent arrêt de travail des syndicats du secteur des transports, les chauffeurs de moto- taxis ont été relativement épargnés hier. » Cela, grâce à une implication des Forces de l’ordre « , affirme Amadou Sow, chauffeur de moto-taxi, qui a tout de même pris soin de démonter la plaque d’identification de son engin. A ses côtés, Abou, visiblement motivé sur sa moto s’exclame: » Até Djô Bi ! [aujourd’hui, c’est du non-stop en bambara] « . Une manière pour lui d’indiquer la bonne marche des affaires. Cette place d’habitude occupée par une dizaine de motos est presque vide.
Rappelons que cette mesure a été prise par le Gouvernement en application des dispositions de l’UEMOA. En effet, les Etats membres de l’organisation communautaire, ainsi que le Ghana et la Guinée, sont obligés d’appliquer intégralement en 2021 le règlement 14 de l’organisation sous-régionale adopté en 2005, qui impose le paiement de la redevance péage par » passage » aux postes et l’application des amendes sur les surcharges à l’essieu au-delà de la tolérance de 15% ainsi que les amendes sur le gabarit.
Moussa Bilaly Sidibé (Stagiaire)
Source: l’Indépendant