Le sommet virtuel de la CEDEAO, attendu le 23 janvier prochain, devrait, à tout le moins, adresser un rappel à l’ordre formel aux autorités de la Transition : elles ont l’obligation de revenir au plus vite à l’observance scrupuleuse du modus vivendi qui a sanctionné le mini-sommet extraordinaire d’Accra (Ghana) le 15 septembre 2020.
Cet arrangement consistait en la mise en place d’une Transition politique et civile (avec un président et un Premier ministre civils) l’impossibilité pour le vice-président militaire de remplacer le président civil quelle qu’en soit la circonstance, la dissolution du CNSP (junte putschiste) dès la mise en place de la Transition civile. S’y ajoute la durée de la Transition fixée à 18 mois. En contrepartie de ces concessions faites par la partie malienne, l’organisation sous-régionale s’engageait « à apporter son soutien au Mali pour le retour à l’ordre constitutionnel conformément à ses protocoles et à lever ses sanctions après la désignation du président et du Premier ministre civils « .
La mission d’évaluation de la Transition, qui a séjourné, la semaine dernière à Bamako, sous la conduite du médiateur Goodluck Jonathan, a fait le constat de ce que la Transition, loin d’être un processus paisible et serein, se déroule plutôt sur fond de contestations et de désaccords, à l’opposé de ce que la communauté ouest africaine et les autres partenaires du Mali avaient espéré et recherché. Aussi s’est-elle préoccupée de savoir si les 14 mois restants de cette période seront suffisants pour organiser « des élections régulières, libres, transparentes et crédibles ». D’où son invite au gouvernement à « finaliser et communiquer sur une feuille de route assortie d’un plan d’actions indiquant les différentes activités à réaliser dans le délai convenu « . Elle a aussi insisté sur la nécessité de « renforcer les concertations à travers un dialogue plus ouvert à l’ensemble des parties prenantes pour assurer une transition inclusive « .
Elle a enfin noté la survivance du CNSP en dépit de la mise en place des organes de la transition et s’est inquiétée des grèves à répétition et des récentes arrestations extrajudiciaires en lien avec » une tentative de déstabilisation des autorités de la Transition « .
De son côté l’ONU, par la voix du Représentant Spécial de son Secrétaire général au Mali, Mahamat Saleh Annadif, a dressé du pays un tableau peu ragoûtant, lors d’une visioconférence au Conseil de sécurité. Annadif a ainsi relevé que » la formation du CNT n’a pas réuni le consensus nécessaire entre les acteurs politiques y compris les représentants de la société civile « . Ajoutant que » ce manque de consensus dans la mise en place des Institutions de la Transition alimente la détérioration de la situation socio-économique caractérisée par une multitude de grèves dans les différents secteurs d’activités ». Il a aussi déploré les récentes arrestations de personnalités de nature, selon lui, » à occulter la recherche de la vérité si elles ne sont pas menées dans le strict respect de l’Etat de droit « . Et de conclure par ces mots : » La période de la Transition représente une vraie opportunité pour le Mali de briser le cercle vicieux des crises politiques suivies par des coups d’Etat « . Dommage que cette approche toute de sagesse ne semble pas partagée par les tenants du pouvoir qui entendent conduire la Transition selon leur vision propre et sous leur contrôle exclusif. Quitte à entraîner le pays vers de nouveaux soubresauts, voire de nouveaux tourments.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant