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Nouveau mandat de la MINUMSA: le Mali s’oppose à tout retour de Barkhane

Lundi 13 juin 2022, le Conseil de sécurité des Nations unies a tenu sa réunion d’information trimestrielle sur le Mali, suivie de consultations à huis clos sur le renouvellement du mandat de la Minusma. Tandis que celle-ci était représentée par El-Ghassim Wane, Représentant spécial du secrétaire général et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), notre pays y était par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop. Dans son discours, il a exprimé les préoccupations du Mali sur le mandat de la MINUSMA.
Cette année, les négociations sur le renouvellement du mandat de la force onusienne se dérouleront dans un contexte de changements majeurs du paysage sécuritaire au Mali. En effet, depuis fin 2021, notre pays a opté pour un changement de partenaire stratégique en matière de lutte contre le terrorisme avec l’accompagnement des instructeurs russes de la société de sécurité privée russe, le groupe Wagner.

 

Avec cette nouvelle donne, les tensions entre les autorités de transition du Mali et la France ont atteint leur paroxysme en février 2022, avec la décision unilatérale de cette dernière et ses partenaires européens de mettre fin à leurs opérations antiterroristes dans notre pays, à travers l’opération Barkhane et la Task Force Takuba.
Pour protester contre les interférences françaises dans la présidence tournante à la tête du G5-Sahel, notre pays a mis fin en mai dernier à sa participation à la force régionale de lutte contre le terrorisme, ainsi qu’au sein de la Force conjointe du Sahel (FC-G5S).
« Nous ne connaissons pas de Wagner. Notre problème n’est pas Wagner. Mais notre problème, c’est comment assurer la survie de notre État comme je le rappelais qui a perdu les 2/3 de son territoire suite à l’intervention que vous connaissez », a indiqué Abdoulaye DIOP.
Pour lui, le problème du Mali c’est comment assurer la sécurité des Maliens qui sont aujourd’hui désespérés, dont l’État n’arrive même pas à protéger les droits essentiels.
« Notre souci, c’est comment préserver notre pays préserver l’unité du pays. Comment préserver l’intégrité territoriale de notre pays. Cela passe naturellement, pour nous, par la diversification de nos partenaires, notamment sur le plan sécuritaire. Et je le rappelle encore une fois que le Mali a le droit de choisir ses partenaires et il le fera en toute souveraineté en toute responsabilité comme chacun des pays autour de cette table », a-t-il souligné.

Toutefois, il a affirmé que la porte n’est fermée à aucun partenaire. « Tous les partenaires sont les bienvenus à condition d’aider le pays à sortir de la crise. Mais, le Mali n’acceptera pas qu’un partenaire nous impose que si tel partenaire vient par la porte, moi je sors par la fenêtre. Ceci n’est pas acceptable », a soutenu le chef de la diplomatie malienne.
Il a aussi rappelé que les opérations militaires en cours se passent dans le respect strict des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Ce, pour réfuter les accusations d’exactions qui sont portées à l’armée nationale notamment à Mourrah.

Mieux, le respect des droits de l’homme par le Mali n’est pas pour faire plaisir à un partenaire ou la communauté internationale. Pour le ministre, c’est par considération à notre tradition en rappelant la Charte de kurukan Fuga. Celle-ci, déjà en 1236, a-t-il fait savoir, donnait une importante particulière au respect des droits humains.

« Nous le faisons pour nous-mêmes d’abord. Nous le faisons aussi pour répondre à nos engagements internationaux. Nous le faisons parce que nous sommes conscients que la lutte que le Mali est en train de mener contre les groupes terroristes, nous ne pouvons pas la gagner en violant les droits. Nous avons besoin de gagner les cœurs et les esprits des Maliens. Le Mali n’a absolument aucun intérêt de s’engager sur cette voie qui peut se retourner contre nous », a déclaré M. DIOP.
Aussi, il a indiqué au Conseil de sécurité des Nations unies que son pays est victime d’une guerre de désinformation qui, selon lui, vise justement à punir le Mali pour ses choix. Dans tous les cas, rien n’arrêtera le pays sur cette lancée, a-t-il laissé entendre.
Concernant le renouvellement du mandat de la MINUSMA, il a fait part la position du gouvernement qui souhaite que la Mission de la MINUSMA soit centrée sur la protection des civils et à l’appui au rétablissement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national.
Pour le ministre, il est difficile pour la MINUSMA de faire face à la menace pour protéger la population civile alors qu’elle-même n’est pas en mesure de faire face à cette menace.
«Le Mandat de la MINUSMA doit obligatoire prendre en compte la montée en puissance des FAMa qui sont désormais en première ligne face aux groupes terroristes. Elles enregistrent certes des pertes, mais qui en infligent aussi énormément sur le terrain », a-t-il dit.
De même, dans le cadre du renouvellement du mandat de la MINUSMA et la demande d’appui aérien de Barkhane le gouvernement du Mali exprime son opposition ferme à l’intervention sur son territoire de la force française Barkhane après la décision unilatérale de retrait de ladite force qui a été aussi suivie par la dénonciation par le Mali des accords de défense avec la France.
Sur les allégations de restrictions imposées à la MINUSMA, il a précisé que le gouvernement malien n’a pris aucune mesure restrictive visant particulièrement ou spécifiquement la MINUSMA.
Il a expliqué que la mise en place des mesures de restriction temporaire sur une partie de l’espace aérien national est une décision souveraine dont l’objectif était de protéger les forces maliennes engagées dans une nouvelle posture dynamique et offensive pour reprendre l’initiative et réduire la capacité de nuisance des groupes terroristes ceux de la population malienne.
Également, le ministre des Affaires étrangères a fait le point sur le processus des réformes engagées par les autorités dont la réforme constitutionnelle, la révision de la loi électorale qui est au niveau du CNT.
Dans cette veine, il a rassuré que le gouvernement est train de travailler pour passer la main à la fin de 24 mois à un président démocratique élu.

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

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