Interrogé sur son orientation vers l’exploitation de l’hydrogène alors qu’il était détenteur d’une société productrice d’or (Wassoul or) qu’il a revendue à des Saoudiens, Aliou Boubacar Diallo de révéler que c’est après la promulgation de la loi sur le code pétrolier, qu’il a pensé aller vers la recherche du pétrole et du gaz. Il a ainsi rappelé que notre pays a un immense bassin sédimentaire et ce serait une malédiction sans précédent que l’on y trouve rien, d’autant plus que tous nos voisins ont pu faire des découvertes dont l’Algérie, la Mauritanie et le Niger. » J’ai créé en 2006 la société PETROMA et j’ai eu en 2007 mon permis de recherche. La convention était signée avec le gouvernement de la République du Mali. Donc, tout le potentiel dont recèle notre pays m’intéresse « .
A le croire, au début des explorations, ses compagnies étaient censées trouver du pétrole et du gaz, mais finalement, elles ont trouvé de l’hydrogène. » Personne ne voulait même croire à l’existence de l’hydrogène naturel, cependant il ne faut pas oublier que nous avons été les premiers à débusquer cette ressource d’un point de vue géologique et commercial parce que nous avons pu prouver que l’on peut produire de l’électricité avec l’hydrogène naturel sans émission de CO2 « .
Répondant à la question de savoir si les intérêts du Mali sont préservés lors de l’exploitation de ses ressources, il a rappelé l’installation d’une quinzaine de sociétés multinationales de premier rang, qui sont venues au Mali pour la recherche du pétrole et du gaz. Ce, depuis qu’il y a eu la loi de 2004 et son décret d’application. » A l’époque, on avait la réputation d’être un pays stable. Ainsi, beaucoup de compagnies étaient venues. En 2006, on avait soumissionné pour un bloc, le bloc 18, que l’on a perdu pour gagner le bloc 25 ; et nous avons signé la convention. Tout ce que l’on devait payer dans le cadre de sa signature, c’est-à-dire les taxes superficiaires, les fonds de formation et de l’OREP, nous l’avons payé pour un montant de trois milliards de FCFA au Mali « .
Ensuite il y a eu le coup d’Etat de 2012 et toutes ces grandes multinationales, qui étaient venues au Mali en 2004 et 2006 pour prendre les blocs pour l’exploitation des ressources se sont toutes retirées à cause du risque politique. Certaines se sont abritées derrière des clauses de force majeure pour arrêter d’investir au Mali et de verser les taxes superficiares et autres taxes. » Ma société PETROMA est la seule à payer ces taxes-là. A chaque Km² du permis de recherche chaque année, vous payez une taxe, c’est ça le code pétrolier. Ce que je veux dire, c’est que ce ne sont pas les compagnies étrangères qui viendront développer le Mali. Elles ont pris les permis d’exploitation pensant que le Mali était stable et quand il y a eu Aguelok et le coup d’Etat de 2012, elles se sont retirées, nous laissant avec nos problèmes. Je suis le seul à rester. L’exploitation du pétrole et du gaz au Mali, sans me vanter ne repose que sur ma compagnie « .
Partant de constat, il recommande à l’Etat malien de faire en sorte que les nationaux soient détenteurs des permis d’exploitation parce que le Mali se développera par ses propres enfants. » Pour preuve, les étrangers sont là et exploitent de l’or depuis presque vingt ans, cela n’a pas développé le Mali. Il y a de plus en plus de chômage, d’instabilité, d’insécurité. Donc, franchement, il est temps de comprendre qu’il faut compter sur nous-mêmes. Il n’y a que les Maliens qui vont développer le Mali « .
A ses dires, aucune de ces sociétés étrangères n’a foré au Mali, depuis le code pétrolier de 2004. La seule société à avoir foré est la sienne. » J’ai fait deux forages stratigraphiques, qui ont dépassé 2 000 mètres de profondeur. Donc, je suis le premier à atteindre ce socle au Mali. Et après, nous avons attaqué Bourakébougou où j’ai fait une vingtaine de forages où l’on a confirmé des potentialités gigantesques en hydrogène naturel « .
Sur l’importance de l’hydrogène dans le futur, il dira que tout le monde parle de cette ressource pour la transition énergétique arguant que l’Arabie Saoudite est en train d’investir plus de 100 milliards de dollars pour la production de l’hydrogène vert. L’objectif est d’empêcher que toutes ses compagnies pétrolières ne finissent comme les dinosaures un jour. Selon lui, l’hydrogène produit plus d’électricité, plus d’énergie et, à quantité égale, avec le gaz naturel. » Il y a déjà des véhicules à hydrogène, qui circulent en Europe dans la mobilité légère et lourde. Il existe aussi des bateaux à hydrogène, des trains à hydrogène. L’hydrogène se vend en Allemagne autour de 16 euros le kilo. En France, c’est au tour de 15 euros le kilo. Donc, tout le monde veut aller à l’hydrogène « .
De ce fait, il explique que le Mali a la possibilité d’être un grand producteur d’hydrogène naturel dans la mesure où il détient déjà les champs de Bourakébougou. » Nous avons fait un rapport de qualification pour évaluer leur réserve de gaz. Nous sommes à plus de 700 milliards de m3 sur l’hydrogène de Bourakébougou et ça c’est naturel. Sur toute la superficie du Mali, qui est plus grand que des pays comme le Portugal, l’Espagne et la France réunis, il y a beaucoup d’espace pour produire de l’hydrogène vert comme l’Arabie Saoudite veut le faire « . Aussi, invite-t-il nos frères du nord en leur disant que si l’on arrive à stabiliser cette zone, nous allons dépasser le Qatar et Abu Dhabi dans quelques années. » Si l’on est conscient de cela au Mali, on pourra développer très rapidement notre pays. C’est vrai, que nous avons beaucoup d’aides provenant de beaucoup de pays sur le plan militaire, mais la solution du problème malien n’est pas que militaire elle est surtout économique «
Le président d’honneur de l’ADP-Maliba de conclure que » si vraiment l’on arrive à sécuriser notre pays, à développer nos ressources, à faire en sorte qu’il y ait des milliardaires nordistes et sudistes maliens en dollars, qui émergent de l’exploitation de nos ressources, on va oublier tous nos problèmes « .
Mohamed HAIDARA
Source : l’Indépendant