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NORD MALI : Quand les langues se délient…

L’Algérie manque clairement de cohérence et de clairvoyance dans le dossier du septentrion malien. Les propos du président français la semaine dernière à Gao semblent avoir secoué le cocotier du côté d’Alger.

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Les masques vont-ils enfin tomber?

L’universalisation du terrorisme et la forte implication des puissances mondiales dans la gestion de la crise du Nord Mali ont occasionné la multiplication des combines de tout genre. Chaque jour nous réserve son lot de révélations. De même, chaque acte d’un pays étranger relatif au problème du septentrion malien se prête à diverses interprétations. Réputée pour la défense de ses intérêts géopolitiques et économiques aux dépens même de la souveraineté d’autres nations, l’ex-puissance coloniale, la France, est sous les feux des critiques.

La récente visite à Gao du nouveau président français, Emmanuel Macron, n’a pas permis de voir clair dans les intentions réelles de ce pays au Mali. L’on est en droit de se demander si la France ne veut pas sacrifier le Mali sur l’autel de ses objectifs. Mais, au-delà de la deuxième puissance économique européenne, le voisin algérien fait aussi jeu double.

Le chef de fil de la Médiation dans la crise du Nord Mali prend souvent tous les observateurs au dépourvu. Ses relations avec les différents protagonistes du problème du Septentrion sont sujettes à caution. L’Algérie manque clairement de cohérence et de clairvoyance dans ce dossier.

Les rapports entre l’Algérie et les ex-rebelles sécessionnistes du Nord-Mali ont toujours alimenté les soupçons de connivence entre les deux parties. Certains de nos compatriotes sont même allés à soutenir que l’Algérie sert de base arrière à des leaders de l’ex-rébellion et leurs alliés. Cette accusation est justifiée, selon eux, en partie par le fait que la médiation algérienne a toujours été laxiste vis-à-vis des ex-séparatistes.

Rupture

Toutefois, le ton vient de changer avec cette lettre ouverte du président du Comité de suivi de l’Accord pour la paix (CSA) au représentant de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) au CSA, Sidi Brahim Ould Sidati. Dans cette correspondance, l’Algérien Ahmed Boutache reproche à la CMA la non-tenue « une fois de plus et une fois de trop » de ses engagements dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

La non-libération du camp 1 de Kidal, qui devra servir de base aux soldats du Mécanisme opérationnel conjoint (MOC) atteste des revirements du regroupement armé.  Pour une application diligente de l’Accord pour la paix, le diplomate algérien invite la CMA à arrêter les « manœuvres politiciennes aux desseins inavoués ».  Un message fort qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.

Du côté de la CMA, l’on se livre au jeu habituel de faux-fuyants. Les ex-rebelles estiment que ce changement brusque de discours de la Médiation est l’une des conséquences des « déclarations du président français à Gao ». « L’Algérie se cherche un bouc émissaire pour expliquer la lenteur du processus. Ils mettent ça sur le dos de la CMA », a fulminé Ould Sidati. En visite à Gao le 19 mai dernier, le président français a décidé d’interpeller ostensiblement l’Algérie sur le rôle qui devrait être le sien au Nord Mali. « J’aurais une exigence renforcée à l’égard des Etats du sahel et l’Algérie », a affirmé M. Macron avant de souligner qu’«on ne peut pas manifester de faiblesse que ce soit à l’égard de groupements terroristes, quelles que soient les raisons politiques domestiques ». Des propos qui ont certainement fait des vagues du côté d’Alger. Ils ont eu le mérite de rappeler au régime d’Abdelaziz Bouteflika que le temps des ambiguïtés est révolu.

Au plan local, les déclarations du président français et la lettre du président du CSA à la CMA réconfortent un peu le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita. Lui dont la gestion de la crise du Nord est des plus contestée.

IBK pourra continuer à dire à ses concitoyens que son régime joue bien sa partition dans l’application du très controversé Accord pour la paix et que les autres parties doivent en faire autant. Comme pour dire que quand on est acculé, tous les moyens sont bons pour se donner un peu d’air.

Ogopémo Ouologuem

 

Source: lesechos

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