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Non-participation de la CMAS aux législatives : Les dessous d’une reculade politique

Après avoir signé, dans le district de Bamako, une alliance politique avec la Convergence pour le développement du Mali (CODEM), la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud  Dicko (CMAS)  a opté pour la dérobade. Sous quel diktat ? A quelles fins ? Les langues se délient.

 

Lors d’une rencontre, le lundi 3 février 2020, au siège de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud  Dicko,  (CMAS) le Guide religieux, parrain de la CMAS, a invité ses partisans à surseoir à toute participation aux élections en cours. Avant de confier, sans convaincre, que cette position est conforme aux objectifs de départ de la CMAS et à son positionnement politique, presque par contrainte.

Pour certaines sources, l’ancien président du Haut Conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko, a renoncé à la participation de son mouvement aux prochaines élections législatives sur sollicitation d’un haut responsable du pays, qui lui est très proche. « A quoi bon appuyer l’élection de députés qui peuvent se vendre aux plus offrants d’autres chapelles politiques dès qu’ils sont élus, pour constituer ou étoffer d’autres groupes parlementaires ? ». Cette question a taraudé les esprits et a fini par convaincre le parrain de la CMAS à arrêter toute velléité de candidature sous la bannière de son « organisation politique ». Surtout que, confient ces sources, les éventuels candidats CMAS devraient bénéficier d’un appui sonnant et trébuchant provenant du leader religieux ou de son protégé haut perché. La décision est vite prise de laisser les cadres membres ou proches de la CMAS intéressés par la députation voler de leurs propres ailes, sans la bannière de l’imam Dicko. Quitte à rassembler ensuite ceux qui seront élus, en rajouter éventuellement d’autres par transhumance politique, pour servir d’appareil politique à la personnalité dont il est question. « Mahmoud Dicko a des adversaires politiques. Et il ne faut pas vite les braquer contre la CMAS », murmure un connaisseur de la stratégie en chantier. Idée corroborée par les récents propos du Coordinateur de la CMAS, Issa Kaou N’Djim, rejetant toute alliance avec les partis politiques issus du mouvement démocratique… Ce qui a déplu à l’Imam Dicko, que nous avons vainement joint au téléphone pour recueillir ses explications.

En outre, certains acteurs politiques estiment que des dysfonctionnements internes à la CMAS ont plombé les chances d’ascension politique de ce mouvement. Son Coordinateur, Issa Kaou N’Djim et le parrain, Mahmoud Dicko ne semblent pas souffler dans la même trompette. Le fait de signer une alliance avec la CODEM pour les législatives dans le district de Bamako avant d’y renoncer, une semaine plus tard, fera tâche d’huile…. « Difficile de leur faire encore confiance », lâche un cadre politique. Pour dire que comme «Qui a bu boira », la CMAS a trahi et peut rééditer cet exploit ! Mais il semble que Mahmoud Dicko s’est engagé à soutenir certains candidats potentiels aux législatives dans certaines circonscriptions électorales. Ce qui ne lui permet pas d’avoir des prétendants propres à la CMAS qu’il lui faut soutenir ouvertement.

Par ailleurs, à l’analyse, l’on se demande pourquoi, l’imam Mahmoud Dicko souffle tant le chaud et le froid par rapport à sa descente pleine et entière dans l’arène politique nationale. Où était-il quand le Coordinateur de son mouvement, Issa Kaou N’Djim, annonçait clairement que la CMAS est une « organisation politique » ? Comment jouerait-elle ce rôle politique sans participer à des élections législatives ? N’est-ce pas à l’Hémicycle que seront votés les textes censés « protéger les valeurs sociétales et religieuses », dont l’imam est le plus grand défenseur ?  L’imam veut-il reculer pour mieux sauter ? Faire endormir ses adversaires politiques pour les surprendre  dans la perspective de 2023 ? Tout est possible. « Si le fait de se soucier de son pays et du bien-être des gens est politique, alors oui, je suis politique. Mais je ne suis pas un politicien », déclarait-il à Jeune Afrique, l’année dernière. Propos auxquels certains leaders politiques ne croient pas trop. « Certains font mine de s’étonner, mais Mahmoud Dicko a toujours eu des positions politiques tranchées. La seule chose qui a changé est qu’il ne fait plus campagne pour IBK », relevait Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition.

Bruno Djito SEGBEDJI

Mali Horizon

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