Pouvoir et opposition au Niger vont bientôt entamer un “dialogue” en vue “d’apaiser” le climat politique tendu à un an de la présidentielle de décembre 2020, a annoncé mercredi soir le Premier ministre Brigi Rafini à la télévision.
“Le pays actuellement fait face à des défis, en particulier des problèmes sécuritaires, qui commandent que l’ensemble de ses fils se mettent ensemble pour y faire face. Le dialogue vise à créer un apaisement du climat politique”, a expliqué M. Rafini à l’issue d’une rencontre avec des représentants de la classe politique toutes tendances confondues.
Depuis 2017, l’opposition refuse de siéger à la commission électorale et conteste le nouveau code électoral élaboré sur une base “non consensuelle, sans sa participation” et adopté en juin par le Parlement.
Plusieurs tentatives de révision consensuelle du code entre partis présidentiels et opposition ont échoué.
Selon M. Rafini, une “assemblée” de 38 membres (30 issus des partis politiques, cinq des syndicats et trois de la société civile) sera “très prochainement” installée pour “conduire” le dialogue durant “un mois”.
Des représentants du système des Nations unies, de l’Union européenne et du National Democratic Institute (une ONG américaine) feront office “d’observateurs internationaux”. Des responsables religieux locaux (musulman et chrétien) et des chefs traditionnels assisteront comme “grands témoins”, a-t-il aussi assuré.
L’organisation des futures élections, la question de la commission électorale ou l’accès équitable (surtout pour l’opposition) aux médias d’Etat seront à l’ordre du jour, a-t-il noté.
Climat politique “tendu”
“Le climat sur le plan politique est tendu (…) le pays est encore fragile”, a constaté Seïni Oumarou, le président du Mouvement national pour la société de développement (MNSD) qui a rejoint le pouvoir en 2017.
“Entre autres mesures de décrispation, nous avons demandé qu’on mette en liberté les prisonniers politiques, qu’on cesse le harcèlement contre les membres de l’opposition”, a affirmé Amadou Ali, du Front pour la restauration de la démocratie et la défense de la république (FRDDR) où militent les partisans de l’opposant Hama Amadou qui vit en exil depuis trois ans.
Hama Amadou, 69 ans, qui était arrivé deuxième à la présidentielle de 2016, et qui a été désigné par son parti comme candidat à la prochaine présidentielle, risque de se voir écarter du scrutin pour avoir été condamné à un an de prison dans une affaire de trafic international de bébés, qu’il a toujours qualifiée de cabale politique.
Le président Mahamadou Issoufou, 67 ans, réélu en mars 2016 pour un deuxième et dernier quinquennat, a assuré qu’il ne modifierait pas la Constitution pour briguer un troisième mandat.
Le Niger, un des Etats les plus pauvres au monde, est par ailleurs confronté à des attaques jihadistes ou de bandits armés sur six de ses sept frontières. Mercredi, 12 soldats nigériens ont été tués dans l’attaque, attribuée aux islamistes nigérians de à Boko Haram, d’une base militaire dans la région de Diffa (sud-est).
AFP