Nelson Mandela, héros la lutte contre le régime raciste d’apartheid et premier président noir de l’Afrique du Sud démocratique, est mort jeudi à l’âge de 95 ans, a annoncé le chef de l’Etat Jacob Zuma à la télévision.
“L’ex-président Nelson Mandela nous a quittés (…) il est maintenant en paix. La Nation a perdu son fils le plus illustre”, a déclaré le président Zuma lors d’une intervention en direct peu après 21h30 GMT.
“Il s’est éteint en paix (…). Notre peuple perd un père”, a-t-il ajouté avant d’annoncer que les drapeaux seraient mis en berne à partir de vendredi et jusqu’aux funérailles d’Etat dont il n’a pas annoncé la date.
“Exprimons la profonde gratitude pour une vie vécue au service des gens de ce pays et de la cause de l’humanité”, a-t-il enchaîné. “C’est un moment de profond chagrin (…) Nous t’aimerons toujours Madiba”.
“Comportons nous avec la dignité et le respect que Madiba personnifiait”, a ajouté M. Zuma, qui a utilisé le nom de clan du héros de la lutte contre l’apartheid, un nom utilisé familièrement par tous les Sud-Africains pour désigner leur idole.
“Une grande lumière s’est éteinte”, a réagi le Premier ministre britannique David Cameron, alors que le président américain Barack Obama devait s’exprimer vers 22H30 GMT.
Nelson Mandela, qui fut le premier président noir de son pays de 1994 à 1998, a été hospitalisé du 8 juin au 1er septembre pour une rechute d’une infection pulmonaire et probablement d’autres complications.
Il avait ensuite été ramené chez lui, dans sa maison de Johannesburg qui avait été équipée comme un hôpital.
Leader du combat des Noirs contre la ségrégation de l’apartheid, Nelson Mandela a passé 27 ans de sa vie en détention. Libéré en 1990, le plus célèbre prisonnier politique du monde devint quatre ans plus tard le premier président noir démocratiquement élu de son pays (1994-1999).
Il s’était retiré dès la fin de son mandat, pour se consacrer à la protection de l’enfance et à la lutte contre le sida, fléau de l’Afrique du Sud.
Le “long chemin vers la liberté” (titre d’une autobiographie parue en 1994) de Nelson Rolihlahla Mandela a commencé le 18 juillet 1918 dans le hameau de Mvezo, dans le bantoustan du Transkeï (aujourd’hui province de l’Eastern Cape, sud-est) où il naît au clan royal des Thembu, de l’ethnie xhosa.
“J’ai lutté contre la domination blanche et j’ai lutté contre la domination noire”, avait-il dit pour résumer son long combat pour la liberté: “Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales. J’espère vivre assez longtemps pour l’atteindre. Mais si cela est nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir”.
Du bagne de Robben Island, au large du Cap, où il passera 18 ans, des prisons de Pollsmoor et de Victor Verster, Mandela inspire la révolte des townships (1976). C’est également en prison qu’il reçoit les approches secrètes du gouvernement blanc, prémices à des négociations avec l’ANC.
Libéré le 11 février 1990, le détenu 46664 (numéro qui symbolisera sa grande campagne contre le sida) réapparaît face aux caméras du monde au côté de sa deuxième épouse Winnie, dont il se séparera deux ans plus tard.
Triomphalement élu à l’issue des élections du 27 avril 1994, il affiche dès son discours d’investiture la mission qui allait guider sa présidence.
Convaincu que la société sud-africaine continuerait d’oeuvrer à faire du pays un “miracle”, il avait promis: “Lorsque j’entrerai dans l’éternité, j’aurai le sourire aux lèvres”.