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Négociations pour un accord de Ouaga-bis : Le Mali est-il à l’abri du syndrome ivoirien ?

negociation.MnlaLe peuple malien n’acceptera aucun accord qui ne tienne pas compte des intérêts supérieurs de la nation. Que tous s’en convainquent une bonne fois pour toutes !

 

Le gouvernement du Mali et les rebelles du MNLA et Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) sont réunis à Ouagadougou (Burkina Faso) depuis une dizaine de jours. L’objectif de ces pourparlers entre « Maliens » serait de parvenir à un « pré-accord » qui garantirait la tenue de l’élection présidentielle prévue le 28 juillet prochain et le retour (?) progressif de l’armée et de l’administration malienne à Kidal, ville dont les rebelles se sont emparés du contrôle à la faveur de sa reprise aux jihadistes par l’armée française en fin mars 2013.

 

 

Les négociations qui se déroulent sous l’égide du président du Faso, Blaise Compaoré, médiateur en chef de la Cédéao, seraient dans l’impasse depuis que Bamako a rejeté le projet d’ »Accord préliminaire » dans sa forme proposée, pourtant accepté auparavant par les groupes rebelles, le 13 juin dernier.

 

 

En effet, aussi bien du côté du gouvernement que l’opinion nationale malienne, l’on reproche au document plusieurs points à clarifier. Notamment, les aspects relatifs aux conditionnalités du retour de l’armée à Kidal, mais surtout « la suspension des poursuites judiciaires et pénales engagées à l’encontre de certains membres des mouvements rebelles ».

 

 

Non seulement, l’Etat malien se veut ferme sur le déploiement de l’armée partout sur le territoire national, mais aussi il ne voudrait en aucun cas signer un chèque en blanc à des citoyens qui se sont rendus coupables de crimes odieux et de graves violations des droits de l’Homme dans la partie septentrionale du pays à la faveur d’une occupation obscurantiste et barbare en complicité avec des groupes terroristes.

 

 

Chat échaudé craint généralement l’eau froide, a-t-on coutume de dire. Car, si le Mali est aujourd’hui à ce stade, c’est en partie dû à la « trop grande faiblesse » des négociateurs de l’Etat à la signature d’accords plus ou moins complaisants, signés souvent dans des conditions d’extrême pression de la part du « médiateur » dans le dossier.

 

 

Le dernier en date avant la crise actuelle est celui désigné sous le vocable « Accords d’Alger » du nom de la capitale algérienne, pays ayant servi de médiateur entre l’Etat malien et l’Alliance du 23-Mai pour le changement, le 4 juillet 2006. Il consacrait systématiquement la démilitarisation pure et simple des 3 régions du Nord du pays, particulièrement celle de Kidal, faisant ainsi de cette vaste zone désertique un potentiel sanctuaire des narcotrafiquants et autres terroristes preneurs d’otages. La suite est à présent connue de tous.

 

 

Les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, le gouvernement et le peuple malien ont donc toutes leurs raisons de regarder à deux fois d’abord avant d’apposer une quelconque signature au bas de tout accord similaire.

 

 

Cette prudence se trouve confortée et d’autant plus justifiée que le Médiateur n’est autre que celui-là même qui était à la base de l’Accord de paix ayant favorisé l’organisation d’élection présidentielle en Côte d’ivoire dans les conditions que nous savons et dont ce pays frère gère encore aujourd’hui les séquelles.

 

 

En effet, faut-il rappeler que Blaise Compaoré n’est pas à sa première expérience sur le cas malien. Il est quasiment « le Monsieur médiation » de la sous-région en quelque sorte pour avoir déjà été impliqué au Togo, en Guinée et surtout en Côte d’Ivoire. Dans ce dernier cas, l’on se rappelle de la signature des fameux accords dits de « Ouaga I » et « Ouaga II » signés entre les différents acteurs de la profonde crise ayant secoué la Côte d’Ivoire au déclenchement d’une rébellion dans le Nord de ce pays suite au coup d’état avorté du 19 septembre 2002.

 

 

Signés le 4 mars 2007 entre le président Laurent Gbagbo et le chef des Forces nouvelles, Soro Guillaume, ses accords prévoyaient un certain nombre d’obligations pour les parties en présence, notamment le partage du pouvoir jusqu’à la prochaine élection présidentielle, le désarmement, le cantonnement et la réinsertion des combattants des différents groupes rebelles, entre autres.

 

Les rebelles ivoiriens avaient encore la raison

L’ONG américaine, Crisis Group, mentionnait dans une synthèse intitulée à juste titre à l’époque « Faut-il croire à l’Accord de Ouagadougou ? » écrivait ceci : « L’accord de paix, conclu le 4 mars 2007 à Ouagadougou entre Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, constitue un tournant majeur dans la résolution du conflit armé en Côte d’Ivoire, mais ne représente qu’un premier pas dans la bonne direction. Tous les Ivoiriens qui souhaitent une paix durable doivent maintenant se mobiliser pour exiger du gouvernement de transition la délivrance effective des titres d’identité prévus, la récupération des armes encore détenues par les milices, une véritable réforme du secteur de la sécurité et un processus électoral crédible. La communauté internationale a évité à la Côte d’Ivoire de sombrer dans le chaos au cours de ces quatre dernières années et doit maintenir intact son engagement militaire, politique et financier. L’évolution du processus de paix ne doit pas être dictée par les seules ambitions des deux signataires de l’accord de Ouagadougou mais aussi par l’objectif de la construction d’une paix durable en Côte d’Ivoire qui est cruciale pour la stabilité de toute l’Afrique de l’Ouest ».

 

 

L’organisation de défense des droits de l’Homme concluait sa synthèse par ces mots pleins de sens : « Les partenaires extérieurs doivent aider le gouvernement ivoirien mais ne doivent pas devenir les complices d’un bricolage de l’identification, de la réforme du secteur de la sécurité et des élections. Il est notamment essentiel que le poste de Haut représentant des Nations unies pour les élections soit maintenu afin d’apporter une crédibilité suffisante au processus. Même correctement mis en œuvre, l’Accord de Ouagadougou ne suffira pas à lui seul à mettre fin à la crise politique qui a profondément divisé la société ivoirienne. C’est maintenant que les organisations de la société civile ivoirienne doivent également prendre leurs responsabilités, et ne pas laisser à nouveau l’avenir du pays dépendre de la soif de pouvoir d’une poignée de leurs concitoyens ».

 

 

L’Accord de Ouagadougou intervenait dans la suite de celui de Linas Marcoussis signé le 24 janvier 2003 à la faveur de cette même crise ivoirienne, dont les principaux acteurs s’y étaient retrouvés du 15 au 23 janvier à l’invitation du président de la République française.

 

 

A la lumière de tout ce qui précède et eu égard à ce qui se passe actuellement à Ouagadougou, depuis plus de 10 jours, l’on est en droit de se poser les mêmes questionnements, face notamment, à des incertitudes presqu’identiques dans le cas malien. Cependant, il y a une différence fondamentale de taille entre les deux situations. C’est que dans le cas ivoirien, les rebelles avaient le sens de la raison et de l’objectivité. Alors qu’au Mali, ils sont à leur énième accord du genre sans jamais en tenir rigueur. Comment faire confiance à des gens de telle nature ?

 

 

Peut-être que cette fois-ci serait la bonne grâce à la « bonne étoile » du Médiateur Blaise Compaoré, qui a su, à l’occasion, ravir la place à l’éternel « parrain » de tous les précédents accords intervenus ces deux dernières décennies entre le Mali et ceux qui se font illégitimement appelés « les rebelles touareg » : l’Algérie.

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