Fidèle à la ligne de conduite qu’il s’est toujours imposé, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, n’a jamais fait de mystère sur ses intentions de ne point prendre langue avec des bandes armées sur le territoire national. Une position quasi tranchée qui l’honore non seulement en tant que patriote malien tout court, mais surtout en sa qualité d’homme d’Etat. Mais une analyse froide et stratégique de cette volonté de refondation de la République à partir des principes de séparation des pouvoirs, de justice sociale, d’une gouvernance sobre, efficace et vertueuse et de l’état de droit, démontre qu’il y a lieu de remplacer les ingrédients qui sont en place pour que la crise au Nord ne s’étale pas sur la durée.
Que l’on commence les pourparlers avec les groupes armés ou pas, importe peu. L’essentiel est que l’on aille à la table de négociation pour discuter sans préalable, sans a priori inutile avec le seul souci constant qui est celui de préserver le Mali des soubresauts qui ailleurs ont déconstruit des nations et hypothéqué dangereusement ou durablement leur devenir.
Certes, tout dépendra dans une large mesure de la manière dont le processus de négociations va se dérouler. Il devra être exempt de perversions de nature à vicier le retour durable de la sécurité, la stabilité et la paix.
Dans ce cadre, il est primordial que les médiateurs jouent leur rôle en se postant à équidistance de toutes les coteries, n’ayant à cœur que le souci de l’intégrité, la sécurité et le développement de la République du Mali et elle seule. Il faudra y apporter le traitement qu’elle nécessitera. Avec un seul impératif : les intérêts du Mali. Dans le secret des négociations et dans l’intimité de notre conscience, il ne devrait y avoir qu’un seul vainqueur : le Mali, un patrimoine à tous les Maliens. Par conséquent, il serait souhaitable que l’on commence le processus par son milieu, en effectuant le cantonnement, puis ensuite procéder au désarmement et à la réinsertion.
L’aboutissement des différents accords de paix a démontré que même si l’on impose à ces groupes le désarmement, ils n’apporteront lors de la collecte que des armes usées, après avoir enfoui dans des caches des armes de pointe.
Pour les partenaires et amis du Mali, qui sont venus lui prêter main forte, en guise de soutien au retour de la paix, il est important qu’ils restent démocratiques. Il est important qu’ils restent stables ; il est aussi important que tous ses dirigeants soient à la hauteur de l’esprit et de la lettre de la constitution et travaillent sous et au nom du peuple du Mali. Il faudrait surtout qu’ils aident leur peuple à conserver ce capital précieux dans la paix et la stabilité.
Il reste à construire une culture de paix fondée sur le discours de la solidarité, également sur la vérité et la justice, l’éthique et la morale.
Drissa Tiéné