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Négociations de Ouaga entre le gouvernement et les groupes rebelles : Les acteurs politiques et la société civile réagissent…

L’accord signé à Ouaga le 18 juin dernier entre les groupes irrédentistes et le gouvernement de la République du Mali sous l’égide du médiateur de la CEDEAO, Blaise comparé, et la communauté internationale est accueilli diversement au sein de la classe politique et de la société civile. En effet, si c’est un accord qui établit la pleine souveraineté du Mali sur toute l’étendue de son territoire en permettant la tenue de l’élection présidentielle et le redéploiement de l’armée à Kidal, il n’en demeure pas moins que c’est un accord provisoire qui laisse la latitude aux autorités légitimement élues de poursuivre les négociations avec toutes les communautés du nord pour aboutir à une paix durable. Mais des zones d’ombre subsistent comme le cantonnement sans vrai désarmement des groupes armés. Aussi, si certains s’en accommodent pour aller tout juste aux élections d’autres estiment que c’est un accord mi-figue mi-raisin qui ne règle rien aux problèmes de fond. 

 

Mahmoud Dicko

Mahmoud Dicko

 Le Haut conseil islamique souhaite que « ce soit le début d’une paix  durable et harmonieuse pour tous »

 

Le président du Haut conseil islamique Mahmoud Dicko qui s’est félicité de la signature de l’accord de Ouagadougou dit nourrir l’espoir qu’il puisse être l’aboutissement d’une paix durable pour l’ensemble des fils du pays qu’ils soient du nord ou du sud. « Tout ce qui peut nous éviter un affrontement mérite nos encouragements.

Nous ne pouvons que prier pour le pays » a -il déclaré.

 

 

Soumaïla Cissé de l’URD

Soumaila Cissé

Soumaila Cissé

 » Le plus important est de veiller au respect des termes de cet accord « 

Le plus important est de saluer la volonté de tous les Maliens de se parler et de faire la paix. Il faut maintenant veiller à l’application de l’accord. Il ouvre le chemin d’espoir pour ramener la paix au Mali. Mais cet accord reste partiel et équilibré. Le plus important c’est la suite : faire en sorte que tout le monde l’accepte et l’applique. J’en profite pour féliciter la médiation et tous les acteurs qui ont travaillé à ce résultat. Les différentes missions prévues doivent rapidement être mises en œuvre « 

 

Housséini Amion Guindo dit Poulo de la CODEM

« C’est un texte provisoire qui doit être considéré comme tel »

Housseynou Amion Guindo codem

Housseini Amion Guindo

« C’est un accord provisoire dont la portée s’étend sur une période brève, à compter de la date de sa signature jusqu’à l’installation des nouvelles autorités. Il a surtout pour intérêt de permettre la tenue de l’élection présidentielle du 28 juillet sur toute l’étendue du territoire national, y compris à Kidal. Ce sont les autorités légitimement élues qui auront la responsabilité d’approfondir ce dispositif préliminaire en vue de parvenir à un accord global et définitif pour régler la question. Il faut signaler que les autorités de la transition n’ont même pas la légitimité nécessaire pour engager le pays de façon substantielle par rapport à la question du septentrion malien, notamment de Kidal. Pour nous à la CODEM, c’est un accord qu’il faut accepter pour aller aux urnes. Quitte aux nouvelles autorités de régler le problème dans le cadre du processus de réconciliation « .

 

Moussa Mara de YELEMA

Moussa Mara

Moussa Mara

 » Un accord à saluer malgré ses faiblesses « 

 » Cet accord est à saluer parce qu’il consacre l’intégrité, l’indivisibilité, la laïcité du territoire et la nécessité de déployer partout sur ce territoire l’armée nationale. Il permet de tenir l’élection présidentielle partout sur le territoire national. Mais le document comporte deux faiblesses importantes. D’abord, le fait d’être issu d’un tête-à-tête entre l’Etat malien et un groupuscule d’individus sans aucune représentativité réelle est à déplorer. C’est un fâcheux précédent.  Ensuite, le fait qu’il prévoit des dispositions à mettre en œuvre après l’élection présidentielle est une façon de lier les mains du nouveau président de la République. J’aurai aimé que le document ne réglemente que la période allant jusqu’à la présidentielle. C’est donc aux autorités de la transition de gérer ces deux insuffisances « 

 

 

Hammadoun Amion Guindo :

 » L’accord de Ouaga n’engage ni la COPAM encore moins la CSTM… « 

Hammadoun A Guindo

Hammadoun A Guindo

 » Je n’ai pas lu l’accord mais la résolution 2100 du Conseil de sécurité à laquelle l’Accord se réfère très explicitement, notamment son paragraphe n° 4, comme préalable aux négociations, avait  » exigé de tous les groupes rebelles armés au Mali qu’ils déposent les armes et mettent fin aux hostilités immédiatement et exhorté toutes les parties maliennes qui ont rompu tout lien avec des organisations terroristes comme AQMI, le MUJAO et Ansar Eddine et qui reconnaissent sans condition l’unité et l’intégrité territoriales du Mali, et les autorités de transition maliennes à engager dans les meilleurs délais un processus de négociation ouvert à tous « . Ce qui a été signé viole cette résolution. Il n’était pas question de négocier à partir du moment où les groupes armés avaient refusé de déposer les armes. Cet accord n’engage ni la COPAM encore moins la CSTM ».

 

 

 

 

Ibrahim Djibrilla Maïga, secrétaire général du CNJ Mali :

 » C’est un accord qui ne nous enchante pas « 

Djibrilla Maiga

Djibrilla Maiga

 » Dans le texte nous avons noté des points positifs comme    l’intégrité du territoire,  la souveraineté et le caractère laïc du pays. Malgré tout, nous sommes inquiets par rapport à certains aspects de cet accord comme l’encadrement de l’armée  par des forces étrangères, le désarmement des bandits armés. Nous sommes surtout au regret de constater que le cantonnement ne sera pas suivi du  désarmement.  S’agissant des  mandats d’arrêt internationaux, nous pensons que cette procédure doit suivre son cours, car la justice n’a rien à voir avec la politique ou la diplomatie.

 

Nous  avons aussi déploré la mise en place d’une commission tripartite dans laquelle la nation est représentée par le même nombre de personnes que les bandits armés. En tout cas, au niveau du conseil national de la jeunesse cet accord ne nous enchante pas et nous invitons le nouveau président de la République à être vigilant, il ne saurait y  avoir d’autodétermination, ni autonomie pour n’importe quelle portion du territoire national « .

 

 

 

Le Collectif des Ressortissants du Nord du Mali (COREN) juge cet  Accord préliminaire inacceptable

Dans un communiqué signé par son Secrétaire général, Malick Alhousséini, le COREN  dit reconnaitre « le besoin d’assurer une meilleure protection de toutes les minorités au Mali mais juge que le scénario  mis en place à Ouagadougou ne conduira pas à la mise en place d’institutions démocratiques efficaces, où l’ensemble du peuple malien se reconnaitra. En fait, ce scénario, contient les germes d’instabilité chronique et de la poursuite de l’état de mise sous tutelle du Mali, toutes choses qui nous paraissent inacceptables ».

 

Il paraît évident qu’une bonne partie de la stratégie de rédaction de cet Accord préliminaire a visé le rééquilibrage des atouts en faveur des deux mouvements armés, considérés comme étant en position de faiblesse, pas en tant que minorité, qu’ils ne sont pas, mais en tant que minorité « blanche » méritant une surprotection. Ce rééquilibrage touche, à titre d’exemple, le découpage en phases assurant un semblant de continuité des engagements, mais en réalité une pression extérieure sur le futur gouvernement contraire au principe du libre arbitre.

 

 

 » Le désarmement des groupes armés touaregs n’aura lieu qu’après la  présidentielle «   dixit Abass Ag Intalla

Bilal ag acherif mnla azawadSelon le chef de la délégation du Haut Conseil de l’Azawad pour l’Unité, Abass Ag Intalla, qui réagissait en marge de la signature des accords de Ouaga sur le cessez-le-feu entre le gouvernement et les rebelles « la question du désarmement des Touaregs ne sera évoquée qu’après la présidentielle de juillet prochain et la formation d’un gouvernement de large entente ainsi que la signature d’un accord de paix définitif.

 

Le responsable du HCAU a également ajouté dans une déclaration sur un média mauritanien que les négociations prévues après les élections seront inclusives et vont permettre de résoudre la crise chronique que connait le nord du Mali.

 

Les entretiens réalisés par Abdoulaye Diarra, Maciré Diop, Kassoum Thera et Bruno D SEGBEDJI

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