Si de nos jours il y a un sujet qui fait polémique sous nos cieux, c’est bien celui se rapportant à la négociation avec les djihadistes. Mais ce qui ne fait l’ombre d’aucun doute est que la société malienne, dans sa majorité écrasante, penche plutôt pour cette éventualité eu égard au fait que jusque-là, les différentes options de lutte contre le fléau du terrorisme semblent montrer leurs limites.
En tout cas jusque-là, aucune des options envisagées n’a réussi à donner ne serait-ce que des signes, pour une probable pacification des localités sur lesquelles les groupes djihadistes étendent leurs hégémonies. Avec l’option militaire, qui au début avait été privilégiée, la bande sahélo-saharienne est plutôt devenue une espèce de bourbier pour les différentes forces loyalistes, en présence sur le terrain et cela, nonobstant la forte militarisation du Sahel. On a tenté de combiner à l’option militaire, celle d’une politique de développement socio-économique des localités en proie aux activités des groupes djihadistes.
Là non plus, les fruits n’ont pas été à la promesse des fleurs. En vérité, au regard des tenants et des aboutissants de cette guerre contre les djihadistes, il serait tout simplement illusoire de penser qu’une quelconque de ces deux options (militaire et développement socio-économique) pourrait porter des solutions à court ou à moyen terme. C’est fort des réalités du terrain que d’aucuns, et non des moindres, préconisent plutôt des négociations à entreprendre, purement et simplement, avec les djihadistes. Cette idée qui est largement partagée dans l’opinion nationale malienne, est aussi celle préconisée par les autorités publiques et cela malgré les écueils de taille qui pourraient plomber l’aboutissement de cette option. En tout cas la question portant sur l’ouverture de canaux de négociations avec les djihadistes, est revenue plusieurs fois dans les différents discours prononcés par les autorités maliennes et on se souvient que l’ancien ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha Bah, avait, au cours d’une interview sur une radio étrangère, clairement exprimé la position du Mali. « Nous sommes d’accord sur le principe et nous y travaillons déjà », avait-il fait savoir.
Aussi, après sa nomination comme Haut Représentant du Chef de l’Etat pour les régions du Centre du Mali, Pr Dioncounda Traoré, avait indiqué avoir «personnellement envoyé des émissaires pour discuter avec Amadou Koufa et Iyad Ag Ghali». Mieux, l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta n’avait pas fermé la porte à une éventuelle négociation lors d’une intervention.
El Hadj Mamadou GABA
Source : Le Soir De Bamako