J’ai rencontré pour la première fois le Président Amadou Toumani Touré le 17 Juin 2002, dans la salle du Conseil des ministres, pendant la période du gouvernement de mission. J’avoue, entre nous, ce fut le coup de foudre. Le jeune ministre que j’étais restait encore fasciné par cet homme au destin exceptionnel.
ATT avait décidé d’abandonner volontairement le pouvoir au terme d’une transition réussie, alors qu’il était au faîte de sa popularité. Cette décision unique dans les annales de l’histoire de notre continent, à part bien sûr les cas de Nelson Mandela et de Jerry Rawlings, était un pied de nez aux autres dirigeants africains qui s’étaient précipités à doter leur pays de régimes au vernis démocratique.
La disparition du Président ATT créé un grand vide et laisse tous les Maliens orphelins, dans une période d’incertitudes et de doutes. Au-delà de ses travaux herculéens qui ont physiquement transformé notre pays, je retiens de cet homme, humble et simple, un patriote soucieux du sort des plus pauvres et des plus démunis.
Je me rappelle que pendant les fortes canicules des mois d’avril et de mai, il donnait des instructions fermes au ministre en charge du secteur pour le ravitaillement correct en eau potable des quartiers périphériques de Bamako. De même, il veillait au respect strict des prix de denrées de première nécessité pour soulager le panier de la ménagère.
L’histoire retiendra que le Président Amadou Toumani Touré a marqué notre pays de son empreinte indélébile, il a touché à tous les secteurs de la vie sociale économique et culturelle, le volume d’investissement réalisé durant ses deux mandats sont supérieurs au volume cumulé de 1960 à 2002.
Dors en paix soldat de la démocratie et du développement ! Le Mali et les Maliens ne t’oublieront jamais”.
MESSAGE DE CONDOLéANCES DE LA CODEM SUITE au décès d’ATT
Suite au décès du Président ATT, la Convergence pour le développement du Mali (Codem) a adressé un message de condoléances à la famille durement éprouvée par cette perte ainsi qu’aux milliers de sympathisants inconsolables. “Avec cette disparition, l’Afrique perd l’une de ses plus éminentes personnalités de ces dernières décennies”.
“C’est avec une très grande tristesse que la Codem a appris, ce jour mardi 10 novembre 2020, le décès du Général Amadou Toumani Touré, ancien président de la République et un des architectes de notre démocratie”, peut-on lire à l’introduction du message. Et de poursuivre qu’en cette douloureuse circonstance, le parti Codem salue la mémoire du très grand homme d’Etat qu’il fût et qui a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du Mali et de l’Afrique.
Pour la Codem, notre pays perd un grand bâtisseur, un exemple de patriote. Convaincu que ses valeurs et ses œuvres qu’il nous a léguées ne disparaîtront jamais, la Convergence pour le Développement du Mali exhorte le peuple malien, surtout dans ces moments particulièrement difficiles, à suivre son modèle pour l’amour de sa patrie et sa sympathie envers les autres.
A en croire le Parti, avec la disparition brutale du Président Amadou Toumani Touré, cet apôtre de la paix, l’Afrique perd également l’une de ses plus éminentes personnalités de ces dernières décennies. Ainsi, la Codem adresse ses sincères condoléances au peuple malien et à la famille durement éprouvée de l’illustre disparu. “Toujours dans la ferveur du Maouloud, la Codem exhorte l’ensemble des Maliens à prier pour que Dieu le miséricordieux l’accueille dans son paradis”, conclut le message.
Boubacar PAÏTAO
Abdoulaye Touré, ancien président du conseil national de la jeunesse du Mali : “Ça sera très difficile pour le Mali d’avoir un président comme ATT”
J’ai connu ATT que je considère comme mon père à travers sa fille Fatoumata Mabo. Depuis que j’ai mis pied dans la famille, il m’a considéré comme son premier garçon. En parlant de cet homme, je ne peux pas retenir mes larmes, je pense que tout ce que Dieu fait est bon et nous ne pouvons que faire des bénédictions pour le repos éternel de son âme. Il a déjà marqué les esprits, c’est un monsieur qui était dans la religion, qui a su partager avec les autres, il n’a jamais été tenté par le bien matériel. Pour la petite histoire, il ne portait qu’une seule paire de chaussures et même pour lui faire changer ça, c’était un problème. Ça sera très difficile pour le Mali d’avoir un président comme ATT. Il a aimé le Mali, ce pays là était dans son cœur. ATT était humble, disponible, ouvert, un homme de paix. Il apprenait aux gens comment pécher le poisson, mais lui-même ne distribuait pas les poissons parce qu’il n’en avait pas pour en distribuer. Ce que j’ai apprécié surtout chez lui, il aimait sa famille, ses enfants, les amis de ses enfants, ses proches. Il n’y a pas un être humain parfait dans la vie, sinon j’allais dire qu’il est parfait. C’était un vrai militaire, mais il n’a jamais engagé le pays dans une guerre car il en connaissait les conséquences. Je vous révèle que durant les trois ans de mon mandat à la tête du Cnj-Mali, il m’a tellement ouvert des portes, au point que je me demande qu’est-ce qu’il n’a pas fait. Pour preuve, pour mon élection comme secrétaire général de l’Union panafricaine de la jeunesse, il s’est impliqué personnellement à travers l’ancien président soudanais, Oumar El Bechir, car fraichement élu au Mali, je n’étais pas connu à l’international. Il a fallu qu’il appelle ses homologues. Je ne l’ai jamais sollicité pour un problème auquel il n’a pas apporté une solution. Quand je suis parti le voir à Dakar, il m’a dit deux choses : Abdoulaye je regrette certaines choses que je n’ai pas pu faire. Je porte le Mali jusqu’à la fin de ma vie. Je demande à tous nos compatriotes, au monde entier, de prier pour lui car aujourd’hui il a besoin de nos prières, de nos bénédictions, je demande à tous les Maliens de lui pardonner “.
Source: Aujourd’hui Mali