Dénicheur de talents, créateur d’une chaîne de télévision ou encore patron d’une marque de whisky, le «Duc de Boulogne» pourrait abandonner sa casquette de rappeur pour se consacrer à ses nombreux autres projets.
C’est pas le hip-hop qui le quitte, c’est lui qui quitte le hip-hop. Dans une interview aux Inrockuptibles , Booba, qui règne en maître incontesté du rap français, déclare envisager d’arrêter après un ultime opus. «Le rap, c’est beaucoup de travail et ce n’est plus une fin en soi. Idéalement, j’aimerais faire un dernier disque et arrêter», explique-t-il. Une manière pour le rappeur de quitter le monde du hip-hop par la grande porte. Des déclarations qui rappellent les propos tenus dans le même magazine en 2012,sans qu’il ait mis ses menaces à exécution jusqu’à présent.
Si l’idée de décrocher trotte dans la tête d’Élie Yaffa (son nom civil) depuis quelque temps, sa décision ne semble pas ferme pour autant. Le «Duc de Boulogne» cultive le doute quant à son futur derrière un micro. «Si ça se trouve, je sortirai des chansons toute ma vie, car même à 60 ans je pense que je continuerai à écouter les beats qu’on m’enverra», imagine-t-il. Trône , son dernier album unanimement salué par la critique (sorti le 1er décembre), a été certifié disque de platine en seulement deux semaines..
Un auto-entrepreneur aux multiples casquettes
Expatrié à Miami, le Boulonnais de naissance a troqué sa casquette de rappeur contre celle d’auto-entrepreneur. De l’autre côté de l’Atlantique ou dans l’Hexagone, il multiplie les projets: ouverture de la chaîne de télévision OKLM, lancement d’une marque de vêtements ou encore d’une marque de whisky. La dernière lubie du «Duc»? Dénicher des talents. Avec sa toute nouvelle agence Lifetime Players, fondée avec d’anciens semi-professionnels comme Djamel Boukir, il a signé une trentaine de footballeurs. Booba a bien sûr du nez pour flairer les nouveaux noms de la scène hip-hop: il a créé les labels 92i et Sept Corp. «J’arrive à un âge où j’ai envie de créer pour d’autres artistes. Je n’envisage plus la musique uniquement qu’à travers moi», confesse-t-il au magazine.
Parmi ses poulains, Booba compte le prodige belge Damso, le «futur du rap francophone». «Son ressenti artistique vaut tout l’or du monde, d’autant plus qu’il n’essaie pas de dénaturer nos projets ou de calquer ses propres visions, il fait confiance», confie aux Inrocks l’auteur d’Ipséité, dont on attend le prochain album dans les jours qui viennent. Le principal intéressé le reconnaît volontiers, il a un vrai talent pour trouver les artistes de demain, lui qui confiait au Figaro avoir «une meilleure oreille musicale que les coaches de The Voice» il y a deux ans.
Confiant, le rappeur n’hésite pas à signer des anonymes. En 2016, il a invité en première partie de sa tournée MHD, jusqu’à présent inconnu au bataillon. Depuis le pionnier de l’afro-trap s’est fait un nom. Booba est aux petits soins avec ses protégés. «J’essaye de leur apporter mon savoir-faire, l’argent, les moyens et les bonnes équipes. À mon époque, nous n’avions que des bâtons dans les roues. Il fallait se déguiser, montrer patte blanche pour percer. J’essaye de leur éviter ça», déclare-t-il au magazine. Bienveillant, brillant, autodidacte… Booba ne manque pas de qualités. De quoi faire pâlir de jalousie les prétendants au trône du hip-hop.
Le Figaro