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Mugabe, constant en paroles

Le président zimbabwéen, 91 ans, a servi mardi aux parlementaires apeurés le même discours que celui prononcé… le 25 août. Sans s’en rendre compte.

Robert Mugabe président Zimbabwe union africaine ua

Robert Mugabe, 91 ans, sait bien que son peuple a besoin de bonheur. Il l’aime tellement qu’il lui donne deux fois la même ration de verbe, à savoir le discours déjà prononcé le mois dernier. Saisis, les députés de l’opposition sont restés silencieux en raison, affirment-ils, de menaces reçues par SMS. Debout derrière son pupitre, comme Hugo à Guernesey, Mugabe débite ses propres vers sur un ton grave, avec la hauteur qui sied à un homme qui entend se représenter à la présidentielle de 2018. Lancé comme une loco dans un long tunnel, il fait le tour de la question du rien avec l’art de prolonger la conversation qu’il tient avec lui-même depuis 1980, date de son arrivée au pouvoir.

Vingt-cinq minutes à raboter son discours sur l’état de la Nation, un texte lu le mois dernier, et à aucun moment Mugabe n’est interrompu. Pour sa défense, le porte-parole du président zimbabwéen, George Charamba, a déclaré : «Il y a eu un mélange dans les discours et le Président a prononcé le mauvais discours. La confusion s’est produite au niveau du secrétariat. Nous regrettons sincèrement cette erreur et des mesures disciplinaires sont envisagées», a-t-il poursuivi. Ah, le secrétariat !

Les députés de l’opposition, qui avaient chahuté le président lors de son précédent discours le 25 août, sont, cette fois, restés silencieux, malgré la méprise, partagés entre le rire et l’angoisse. Selon Innocent Gonese, le leader parlementaire du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), principal parti d’opposition, sept de ses députés avaient reçu un SMS anonyme, les mettant en garde contre toute perturbation pendant le discours de Mugabe : «Le message qui commençait par le mot “mort” vient d’un numéro masqué et avertit les députés concernés que leur immunité s’arrête aux portes du Parlement, a expliqué Innocent Gonese à des journalistes. Le message a aussi mis en garde les députés de faire très attention à ce qu’ils faisaient au Parlement, et les a prévenus qu’ils ne devaient pas perturber le discours présidentiel.» Alfred Jarry a bien inventé Robert Mugabe.

Jean-Louis Le Touzet

Source: Liberation

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