Le Mali connait depuis plusieurs décennies une déliquescence de plus en plus prononcée. A chaque élection nous, Maliennes et Maliens, avions espéré un mieux-être face à nos préoccupations quotidiennes. Mais force est de reconnaitre que notre descente aux enfers continue de plus belle. Les élections dites démocratiques n’ont apporté aucune solution aux problèmes du pays. La gravité est telle que nous sommes aujourd’hui menacés dans notre existence même en tant que nation. Pour relever ce défi, le mouvement Tabalé propose de rassembler les Maliennes et Maliens autour d’un projet de société et d’un programme de gouvernement axés autour de deux grands objectifs : Bâtir une société nouvelle et construire un citoyen nouveau. Bâtir une société nouvelle pour sortir le pays des impasses actuelles. Il nous est indispensable de bâtir une société nouvelle, une société de travail, une société de justice et une société de solidarité. Réaliser une société de travail, c’est créer une nouvelle organisation sociale pour faire participer chaque citoyen(ne) à l’effort de production des richesses nationales et à leur juste répartition au profit de l’immense majorité. Une femme ou un homme sans travail est un être sans dignité.
Le travail permet à l’être humain d’éviter l’exclusion sociale et de devenir un citoyen à part entière. Seul le travail productif permet d’asseoir la base d’une véritable souveraineté nationale. A cet effet, nous proposons de définir un programme de gouvernement devant permettre à l’Etat de type nouveau de jouer un rôle majeur en devenant le maitre d’œuvre de l’économie nationale à travers des mesures de nature à prendre le contrôle des ressources nationales, la récupération des terres agricoles et leur redistribution aux paysans à travers entre autres des coopératives familiales et villageoises. Les ressources minières et toutes les autres ressources naturelles doivent faire l’objet d’une exploitation rationnelle, sous la supervision de l’Etat en association avec les communautés vivant sur les territoires concernés. De nouveaux programmes de formation de ressources humaines adaptées aux besoins de l’économie nationale seront élaborés dans le cadre d’une nouvelle réforme du système éducatif, avec pour objectif de mettre la science et la technique au service des populations.
Une société de justice doit assurer une saine répartition des richesses produites par une association des producteurs à la gestion des affaires publiques. La réforme indispensable du système devra assurer la généralisation du système des jurés populaires devant permettre aux citoyens de participer à la saine distribution de la justice. A cet effet, nous devons nous inspirer des expériences endogènes du passé pour construire un nouveau type de justice plus proche des populations, de leurs cultures et traditions et plus respectueux des droits et devoirs des communautés concernées et de leur redevabilité. Une société de solidarité doit faire plus de place au sens du collectif. La citoyenneté n’a de sens véritable que dans la mesure où elle permet une participation responsable à la gestion du bien commun. Elle doit puiser dans les valeurs positives de nos héritages culturels et promouvoir un véritable patriotisme au service de la collectivité.
La société de solidarité doit assurer au plus grand nombre les services sociaux de base (éducation, santé, accès à l’eau potable, souveraineté alimentaire, logement…) Un programme de gouvernement plus détaillé sera mis en place pour définir des objectifs spécifiques à chaque secteur sur la base des ressources propres au pays et d’un chronogramme précis devant faire l’objet d’un contrôle populaire. Pour atteindre cet objectif, nous devons nous atteler à construire un nouveau type de Maliennes et de de Maliens, faire émerger un nouveau type de citoyenneté. Il est indispensable à cet effet de construire un appareil d’Etat de type nouveau, une architecture institutionnelle de type nouveau s’inspirant des expériences endogènes et mettant à profit les expériences positives d’autres pays, continents et civilisations plus proches de nos réalités sociales et culturelles et historiques. Mais, il appartient surtout aux populations maliennes et à elles seules d’en décider. Aussi, le Mouvement Tabalé s’engage à organiser, dès la prise de pouvoir, des Assises populaires nationales souveraines pour permettre aux communautés nationales de décider en toute indépendance et sans aucune ingérence extérieure de leur propre destin.
Bamako, le 18 février 2018
Président Mouvement Tabalé
Fabou Kanté
Président Commission des sages
Seydou Idrissa Traoré
Président Commission Scientifique
Salif Koné