Égorger un mouton le jour de la fête est un sacrifice recommandé par la religion, si bien sûr on en a les moyens. Mais les moutons deviennent trop chers pendant cette période. Le blogueur Youssouf Cissé nous propose une astuce pour trouver un mouton moins cher.
Chez moi, dans la région de Tombouctou, les commerçants arabes sont les plus grands vendeurs de bons moutons de fête. Une semaine avant, ils font une descente sur les grandes villes (Tombouctou, Goundam, Niafounké, Diré…) pour vendre leurs moutons et faire en retour leurs provisions pour plusieurs jours, voire plusieurs mois. Les moutons des Arabes sont souvent bien gras et les prix sont abordables.
Beaucoup de gens font l’erreur d’acheter le mouton une semaine ou plusieurs jours avant la fête, et ils se lamentent que les animaux coûtent cher. Néanmoins, les moutons sont beaucoup moins chers la veille même de la fête. Les commerçants se disent que s’ils ne vendent pas ce jour-là, ils vont devoir ramener leurs bêtes à la maison. Or, cette option ne les arrange pas. S’ils ne vendent pas, ils ne pourront pas acheter leurs provisions. Sans les provisions, pas la peine de rentrer (madame, les enfants, les vieilles personnes attendent). Ils vont donc simplement vendre à n’importe quel prix, proportionnellement à la demande.
Éviter les problèmes
En plus, si vous payez votre mouton plus tôt, il devient une charge de plus. Il faut lui trouver de l’herbe et un enclos bien approprié, ce qui peut être compliqué surtout si vous vivez dans une grande ville. Il y a aussi le risque de se le faire voler ou qu’il mange chez vous un aliment auquel il ne sera pas habitué et qui peut le tuer (dans ce cas il vous faudra en chercher un autre).
Acheter la veille est aussi efficace pour ceux qui vivent en location, dans un « petit bateau » où il est même difficile souvent de trouver où poser sa natte si ce n’est dans la chambre à coucher, et Dieu seul sait combien ils sont nombreux.
Le risque de s’y attacher
J’achète le mouton la veille de la fête aussi pour ne pas m’attacher beaucoup à lui. En effet, je suis de nature affective envers les animaux. Le mouton qui est dans votre enclos, que vous nourrissez bien, lavez et entretenez, vous devient fidèle et reconnaît votre voix et votre odeur de loin. Chaque fois que vous êtes dans les alentours, vous l’entendez bêler ou vous le voyez faire des va-et-vient comme s’il vous faisait signe.
Si vous vous attachez à lui, il deviendra une partie de vous, et il vous sera difficile de vous en séparer, encore moins de l’égorger. Je le sais parce que je viens d’une communauté d’éleveurs.
Source: autre presse