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Moussa Kondo, directeur pays de Accountability-Lab: ‘‘la corruption tue l’espoir de toute une génération’’

C’est par ces mots que M. KONDO a qualifié ce fléau, qui est devenu un « cancer » qui ronge le développement de notre pays. C’était sur la chaine de télévision Africable, lors d’un débat télévisé. Selon lui, les effets invisibles de la corruption sont plus destructifs sur les sociétés que n’importe quel autre drame social.

 

D’entrée de jeu, Moussa KONDO qualifie la corruption comme l’outil de destruction d’une génération ambitieuse. « Pour moi, les conséquences de la corruption vont au-delà des chiffres, parce que les gens ont tendance à s’étonner quand ils entendent que tant de milliards ou tel nombre de milliards ont été volés dans telles entreprises ou institution. Mais ce que les gens oublient, c’est que la corruption tue l’espoir chez des milliers de personnes. Et quand l’espoir n’existe plus, il n’y a plus rien à faire. C’est quand les jeunes n’attendent plus rien de leur pays qu’ils prennent le chemin de l’exil. C’est pourquoi on les voit se jeter dans le désert et dans la méditerranée. Cette migration clandestine et très dangereuse est la traduction du désespoir chez cette jeunesse », a-t-il dit.
Selon le Directeur pays de Accountability-Lab, le niveau de corruption au Mali va au-delà de toutes imaginations.
« Pour moi, la corruption, dans notre société va au-delà de tout ce qu’on imagine. Parce que même si on n’a rien, on peut espérer un lendemain meilleur en travaillant. Mais dans notre contexte, ce n’est pas le cas. Aux États unis et dans d’autres pays occidentaux, la corruption existe. Mais leur jeunesse est certaine qu’en travaillant, on peut avoir le fruit de son effort. Mais chez nous ici, la corruption, c’est comme prendre les œufs et tuer la poule. Le cas du Mali est extraordinaire parce que le phénomène a atteint un niveau de non-retour. Sous nos cieux, nous avons une forme corruption qui n’existe pas généralement ailleurs. Il s’agit de la corruption sociale qui a atteint un niveau tel que tous les secteurs d’activités en souffrent. Un exemple de la corruption sociale est le fait que, l’imam, le chef de village ou toute autre personne peut débarquer chez un fonctionnaire pour lui demander des choses qui vont au-delà de sa capacité. Si le fonctionnaire ou le citoyen décide de suivre ce que la loi prévoit en refusant de satisfaire la demande, il est traité de tous les noms par la société. Du coup, le citoyen se retrouve face à certaines réalités sociales qui entravent son épanouissement professionnel », a-t-il martelé.
M. KONDO déplore également qu’au Mali, énormément de gens ont été délaissés par leur société parce qu’ils ont refusé de rendre des services au-delà de leur possibilité ou qui non conformes aux lois et règles qui régissent la bonne marche de son institution.
À l’endroit des institutions de la lutte contre la corruption, Moussa KONDO regrette le fait que rien n’est en train d’être fait pour punir les personnes accablées par les différents rapports.
« En 2014, les différents dossiers de grande corruption révélés par la justice n’ont permis d’inquiéter aucune personne incriminée. Ainsi, pendant ces dernières années, la corruption n’a pas seulement fait que tuer l’économie du pays, mais elle nous a enlevé tout espoir et toute fierté d’être Malien. Il nous a enlevé toute envie de compétitivité avec d’autres nationalités. Pour les compétions sous régionales et internationales, on n’entendait plus le nom de notre pays », a-t-il déploré avant d’exprimer toute sa compassion aux agents des institutions de lutte contre la corruption.
« J’ai pitié pour les hauts cadres qui travaillent dans les institutions de lutte contre la corruption au Mali. Car ce sont des cadres dont l’intégrité ne souffre d’aucun doute. Ils passent des journées sous le soleil et toute sorte d’intempéries à collecter des renseignements et produire des rapports qui font l’unanimité. Le cas du bureau du vérificateur général, dont les cadres font un travail de haute qualité. Mais en fin de compte, le vérificateur prend le fruit de son labeur et le jeter contre un mur », selon Moussa KONDO.
Selon lui, c’est seule la volonté politique qui peut freiner cette corruption qui a gangréné notre société.
« Nous attendons beaucoup du président de la transition. Il a fait de très belles déclarations en termes de lutte contre la corruption. On verra et nous l’attendons de pied ferme. Il a fait l’unanimité parce qu’il a une probité morale. Et c’est cela qui a joué favorablement à sa faveur. Dans cette même logique, IBK a été plébiscité en 2013. Les gens s’attendaient à un président qui allait lutter contre la corruption de la plus belle manière. Mais malheureusement, nous avons été lamentablement déçus », a-t-il rappelé.
Pour finir, Moussa KONDO affirme que le Mali dispose de tous les moyens, notamment des textes et les hommes pour circonscrire le fléau.

PAR CHRISTELLE KONE

Source : INFO-MATIN

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