Nombreux étaient les Maliens qui croyaient le débat sur la révision constitutionnelle clos, après les deux grandes manifestations contre le projet et surtout après la faible mobilisation des partisans du oui.
Beaucoup pensaient que l’option du retrait était celle du Président IBK et que ce dernier, pour rester légaliste, allait laisser la Cour Constitutionnelle mettre la forme en égrenant un chapelet d’obstacles se dressant sur le chemin de la tenue d’un referendum inclusif et sur toute l’étendue du territoire. Mais contre toute attente et précédent même le verdict, c’est le Président de la République lui-même, garant de l’unité et de la cohésion nationale, qui raviva la tension. Il a fait un rétropédalage après que le Président français, Emmanuel Macron, ait pointé un doigt accusateur sur lui comme étant le responsable de la lenteur constatée dans la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. IBK a affirmé, urbi et orbi, lors du Sommet de G5 Sahel qu’il ne retirera pas le projet de révision constitutionnelle, ce qui selon lui, serait synonyme de trahison. Par ces propos tenus en conférence de presse conjointe avec son homologue français, IBK a relancé le débat qui divise déjà les Maliens en deux camps. Par cette allégation, il aura mis une bonne partie de son peuple sur son dos qui n’entend plus reculer jusqu’au retrait du projet en l’état. Pour bon nombre d’observateurs de la scène politique, IBK semble être désormais entre le marteau de la large majorité de son peuple hostile à la révision de la Constitution du 25 février 1992 et l’enclume de la Communauté internationale qui l’aura indexé comme étant le responsable du blocage du processus de mise en œuvre de l’Accord. Face à ce dilemme, IBK aura choisi le camp de la communauté internationale en faisant fi de la colère de son peuple et en reléguant au second plan tous les griefs soulevés par les partisans du retrait, parmi lesquels, la violation de l’article 118, le renforcement des pouvoirs, déjà exorbitants, du Président de la République, la non-inclusivité ainsi que le manque de consensus autour du document. Malgré toutes ces récriminations des opposants à la révision constitutionnelle, la Cour Constitutionnelle a rendu son arrêt en renvoyant le texte à une seconde lecture. C’est certainement une manière déguisée de retirer le controversé projet. Les jours, voire les semaines à venir, risqueraient d’être mouvementés car face au rétropédalage du Président IBK et à l’arrêt mi- figue, mi-raisin de la Cour Constitutionnelle, la réponse de la Plateforme An Tè A Bana ne s’est pas faite attendre. Elle a durci le ton en projetant d’organiser dans un bref délai des manifestations jusqu’au retrait définitif du projet. Les deux camps commencent déjà à fourbir leurs armes et font la revue des troupes surtout après le verdict des neuf sages de la Cour constitutionnelle qui a laissé pantois plus d’un observateur.
Youssouf Sissoko
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Par Inf@sept