Au Pakistan, le chef des talibans a été tué par un tir de drone américain. Hakimullah Mehsud était l’un des hommes les plus recherchés du pays. Sa tête avait été mise à prix pour 5 millions de dollars par les États-Unis. Sa mort survient alors même que le gouvernement pakistanais souhaite négocier avec les talibans.
Avec notre correspondante à Islamabad, Gaëlle Lussiaà-Berdou
Hakimullah Mehsud, la trentaine, dirigeait les talibans pakistanais depuis la mort en 2009 de son prédécesseur, Baïtullah Mehsud, lui-même tué par un tir de drone. L’attaque de ce vendredi a eu lieu au Nord-Waziristan, dans les zones tribales pakistanaises, près de la frontière afghane, repaire des talibans pakistanais mais aussi d’Al-Qaïda et des talibans afghans. Les tirs ont aussi tué plusieurs membres de sa garde rapprochée.
La dernière apparition publique d’Hakimullah Mehsud remonte au mois dernier. Dans une entrevue télévisée à la BBC, il s’était dit ouvert aux pourparlers de paix proposés par le nouveau gouvernement de Nawaz Sharif. Mais il posait plusieurs conditions à un cessez-le-feu. Notamment l’arrêt des tirs de drones.
Sabotage des négociations ?
Certains se réjouissent de la mort de l’ennemi public numéro un. Depuis six ans, les talibans ont fait des milliers de morts parmi les forces de l’ordre et les civils. Mais la mort d’Hakimullah Mehsud dans un tir de drone vient toucher une corde sensible : beaucoup de Pakistanais, comme leur gouvernement, s’opposent à ces frappes.
Les réactions ont été vives au sein de la classe politique. Pour le ministre de l’Intérieur, Chaudry Nisar Ali Khan, cette attaque vient saboter les tentatives de pourparlers lancées par le nouveau gouvernement de Nawaz Sharif, qui veut négocier la paix avec les talibans.
Selon des analystes, à court terme, le processus de rapprochement va sans doute en pâtir. On s’attend aussi à des représailles de la part des talibans… y compris une recrudescence des attentats.
Pour certains observateurs, Hakimullah Mehsud n’était pas l’homme des compromis et pas non plus très enclin à participer à des pourparlers. Sa mort pourrait permettre la montée en grade d’autres membres des diverses factions talibanes, dont certains se montreraient plus favorables à des négociations.
Source:RFI