Les rebelles, qui ont lancé leur offensive depuis la Libye, auraient-ils bénéficié d’appuis étrangers ? On va le savoir très vite car ces groupes vont sûrement tenter d’obtenir leur part du pouvoir. Ce qui est certain, c’est que le chaos risque de se rajouter au chaos dans cette région gangrenée par le jihadisme. L’armée tchadienne, une des plus aguerrie au sein du G5 Sahel, était en pointe dans ce combat, tant au Mali qu’au Nigeria et en Centrafrique. La France, qui comptait sur Idriss Déby pour renforcer sa force Barkhane, extrêmement fragilisée ces derniers temps, se retrouve donc en très mauvaise posture.
C’est un pur produit de l’administration militaire française, ex-puissance coloniale, qui vient d’être tué au Tchad en menant ses troupes à l’assaut de groupes rebelles dans le nord du pays. Idriss Déby était un produit et surtout un allié de la France dans cette zone déstabilisée par les conflits régionaux qu’est l’Afrique centrale. Enclavé entre la Libye, le Niger, le Cameroun, la République centrafricaine, le Nigeria et le Soudan, le Tchad est en effet un pays stratégique pour Paris dans sa guerre contre le jihadisme au Sahel. Mais le président tchadien, qui régnait par le népotisme, était aussi un allié encombrant. Au pouvoir depuis trente ans, il venait tout juste d’être «réélu» – si tant est que l’on puisse parler de véritables élections – pour un sixième mandat, après avoir empêché ses opposants de se présenter et réprimé violemment les manifestations civiles réclamant une alternance.
Preuve du caractère autocratique du pouvoir tchadien, c’est le propre fils d’Idriss Déby, Mahamat Idriss Déby, qui s’est aussitôt autoproclamé président à la tête d’un conseil militaire de transition qui n’a aucune légitimité et qui ne serait peut-être pas si uni qu’il en a l’air. Le fils Déby a un atout dans sa manche, il dirige la puissante garde présidentielle qui possède l’essentiel des armes lourdes du pays.