Dans une déclaration rendue publique, hier jeudi 29 juillet 2021, l’Association Malienne des Procureurs et Poursuivants (AMPP) et la Reference Syndicale des Magistrats (REFSYMA) se sont prononcées sur la mort de l’agresseur du président de la transition Assimi Goïta. Les deux associations considèrent « cette mort très suspecte, comme une tragédie qui n’honore ni l’Etat de droit, ni la démocratie, encore moins les acteurs de notre Justice .»
Pour les deux associations, les principes de l’État de droit exigent que tout auteur d’infraction soit immédiatement déféré devant le Procureur de la République compétent pour qu’il en soit décidé conformément à la loi. « Aucune raison ne devrait conduire à des exactions et excès jusqu’à l’élimination physique d’un forcené déjà neutralisé et mis hors d’état de nuire, lequel, d’après des renseignements concordants, serait un individu qui ne jouissait pas de la plénitude de ses facultés mentales », précisent, dans leur déclaration, les deux associations.
L’AMPP et la REFSYMA ont aussi condamné « tous procédés et méthodes prohibés, notamment toutes formes d’exécution sommaire, quelle que soit la gravité des faits, nonobstant la qualité ou la personnalité de la victime.»
Selon les deux associations, le gouvernement a une « tendance marquée à subroger des Services Etatiques étrangers au Parquet, à la Police Judiciaire classique, voire même à s’arroger les prérogatives des procureurs de la république, toutes choses qu’aucun motif ne saurait et ne devrait justifier.»
Selon les deux associations, le communiqué « inapproprié » du gouvernement du Mali est une « immixtion maladroite de l’exécutif dans le judiciaire et une « reconnaissance de son entière responsabilité dans la mort de l’agresseur du Président de la Transition.»
L’AMPP et la REFSYMA ont aussi déploré « le manque de diligence des procureurs, voire leur frilosité inexplicable à la seule évocation de la Sécurité d’Etat, s’agissant de s’approprier pleinement le traitement de toutes les affaires dévolues aux seuls acteurs de la justice.» « Les procureurs devraient pouvoir s’armer du courage nécessaire pour assumer efficacement leurs responsabilités conformément à la loi, sans céder, ni aux pressions, ni aux influences d’où qu’elles viennent.»
Le principal suspect dans la tentative d’assassinat du Président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, est décédé en garde à vue. Selon le communiqué du gouvernement, l’homme dont l’identité n’a pas été dévoilée a vu sa santé se dégrader à la suite de sa détention. Une autopsie serait en cours. Le communiqué du gouvernement ne fournit aucun autre détail sur les circonstances de sa mort. Le jour des faits, l’agresseur s’était jeté sur le président de la transition, Assimi Goïta avec un couteau alors qu’il se trouvait à la grande mosquée de Bamako à l’occasion de la fête de Tabaski. Pour les autorités maliennes, la mort du présumé coupable n’empêchera pas le processus de l’enquête, car plusieurs personnes seraient en effet impliquées dans cette tentative d’assassinat.
M.K.D
Source: Le Républicain