Suite à la mort de l’écrivain ivoirien, Bernard B. Dadié, le samedi 9 mars 2019, nous nous sommes rapprochés à certains écrivains et enseignants maliens afin de recueillir leurs ressenties. Tous prouvent à l’unanimité qu’il s’agit d’une perte énorme pour le continent africain et pour le monde.
Né en 1916 à Assinie (sud-est de la cote d’ivoire), il se fait connaitre dès 1934 avec une pièce de théâtre satirique Les Villes , Bernard B Dadié a abordé tous les genres littéraires, notamment la poésie, le roman, la chronique, le conte traditionnel et surtout le théâtre. Bernard BinlinDadié est l’un des écrivains les plus féconds de la littérature néo-africaine. Sa littérature est à la fois poétique et engagée, à l’image de l’homme. Homme engagé, Bernard Dadié fut aussi journaliste, homme politique et militant pour l’indépendance de la Côte d’Ivoire.
En 1950, il publie un recueil de poèmes engagé, Afrique debout qui dénonce les relations de domination entre Blancs et Noirs dans l’Afrique coloniale. En 1980, son roman, Les jambes du fils de DIEU (1980), remporte un franc succès. Son autobiographie romancée, Climbié », parut en 1952 est sans doute son œuvre la plus célèbre, également très critique vis-à-vis du colonialisme. Bernard Dadié a reçu deux fois le grand prix littéraire d’Afrique noire avec patron de New York (1965) et La ville où nul ne meurt (1968).
Cette fois-ci, cette annonce n’est pas une poudre de perlimpinpin. La mort nous a arraché Bernard B. Dadié le samedi 9 mars 2019 alors qu’il était âgé de 103 ans. Comme un coup de foudre, cette nouvelle a bouleversé tous les Africains, des enseignants jusqu’aux écrivains.
Au Mali, nous avons pu recueillir les témoignages de quelques-uns par rapport à cette perte immense. Pour Modibo Kanfo, jeune poète, « Le décès d’un tel gros bonnet entraine une lourde perte dans le monde littéraire. » Toutefois, celui-ci ne perd pas espoir : « Mais rien ne sera perdu si les jeunes d’aujourd’hui sont ambitieux de faire comme lui ou de faire mieux que lui. » Cela constitue également la réaction du poète et fondateur de la maison d’édition malien, INNOV Éditions, Alpha SalloumHaidara. Selon celui-ci, cette mort « est une perte immense pour l’Afrique tout entière. Tout compte fait, ce continent lui sera toujours redevable et ne cessera jamais de le pleurer. »
Du côté des enseignants également, la tristesse est au rendez-vous. Souleymane Togo, enseignant à Kayes, précise à notre micro : « Une autre bibliothèque a encore pris le feu dans le monde, en Afrique. Paix à son âme, grand baobab de l’Afrique, mon Afrique !» Quant au censeur du lycée privé Bafily Traoré de Kabala (quartier périphérique de Bamako), Aboubacar Koné, « C’est une icône de la littérature africaine, une bibliothèque qui s’en va. C’est vraiment regrettable ! Si seulement l’homme pouvait quelque chose contre la volonté de Dieu… »
Cette grande figure s’en est allée pour toujours. Aux jeunes générations d’écrivains de savoir où mettre les pieds afin que les pères de la littérature ne regrettent nullement leur combat.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays