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Mort d’Ariel Sharon, guerrier et politique

ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon

Militaire puis homme politique, Ariel Sharon fut l’une des principales figures de la droite israélienne. Ce farouche partisan de la colonisation était Premier ministre lors de sa brutale plongée dans le coma en 2006. Il s’est éteint ce samedi 11 janvier 2014, selon des informations de la radio militaire israélienne. Il avait 85 ans. Alors que le président français François Hollande a salué « un acteur majeur » de l’histoire de son pays, le porte-parole du Fatah palestinien a parlé « d’un criminel ayant échappé à la justice international ».

Ariel Sharon était un « sabra », ce terme par lequel les Israéliens désignent leurs compatriotes nés en « Terre Promise » et non en diaspora. En 1928, la Palestine est régie par le mandat britannique, lorsqu’Ariel Sharon voit le jour dans le village agricole de Kfar Malal. Celui qui s’appelle encore Ariel Sheinerman est issu d’une famille juive venue de Biélorussie.

Jeune homme, il s’engage dans la Haganah, un groupe armé juif clandestin. Il combat en 1948, lors de la Première Guerre israélo-arabe et sera blessé lors de la bataille de Latrun, un point stratégique sur la route entre Jérusalem et Tel-Aviv. Dès cette époque, il commence à se forger une réputation de soldat particulièrement téméraire.

En 1953, Ariel Sharon crée et commande la tristement célèbre « Unité 101 » chargée de mener des opérations de représailles après des attaques ayant visé des citoyens israéliens. Représailles qui firent des victimes civiles, comme dans le village palestinien de Qibyah (aujourd’hui en Cisjordanie), où plus de 70 personnes en majorité des femmes et des enfants furent tués lors d’une opération menée par l’Unité 101 en octobre 1953. La version officielle israélienne relate que les habitants se sont cachés chez eux et que les soldats on fait exploser des maisons qu’ils croyaient vides.

Avec l’opération de Suez (une attaque contre l’Egypte coordonnée par la France, la Grande-Bretagne et Israël) en 1956, Ariel Sharon se montre peu respectueux des ordres de ses supérieurs. Il sera critiqué pour ses choix stratégiques dans la bataille du Mitlé, dans le Sinaï, qui coûta la vie à de nombreux parachutistes israéliens.

Homme de droite et partisan de la colonisation

L’homme gravit les échelons et c’est en général qu’il participe à la Guerre des Six-Jours en 1967. Sharon combat une nouvelle fois l’armée égyptienne dans le Sinaï. Nouvelle victoire de l’Etat hébreu qui occupe désormais la Cisjordanie, la Bande de Gaza, Jérusalem-Est et le Plateau du Golan. Le général Sharon quitte l’armée en 1973 mais doit bientôt reprendre l’uniforme, pour cause de Guerre du Kippour.

C’est l’époque de son entrée dans la vie politique, à droite de l’échiquier politique israélien. Il fonde son propre parti, Shlomzion, qui fusionnera ensuite avec le Likoud, dirigé par Menahem Begin. En 1977, Israël porte pour la première fois un gouvernement de droite à sa tête. La colonisation de la Cisjordanie et de Gaza s’intensifie, Sharon en est l’un des partisans.

Sabra et Chatila

D’abord ministre de l’Agriculture du gouvernement Begin, Ariel Sharon est ensuite nommé à la Défense. En 1982, l’Etat hébreu lance une opération militaire au Liban pour en chasser l’OLP de Yasser Arafat. Après les massacres des réfugiés palestiniens des camps de Sabra et Chatila par les milices chrétiennes libanaises alliées de l’Etat hébreu, une commission d’enquête israélienne se penche sur les évènements et conclut à la « responsabilité indirecte » d’Ariel Sharon. Il démissionne en février 1983. Mais par la suite, rien ne l’empêcha d’occuper plusieurs fonctions ministérielles dans les années 80 et 90.

La Seconde Intifada

En 1999, Ariel Sharon est élu à la tête du Likoud alors dans l’opposition. L’année suivante il visite l’esplanade des Mosquées (le Mont du Temple, pour les juifs) à Jérusalem, un acte généralement considéré comme le point de départ de la Seconde Intifada. En effet, le chef de la droite se rend sous escorte en ce lieu saint pour les musulmans comme pour les juifs mais où très peu d’Israéliens s’aventurent depuis la conquête de Jérusalem-Est en 1967. La visite d’Ariel Sharon est vécue comme une provocation, elle entraîne des manifestations de colère. Réprimées par l’armée israélienne, les émeutes font des victimes et déclenchent l’engrenage de la violence dans une région sans perspective depuis l’échec des négociations de Camp David de l’été précédent.

Le retrait de Gaza, Kadima et le coma

Les violences de la seconde Intifada font chuter le gouvernement d’Ehud Barak et portent Ariel Sharon à la tête du gouvernement à l’issue des élections anticipées de 2001. Il mène alors une politique de réponse militaire aux attentats suicide (l’opération Rempart défensif dans les villes palestiniennes après l’attentat de Netanya en 2002) et de mise à l’écart du Président palestinien Yasser Arafat, assiégé dans son complexe présidentiel de la Mouqataa à Ramallah.

En 2005, le même Ariel Sharon lance une double initiative qui déconcerte nombre de ses partisans au sein de la droite nationaliste : il annonce le retrait unilatéral des colons et des soldats israéliens de la bande de Gaza et – dans le même temps – crée un nouveau parti centriste, Kadima (« en avant » en hébreu).

Le retrait a lieu à l’été 2005, 8.000 colons quittent Gaza, parfois emmenés de force par des soldats israéliens. Quatre colonies isolées du nord de la Cisjordanie sont également évacuées. Dans les mois qui suivent, Kadima prend forme autour de transfuges venus de la droite comme de la gauche israélienne. Des élections anticipées doivent avoir lieu mais Ariel Sharon ne mènera pas ce dernier combat: victime d’une première attaque cérébrale en décembre puis d’une seconde le 4 janvier 2006, il tombe dans le coma. Il n’en est jamais sorti.

Quel héritage ?

Mais pendant 8 ans, Ariel Sharon respire toujours, sur son lit de l’Hopital Tel Hashomer, au nord de Tel-Aviv. Et Kadima, le parti qu’il avait fondé après le retrait de Gaza, remporte les élections de 2006, portant Ehud Olmert à la tête du gouvernement. En 2009, Kadima s’impose comme le premier parti en nombre de députés à la Knesset mais Tzipi Livni ne parvient pas à former de coalition et passera 4 ans dans l’opposition, avant de quitter le parti.

En 2013, Kadima s’effondre et n’obtient que deux sièges aux élections législatives. Plus généralement, beaucoup d’Israéliens ont aujourd’hui tourné le dos à l’idée « sharonienne » selon laquelle il est nécessaire pour Israël d’effectuer des retraits unilatéraux de certains territoires pour éviter de se le voir imposer dans une future négociation.

Parmi les héritiers politiques d’Ariel Sharon, l’ancien Premier ministre Ehud Olmert est aujourd’hui mis en cause dans plusieurs scandales politico-financiers, Quand à Tzipi Livni elle a fondé le parti HaTnua (« Le Mouvement ») qui a obtenu 6 députés aux législatives de janvier 2013.

rfi

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