Les populations de Mopti, dans une mobilisation massive, sous la houlette de la plateforme ‘Faso Ko’, ont marché, mercredi, pour protester contre la présence des forces étrangères au Mali : l’Opération française Barkane, la Mission intégrée multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et le G5 Sahel, a constaté l’AMAP sur place.
C’est le dernier bilan d’une quarantaine de soldats maliens tués de l’attaque simultanée des postes de Boulkessi et Mondoro qui a fait déborder le vase. La marche est partie du rond-point central de Sévaré, devant le lycée Hamadoun Dicko, pour la base de la MINUSMA, dans la zone aéroportuaire de Sévaré où les marcheurs ont remis une motion aux responsables de la Mission onusienne.
Sur cette distance de la RN 6 la foule déchainée scandait : « A bas la France et la MINUSMA ». Elle brandissait des pancartes et banderoles sur lesquelles on lisait « la France et la MINUSMA complices de la crise malienne », « Barkane, MINUSMA dégagent de nos frontières ».
« L’heure est à la vérité, trop c’est trop. Nous, populations de Mopti, protestons, aujourd’hui, contre la présence de Barkane, la MINUSMA et le G5 Sahel qui ont d’autres visions, contrairement, au mandat de leu mission » a lu le porte-parole des marcheurs, Malamine Coulibaly, avant de remettre le document à la MINUSMA.
M. Coulibaly, après avoir souligné que « personne ne fera le Mali à notre place, a rappelé que « ce sont Africains qui ont libéré la France du joug allemand » et que « la politique de l’Etat avec la France et la MINUSMA, dans la gestion de la crise malienne, a conduit notre pays à la catastrophe ».
La motion de six points exige de la MINUSMA, la France et des autorités maliennes « le départ de toutes les forces étrangères et les conseillers militaires français sans condition, la présence opérationnelle des Forces armées et de défense sur toute l’étendue du territoire avec la liberté d’initiatives et d’actions, la mise à la disposition des forces de sécurité de toutes les communications téléphoniques et satellitaires et le retour des tours de contrôle des aéroports à l’Armée du Mali »
Les marcheurs réclament, aussi, dans leur motion d’assurer « la protection des personnes et leurs biens, recoudre le tissu social avec un dialogue franc entre les ethnies et la création d’un climat de confiance entre les populations ».
Boureïma Maïga , la cinquantaine, boucher de son état, estime que le Mali à trop souffert de cette crise. « Il est temps qu’on se dise la vérité. Aujourd’hui dans la Région, tu ne peux pas aller à Bandiagara à 60 kilomètres de Mopti, sans escorte. Si tu traverses le fleuve, tu n’es plus au Mali’, dit-il.
« Nos frères et sœurs sont tués à longueur de journée, sans cause. Les paysans ne peuvent plus aller au champ. Face aux attaques, la MINUSMA dit que sa mission est la stabilisation, Barkane dort sur ses deux oreilles. Plus grave, il y a des questions qui restent toujours sans réponse », enchaîne-t-il.
Il constate qu’ « il arrive, souvent, que les FAMa manquent de carburant ou de munitions, mais jamais les rebelles. Qui les ravitaille en carburant et munitions ? Qui les entraîne au maniement des armes ? » s’interroge-t-il, pour soutenir que « le Mali est victime d’un complot mondial ». « Il faut que cela soit dénoncé et corrigé », conclue-t-il.
Pour Mariam Samaké, veuve d’un militaire tué lors de l’attaque du poste de Dioura, en 2013, « les choses sont aujourd’hui claires : la MINUSMA souffle le chaud et le froid ». Elle acusse la Mission onusienne de duplicité. « Qu’ils partent et qu’on se débrouille nous-mêmes pour gérer notre situation », lance-t-elle.
Selon les marcheurs, une copie de la motion sera remise au gouverneur de Région pour les autorités nationales « pour que la situation soit mûrement analysée et que des dispositions soient prises en conséquence ».
Cette marche, très suivie et encadrée par les forces de l’ordre, s’est déroulée sans incident. Elle a, tout de même, paralysé les activités économiques de la ville tout la journée. Les écoles, les marchés et les ateliers sont restés fermés. La circulation a été perturbée par l’absence de transport inter urbain et les femmes, qui n’avaient prises les dispositions la veille, rodaient aux alentours du marché désert.
DC/MD (AMAP)