La salle de conférence de l’hôtel Flandre de Sévaré dans la commune de Mopti a abrité les 27 et 28 novembre un atelier de renforcement des capacités des acteurs humanitaires sur la prévention contre les pires formes de travail des enfants en période de conflits et post-conflits.
Organisé par le Bureau international du travail (BIT) en collaboration avec la direction régionale de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille de Mopti, l’atelier dont la cérémonie d’ouverture était présidée par Mamadou Gaoussou Traoré, le conseiller aux affaires administratives et juridiques du gouverneur, s’est déroulé en présence de la représentante du BIT, Mme Fatou Keïta, du directeur de la cellule nationale de lutte contre le travail des enfants, Boucari Togo, et du directeur exécutif de l’ONG Avenir enfance au Sahel (AVES), le Dr Moussa Hamidou Traoré.
La rencontre de deux jours a regroupé une trentaine de participants issus des directions régionales de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, du développement social, du travail, de l’emploi, de l’ANPE, du FAFPA, des académies et CAP de Mopti, Bandiagara, Douentza. On notait aussi la présence de représentants d’organisations de la société civile intervenant dans la protection des enfants et membres du sous-cluster protection, des leaders communautaires de Mopti-Sévaré, de l’UNHCR, de la MINUSMA, de l’UNICEF et du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA). L’Organisation internationale pour la migration (OIM), le conseil régional du patronat, l’Union régionale des travailleurs du Mali et la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) ont aussi pris part à l’atelier dont l’objectif était de contribuer à l’abolition du travail des enfants en renforçant les capacités des acteurs humanitaires et des leaders communautaires sur la prévention des pires formes de travail des enfants.
Cet atelier se veut une contribution du BIT face aux résultats préliminaires de l’étude d’impact de la crise socio-économique sur les pires formes de travail des enfants (PFTE) qui établit qu’environ 1 enfant sur 3 de familles déplacées, travaille au lieu d’aller à l’école dans un pays où la rébellion armée a fait plus de 3.580.000 déplacés et plus de 175.000 réfugiés. A ce constat s’ajoute celui du sous-cluster éducation relatif au taux d’abandon scolaire enregistré chez les enfants des régions du nord affectées par la crise multidimensionnelle (Mopti inclus) qui est de l’ordre de 27% et l’émergence du phénomène d’association ou d’enrôlement des enfants et jeunes dans les groupes et forces qui constitue une pire forme de travail au terme de la convention 182 de l’OIT.
Par cette initiative, la DRPFEF de Mopti, la cellule nationale de lutte contre le travail des enfants et leur partenaire BIT ambitionnent de renforcer la compréhension des participants sur, entre autres, le concept du travail des enfants et ses pires formes, les stratégies de prévention des enfants, l’assistance psychosociale des communautés affectées afin de réduire la vulnérabilité des enfants et l’évaluation des besoins des communautés affectées assorti d’une proposition de stratégie d’assistance.
A l’ouverture des travaux, après l’allocution de bienvenue de l’adjoint du maire de Mopti, M’Barké Ali Ba, la représentante du BIT, Mme Fatou Kéïta, a félicité les pouvoirs publics maliens pour les efforts considérables qu’ils déploient dans le cadre de la protection des enfants. Cet atelier, a-t-elle indiqué, vise en ces périodes sombres de l’histoire à tirer la sonnette d’alarme sur les abus et violences dont sont victimes les enfants travailleurs notamment ceux impliqués dans les pires formes de travail.
« Les enfants travaillent, mendient pour survivre. Ils restent malléables et corvéables à volonté, à la merci des adultes qui les exploitent dans les conditions aliénantes et affligeantes.
Cette situation d’exploitation économique des enfants par le travail se passe souvent au su et au vu de tout le monde, dans l’indifférence totale. En initiant cet atelier, nous escomptons de façon interactive, échanger avec les acteurs que vous êtes sur la compréhension du concept du travail des enfants, analyser la situation des enfants vulnérables de la région de Mopti et dégager les stratégies afin qu’il y ait une véritable prise en compte effective de la question dans vos plans de réponses et de développement », a-t-elle indiqué.
Dans son discours d’ouverture le représentant du gouverneur, Mamadou Gaoussou Traoré a salué cette action « opportune » du BIT en une période où le Mali a besoin d’aide, surtout les femmes qui sont des piliers des ménages et les enfants l’avenir de la nation.
La session a traité de la définition du concept du travail des enfants et de ses pires formes, ses déterminants et ses manifestations, des normes juridiques internationales, régionales et nationales relatives au travail des enfants en l’occurrence celle portant sur l’association des enfants et jeunes dans les groupes et forces armées, de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, de la traite et la servitude des enfants.
Les participants ont discuté de l’assistance psychosociale au profit des communautés affectées et planché sur les stratégies de réintégration économique des enfants victimes des PFTE à travers l’emploi et la formation professionnelle.
Pour le représentant de l’AMUPI, Nanourou Daou, les participants sortent de cet atelier avec une idée claire du travail des enfants et de ses pires formes dont les amalgames brouillaient la compréhension par les uns et les autres.
D. COULIBALY
AMAP–Mopti