Les Bamakois avaient applaudi l’évacuation des dépôts immondes d’ordures à travers la ville. Mais leur soulagement risque d’être de courte durée. Et pour cause, les montagnes rasées repoussent à vive allure. Tel un éternel recommencement…
Ces immondices avaient rendu la vie difficile aux riverains et aux usagers de la route. Elles débordaient de partout et dégageaient une odeur à se couper la tête. Les accidents mortels de circulation faisaient légion. Le déplacement des amoncellements de détritus vers d’autres sites hors de la ville a été un soulagement. Mais le répit a été de courte durée.
Hier, grande était la colère des riverains et des passants du dépôt transitoire de Samé. Ils ont assisté avec amertume et impuissants à une scène d’entassement d’ordures sur le site proprement nettoyé. Une charrette tractée par un vieil âne vient de décharger son contenu malodorant sur le site. Au même endroit où il y a quelques jours seulement, des camions et des chargeurs étaient difficilement venus à bout de la colline d’ordures après de nombreux allers et retours. Le charretier, qui a reçu l’autorisation de la Voirie du District, semble s’en moquer. La charrette d’immondices a été personnellement escortée jusqu’à Samé par un responsable de la voirie. De passage, notre équipe de reportage venant de Diago où a été découvert un charnier de 21 cadavres (voir article de A. Diarra), a interrogé l’homme sur cette démarche. Il s’est présenté comme étant « le gestionnaire » du dépôt.
«C’est vrai, c’est évacué mais rien ne nous interdit d’y déposer les ordures, En plus, les gens veulent en faire des stations d’essence», se justifie-t-il. Aussitôt, l’homme sort son téléphone et entre en communication avec son « supérieur hiérarchique ». Celui-ci doit être l’ordonnateur.
Une petite idée du coût d’évacuation ? L’opération en cours à Lafiabougou coûte près d’un milliard Fcfa. Prions donc que la voirie de Bamako revienne à de meilleurs sentiments, pour dire les choses poliment.
A. M. CISSE