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Mondial 2018 : la Russie en larmes après son élimination cruelle face à la Croatie (2-2, 3-4 t.a.b.)

Dans un match longtemps fermé, la Russie et la Croatie se sont rendues coup pour coup dans les prolongations. Les coéquipiers de Modrić se sont finalement qualifiés aux tirs au but.

La Russie est un pays de miracles. La terre y dégèle à chaque fin d’hiver, après des mois de neige et d’un froid à geler un verre de vodka. Les voitures redémarrent toujours, malgré les pièces cassées que l’on ne trouve plus dans le commerce depuis des décennies. Et depuis le début du Mondial 2018, c’est à la résurrection de la Sbornaya que les Russes ont assisté. La sélection nationale, médiocre depuis des années, moquée par toute une population qui ne voulait pas s’en éprendre pour éviter l’humiliation, est revenue d’entre les morts pour se frayer un chemin en quarts de finale de la compétition. Son plus gros exploit : avoir battu l’Espagne, l’un des grands favoris du tournoi, en huitièmes de finale aux tirs au but. Inimaginable il y a encore un mois.

Mais le sens du vent a tourné d’un coup après la large victoire en match d’ouverture de la Russie face à l’Arabie Saoudite (5-0). Depuis, les compatriotes de Vladimir Poutine ont pris confiance et ont transformé leurs moyens individuels limités en une force collective incroyable, qui défend avec acharnement avant de punir son adversaire en contre-attaque. Tout un peuple pousse maintenant derrière la Sbornaya.
Le bijou de Cherishev

Il faut le dire, depuis trois semaines la Russie marche parfois sur l’eau. Face à la Croatie samedi 7 juillet pour le dernier des quarts de finale, les Russes ont passé la première demi-heure à défendre avec application face aux coéquipiers de Lukas Modrić, le milieu de terrain génial du Real Madrid, supérieurs techniquement. Et puis, à la 31e minute, deux des révélations russes de cette Coupe du monde sont entrées en action. Dziouba, attaquant au physique de déménageur, mais limité balle au pied, a joué un une-deux avec Cherishev à 30 mètres de la cage croate. Ce dernier, déjà trois buts au compteur dans ce tournoi, a enveloppé de son pied gauche une frappe pure qui a terminé sa trajectoire dans la lucarne gauche de Subasic (1-0, 31e). La Russie n’avait rien produit offensivement jusqu’à cet enchaînement divin.

La réaction croate

La Croatie n’est pas le genre d’adversaire à baisser les bras au premier coup dur. Les hommes des Balkans avaient enchanté le monde en écrasant l’Argentine en phase de poules (3-0), avant de s’extirper difficilement de leur huitième de finale face au Danemark. Après le but russe, les Croates ont vite réagi. Sur une contre-attaque rapide, Mandzukic s’est engouffré dans le dos de la défense du pays hôte avant de centrer pour Kramaric, plus prompt que les Russes qui le cernaient pour pousser la balle d’une magnifique tête décroisée au fond des filets (1-1, 39e). Mais la Croatie a longtemps joué avec le frein à main dans cette rencontre. Comme si la possibilité de retrouver le dernier carré d’une Coupe du monde pour la première fois depuis 1998 lui coupait les jambes.

Au retour des vestiaires, alors que le match sombrait dans la médiocrité, un nouveau miracle russe s’est produit. Sur un centre trop long, Kramaric remettait le ballon devant la cage russe. Son partenaire Perisic récupérait l’offrande et frappait au milieu d’une nuée de joueurs russes. Son tir tapait la base du poteau gauche du but d’Akinfeïev. Tout le stade s’est alors muré dans le silence, pensant que le ballon allait poursuivre sa course dans les filets. Mais, celui-ci longeait la ligne de but avant de finalement ressortir vers l’extérieur.

Fernandes, le Russe nouveau

C’était la dernière grosse occasion dans le temps réglementaire de ce match. Après ce poteau, la Russie a fermé encore plus le jeu avec une idée en tête : pousser la Croatie en prolongation et voir ce qui s’y passe. La Sbornaya avait déjà piégé l’Espagne de cette manière. Pourquoi pas les Croates ?

Mais les scénarios ne sont jamais identiques dans le football. À la 101e minute, dans une atmosphère étouffante, le défenseur croate Vida a sauté plus haut que tout le monde sur un corner pour dévier le ballon dans la cage russe (2-1). On dit souvent qu’un miracle ne se répète jamais deux fois. La Russie a défié cette règle immuable. Alors que tout semblait perdu, Fernandes, citoyen brésilien naturalisé russe il y a quelques mois, a ramené une nouvelle fois la Sbornaya à la vie en égalisant d’une tête décroisée à la 115e minute sur un énième coup-franc des siens, qui poussaient avec l’énergie du désespoir.

Hélas, le football, dans son éternelle cruauté, aime retirer ce qu’il donne. Aux tirs au but, la Russie a échoué à deux reprises contre une seule fois pour la Croatie (4-3 t.a.b.), qui a gagné le droit de défier l’Angleterre en demi-finale. Ce soir, la Volga se gonfle des larmes russes.

 

lecombat

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