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Mohamed Salia TOURÉ met en garde : « Refonder la République ne peut se faire en muselant les partis »

Par Mohamed Lamine Sidibé, pour Bamada.net

Depuis quelques semaines, une rumeur persistante secoue la scène politique malienne : celle d’une éventuelle dissolution des partis politiques par les autorités de la Transition. Cette hypothèse, encore officieuse mais largement commentée dans les cercles politiques, citoyens et médiatiques, suscite une inquiétude croissante au sein de l’opinion publique. Car elle touche un fondement essentiel de toute démocratie digne de ce nom : le pluralisme politique.

Loin d’être une simple formalité institutionnelle, le multipartisme constitue l’un des piliers de la République. Les partis politiques sont les canaux naturels par lesquels s’expriment les aspirations des citoyens, les contradictions sociales et les projets de société. En d’autres termes, ils ne sont pas des fauteurs de trouble, comme certains discours voudraient le faire croire, mais des acteurs de dialogue, de médiation et de cohésion. Leur affaiblissement, voire leur disparition, marquerait un net recul démocratique pour un pays qui, malgré ses crises, a toujours revendiqué son attachement aux principes républicains.

Les militaires peuvent-ils définir seuls le cadre démocratique ?

À ceux qui pensent qu’il est possible de refonder la nation en neutralisant le pluralisme, une vérité doit être rappelée : les treillis militaires ne peuvent tailler des costumes démocratiques sur (dé)mesure aux citoyens. La légitimité d’un régime ne peut reposer exclusivement sur la force ou la popularité passagère, mais sur le respect scrupuleux des principes de participation, de transparence et de responsabilité.

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Dans toute démocratie moderne, la critique est un droit, pas une trahison. Elle est un acte civique, une contribution à l’amélioration de la gouvernance. Supprimer ou réduire les espaces d’expression au nom de la stabilité revient à fragiliser le pacte social qui lie les gouvernants aux gouvernés. Cela nourrit la frustration, accroît le sentiment d’exclusion et ouvre la voie à l’instabilité — tout ce que les transitions politiques prétendent combattre.

Le danger d’une dérive autoritaire

Il faut bien le dire : la démocratie ne se décrète pas, elle se construit. Elle exige de la patience, de l’inclusion, et surtout, du courage politique. Ce courage consiste notamment à tolérer la contradiction, à accepter l’existence d’opinions divergentes et à renforcer les contre-pouvoirs au lieu de les museler. Toute tentative de restreindre ces libertés est une alerte rouge.

À chaque transition, les mêmes discours refondateurs se succèdent : restauration de la souveraineté, assainissement de la gouvernance, refondation morale de la classe politique, etc. Les Maliens, dans leur immense sagesse, accueillent ces promesses avec un mélange d’espoir et de résignation. Mais lorsque les actes ne suivent pas les paroles, la confiance s’érode et le scepticisme prend le dessus.

La nouvelle Constitution, un engagement à respecter

Adoptée en juillet 2023, la nouvelle Constitution du Mali consacre explicitement le rôle des partis politiques dans la vie démocratique. Le Président de la Transition, en tant que garant de l’application de cette loi fondamentale, se doit d’en assumer l’esprit et la lettre. Revenir sur ce socle constitutionnel en supprimant le multipartisme ou en réduisant les partis à des coquilles vides serait une faute historique, dont les conséquences pourraient être durables.

Les partis, malgré leurs défauts et leur besoin de renouveau, restent indispensables pour structurer la vie politique. Ils offrent une alternative aux logiques d’affrontement, canalisent les conflits sociaux et participent à la formation de la conscience citoyenne. Dans un pays aussi divers que le Mali, leur rôle est incomparable dans la consolidation de l’unité nationale.

Une nation debout ne se construit pas dans le silence

L’histoire récente du Mali enseigne que le silence imposé n’a jamais apporté la paix durable. Les crises successives ont montré les limites des solutions imposées d’en haut, sans dialogue réel avec les forces vives. Une gouvernance responsable repose sur la redevabilité, l’indépendance de la justice, la transparence, et le respect des droits fondamentaux.

Il est temps de rappeler que résister n’est pas refuser la paix. Résister, c’est oser s’opposer sans être un ennemi. C’est croire que l’amour de la patrie oblige à parler lorsque le silence devient complice de dérives. C’est aussi défendre la démocratie sans tomber dans la démagogie, ni l’anarchie.

Le Mali mérite mieux que la peur du débat

À ceux qui envisageraient d’effacer le pluralisme pour instaurer une forme de gouvernance univoque, il faut dire ceci : le Mali mérite mieux. Il mérite une classe politique renouvelée, mais non supprimée. Il mérite une transition sincère, mais non figée dans l’illusion du consensus imposé. Il mérite un avenir construit sur la diversité des opinions, pas sur leur négation.

Ceux qui aiment vraiment ce pays — civils, militaires, religieux, jeunes ou anciens — doivent se retrouver autour d’un pacte démocratique clair : le pouvoir doit écouter, le citoyen doit participer, et les partis doivent évoluer mais jamais disparaître.

Le chemin vers la refondation est possible, mais il ne se fera ni dans l’exclusion, ni dans la peur, ni dans la confiscation du droit de penser autrement. Toute autre voie serait non pas un progrès, mais une régression dangereuse.

 

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Fatoumata Bintou Y

 

Source: Bamada.net

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