Dans l’entretien qu’il a voulu nous accordé, le président du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne (CSDM), M. Mohamed Chérif Haïdara, est revenu sur les grandes reformes au sein du CSDM. Les différentes actions en cours, les difficultés auxquelles la diaspora est confrontée, l’appui du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne(CSDM), pour soutenir la transition et surtout la question de l’insécurité dans le pays. Car selon lui, c’est bien le CSDM qui a été le premier à proposer, un vice-président militaire.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Mohamed Cherif Haïdara : Je suis Mohamed Cherif Haïdara, Président du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne(CSDM)
Vous avez été réélu à la tête du CSDM pour un mandat de 5 ans. Ce nouveau mandat est placé sous quel signe ?
Mohamed Cherif Haïdara : C’est un signe de développement, de réalisation de projets identifiés pour contribuer, permettre à un malien de partir ou de rester chez soi. Parce que, partir ou rester est un choix. Nous sommes un pays d’une forte immigration, Il se trouve que l’immigration au Mali est parmi les plus dynamiques, en terme d’adaptation au pays, rien que l’année dernière, on a fait mille milliards d’envois. Malheureusement, 80% de ces avoirs vont dans la famille, il n’y a que 20% qui se sont consacrés au développement. Autrement dit, si nous ne créons pas des industries, de l’emploi, si la diaspora ne créée pas des industries pour employer des maliens, ils finiront toujours par partir. L’Europe est très inquiète par rapport aux immigrés, qui arrivent sur leurs sols. Mais la réalité est la suivante, même si, ils électrifient la mer, si on ne trouve pas de solution ensemble, industrialiser le Mali, ils atteindront les côtes Européennes.
Vous aviez annoncé lors des assises tenues au CICB plusieurs grands chantiers en cours. Quelles sont aujourd’hui vos perspectives ?
Mohamed Cherif Haïdara : C’est en trois catégories, ceux qui ont de l’argent qui veulent investir, comment les aider à investir dans les secteurs de leurs choix ? Deuxièmement, d’autres mêmes qui veulent envoyer de l’argent, qui n’arrivent pas à le faire. Et, ceux qui sont en Libye, donc nous avons un partenariat, qu’on a signé le 22, lors de notre Assemblée Générale avec Sama. Sama est une compagnie de transfert d’argent, qui fait comme Orange-Mali. Sama sera opérationnelle cette année, en tout cas, d’ici juin, dans quatre pays. Ce serait la France, la Côte-d’Ivoire, le Burundi pour montrer le dynamisme de Sama. A travers Sama, la diaspora pourrait non seulement envoyer de l’argent, là où le transfert n’est pas facile, mais aussi…
Ces derniers temps ont été une période de dur labeur, pour le pays,presque dans tous les secteurs. Pouvez-vous nous citer les difficultésauxquelles le CSDM a été confronté ?
Mohamed Cherif Haïdara : Depuis notre création, deux points de bataille ont été, la carte Nina et la participation de la diaspora au sein de l’Assemblée Nationale. Nous avons participé au Dialogue National Inclusif. Et, ça a été l’une des résolutions, qu’on va avoir des députés avant 2020, on est, en 2021, mais il y a eu d’autres circonstances, qui n’ont pas permis de le réaliser. Nous avons, un CNT, et au sein duquel le CSDM est représenté, la diaspora a ses membres au sein du CNT. Et, la question de la carte Nina, c’est une question difficile à aborder, parce que pour être malien, il faut être muni de documents maliens. Ce que je vais révéler à ton journal, c’est que, c’était une volonté politique du Gouvernement d’alors, il vous souviendra que nous nous sommes tous levés ici, pour dénoncer l’accord de réadmission, qui avait été signé par les pays ACP, la plupart en tout cas, le Niger en a signé, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, beaucoup de pays ont signé, cet accord pour obtenir l’argent de l’union européenne. Vous-savez, depuis, 2005, l’Europe payait l’argent à la Libye, plus de cinq milliards de FCFA par an, pour empêcher les immigrés d’arriver sur leurs côtes. Bon, ceux qui nous disent, ce n’est pas réellement ce qui se fait derrière les bureaux fermés. Et, comme, nous avons refusé l’accord de réadmission, le président IBK a dit, à côté de Hollande, lors du sommet Afrique-France, on n’a pas signé, on ne va pas signer. Mais il y avait des accords. Ces accords étaient quoi, vous n’avez pas signé mais ils ne peuvent pas se permettre de renvoyer des maliens. Donc, ils ont été liés pour plaire, pour satisfaire les partenaires européens, ils lient l’obtention du passeport à la carte Nina. C’est, très subtil et intelligent, parce que, ceux qui étaient là-bas avec leurs cartes de séjour, enrôlées ou pas, ils avaient leurs passeports. Et donc, une fois que les cartes postes finies, vous avez votre carte de séjour, si ce n’est pas, la préfecture on ne renouvelle pas votre carte de séjour. Et, vous allez pour votre passeport, on vous dit, il faut une carte Nina. Et, il se trouve que, l’Etat a fait des erreurs sur le recensement ou plus grave vous ne pouvez même pas vous enrôler, là où vous-êtes. Du coup, vous perdez votre carte séjour, votre travail, beaucoup de familles ont détruites à cause de ça, soit des cartes Nina, mais on a trouvé que c’était fait express, parce çà à commencer en aout 2016.L’accord de Baquet a eu lieu en 2015, donc, cela a été constaté, nous nous sommes battus, pour que chacun puisse obtenir, recenser les maliens, ceux qui ne veulent, ils veulent savoir combien sont les maliens de l’extérieur, ils ont peur de l’électorat des maliens de la diaspora, on est plus de six millions, il n ya pas de recensement. Mais un pays sérieux ne pas s’assoir et dire que je ne connais pas combien de personnes de mon pays. Ils n’ont pas voulu faire le recensement, parce que, ils ne veulent pas le savoir. Donc, Cela, s’ajoute à l’accessibilité facile de notre carte d’identité nationale, c’est un carton, il n’y a aucun élément de sécurité, n’importe qui, peut l’imprimer. On a même trouvé un jeune gambien en Allemagne, qui fait les cartes d’identités maliennes, on est n’est pas dans un Etat sérieux, vous comprenez. Donc, du coup, tout le monde, les terroristes, les bandits, tout le monde a la carte d’identité malienne. Donc, pour formaliser et respecter les accords, qu’ils ont promis, les promesses de l’union européenne, les promesses de l’union européenne, les cartes Nina sont imprimées en France. Comment est-ce que, un pays sérieux peut permettre, d’imprimer l’expression de la souveraineté Malienne même en dehors de son pays ? Mais c’est le monde à l’envers mais il fallait le faire, pour plaire aux européens, donc on a recensé des personnes ceux qui sont partis, pour obtenir, quel que soit, ce que les européens font, ils sont très cohérents, ils très rationnels, ils sont beaucoup plus proches de la justice que nous. Donc, si vous respectez les critères, vous obtenez vos droits, donc si la personne démunie son âge, on lui donne un séjour temporaire. Donc, beaucoup ont diminué leurs âges, beaucoup de Coulibaly, donc la plupart se sont enrôlés. Donc, quand il demande à faire des passeports, qui correspondent aux documents qu’ils ont donné selon les informations que, eux-mêmes ils ont donné, c’est contraire à ce qui se trouve dans la base de données. Donc, du coup, la personne n’arrive à obtenir son passeport pour renouveler sa carte de séjour. Donc, nous avons demandé depuis ce temps, d’écraser les données qui sont dans les serveurs. Parce que, l’Etat a failli qu’ils sont partis, s’ils pouvaient avoir de l’empois, ils resteront. Donc, il faut faire la part des choses, il n’y a pas de Français qui demande à employer, des Américains qui cherchent à travailler, tu trouveras moins d’Ivoiriens ici, ils ont du travail chez eux là-bas, tu n’as pas de Rwandais ici. Donc, il faut faire la part des choses. Donc, le CSDM adit, du moment où l’Etat a accepté, de violer la constitution pour proroger le mandat des députés, alors Gouvernement a violé la constitution, alors pourquoi pas, violer la même constitution pour donner aux maliens les noms qu’ils ont dans les serveurs, les noms qu’ils donnent à la préfecture. Donc, c’est cette bataille que, le CSDM a mené, on s’en félicite. Le Gouvernement de Moctar Ouane, a pris conscience, que ce n’est pas du manque du respect des institutions mais le plutôt le respect des maliens de ses droits. Et, les autres pays font la même chose, ce n’est pas pour rien, 60% de sénégalais en Italie, ils sont tous de Casamance mais c’e sont nos parents qui vont devant les ambassades qui font beaucoup de bruits et çà, çà ne règle pas le problème. Et, nos ambassades travaillent bien, tu as plus de six mille cartes à l’ambassade de Paris, qu’on n’a pas été retiré. C’est parce que, ils veulent cette carte-là, et ils ont raison, cette carte Nina, ce n’est pas celle que je vais présenter à la préfecture pour renouveler ma carte de séjour. Donc, cette décision courageuse a été prise, donc, une loi, une dérogation sera votée à l’Assemblée Nationale, j’ai vu moi-même la loi. Et, cela, dès les semaines qui suivront, tous ces maliens qui sont dans cette situation, pourront, avoir la carte Nina qui corresponde aux informations qu’ils ont données et désormais, la carte Nina serait imprimée ici au Mali, elle ne serait plus imprimée en dehors du Mali. Donc, je peux dire pendant les dernières années de ma mandature, on a pu obtenir çà, donc, c’est une grande victoire. La carte Nina est réglée maintenant ce qui reste, pour nous c’est le recensement. Parce que, actuellement, ils veulent nous faire un enrôlement sans recensement. On a participé à la commission de la révision d’une loi électorale, et nous avons fait des propositions pour avoir une collectivité de la diaspora, pour nous permettre d’avoir des députés, que des problèmes soient prises en compte, d’une façonefficiente et efficace, nous voudrions, un conseiller du Président, un ministre conseiller, chargé de l’immigration un ministre conseiller auprès du Premier ministre, et certains ministères sectoriels, qu’il ait des conseillers issus de l’immigration, nous voulons également dans nos pays d’accueil, qu’on ait des conseillers consulaires. Parce que, la vérité, e sont les maliens font le travail de consul, quand, il y a problème, on appelle le Président du CSDM pour nous aider.
A propos de la transition, avez-vous déjà entrepris des initiatives dans le but de soutenir lesautorités de la transition ?
Mohamed Cherif Haïdara : Le CSDM a été la première association, qui a proposé les cinq points, qui ont fait l’objet de discussions, entre le Gouvernement de IBK-Boubou Cissé et M5-RFP.M5-RFP-diaspora, toutes les réunions se tenaient chez nous, en France, aux Etats-Unis, à Abidjan et à ailleurs. On assume notre position de société civile, on est une société civile de veille. Le CSDM, a été le premier à proposer, un vice-président militaire, c’est nous qui avons défendu cette thèse. C’est nous qui avons dit à la CEDEAO de nous éviter un tripatouillage institutionnel ou des arrangements constitutionnels, ils le font, il aura un coup d’Etat. Et, quand, il y a le coup d’Etat, je les ai vu, il ya deux semaines de ça, je leur dis, je vous ai dit ça. On a eu maintenant un coup d’Etat et vous voulez nous amener vers des élections sans un recensement, vous voulez amener des élections sans le M5-RFP, qui ont fait ce combat, qui est le M5-RFP, à être ensemble dans une conférence de refondation. Donc, tant que, ils ne sont pris en compte, le Mali refondé ne verra pas le jour. Simplement, parce qu’on ne pourra pas changer la constitution si on a pas la raison de tout le monde. Nous avons participé, à aider, à soutenir le CNSP. Le jour de la clôture, c’est grâce au CSDM, qu’on n’a pas eu la honte nationale. C’est moi, qui ai contacté le CNSP, pour leur dire, qu’il faut inclure au préambule des recommandations du M5-RFP.Donc, le CSDM a joué un grand rôle, tout long et nous soutenons, le Gouvernement de Bâh N’Daw, de Assimi et de Moctar Ouane, c’est une obligation de le faire, parce que nous voulons un Mali nouveau. On ne peut pas être d’accord mais ce dont, le CSDM n’acceptera, qu’on ne soit d’accord dans nos désaccords pour faire avancer le Mali. Tout le monde ne peut pas être satisfait mais tout le monde est conscient qu’il nous faut un Mali. Et, pour ce Mali nouveau, il nous faut le changement de conception, le changement de comportement, pour qu’ait un changement dans la façon de faire, c’est ce qui changera le Mali. Le CNT est en place, nous avons un représentant Et, notre accompagnement ne fera défaut au CNSP qui est dissout maintenant, mais au Gouvernement de BâhN’Daw, de AssimiGoïta et de Moctar Ouane et l’ensemble de ceux qui ont participé au changement.
Autre sujet préoccupant, c’est bien sûr, l’insécurité. Selon vous, quelles sont les propositions de sortie de crise ?
Mohamed Cherif Haïdara : La réalité, c’est que l’insécurité et une conséquence de plusieurs facteurs. Et, les conséquences du manque de prise de conscience et de responsabilité pour prendre des décisions courageuses de nos politiciens. Ce n’est pas la faute à un pays, si notre armée insuffisante, ce n’est pas la faute à notre pays si notre armée est sous-équipée, ce n’est pas la faute à notre pays nous, si notre budget voté a été détourné, ce n’est pas la faute à nos partenaires. C’est notre faute à nous, il faut se remettre en cause. L’insécurité a atteint un niveau ou aujourd’hui, il faut mitiger les efforts, le G5 Sahel, a été mis en place mais qui n’a pas un budget conséquent se demander, est-ce que, l’insécurité n’arrange pas l’autre ? Parce que, si aujourd’hui, on est en sécurité, il n’y a aucune raison, plus de dix mille soldats, plus de deux douze mille soldats, trente-deux nationalités. Aujourd’hui, il y a de l’espoir, pour la première fois, la CMA et la plateforme, ont participé dans un Gouvernement. Et, le CSDM également a joué un rôle dans ces négociations. Donc, aujourd’hui, nous pensons que, la CMA, la plateforme on peut aller vers les négociations. Et, je vais vous faire une révélation, en 2O17, j’étais le seul, le premier et le seul à dire, qu’il faut négocier avec Iyad et Kouffa, on a failli me lyncher dans la salle. Donc, aujourd’hui, c’est devenu énorme, donc cette question sera débattue au Tchad, au sommet de G5, il faut une négociation une fonction commune de G5. Donc, ces trois pays frontières sont en train, de mutualiser leurs efforts. Et, la négociation est la seule issue, pour le CSDM, aujourd’hui, je pense que la possibilité de négocier, c’est d’observer une treve.ET, on se met autour de la table, pour demande à nos frères que vous-voulez-vous d’un Mali de demain ? Quel est pour vous, un Mali auquel vous vous reconnaitrez ? Nous voulons un Mali, au sein duquel on n’a pas besoin de prendre d’armes pour se faire entendre, vous signez un accord au sein duquel, on vous accepte en tant que maliens. On veut un Mali, au sein duquel, on est un Mali tout court. Donc, à titre, nous nous disons que l’espoir est permis, le dialogue avec nos frères islamistes ou djihadistes, c’est une chose déjà actée, notre partenaire de la France depuis la conférence de Pau, a été clairement dit que ce n’est plus un problème. Et, quand TièbiléDramé, a démenti ce qu’avait dit Dioncounda Traoré, j’étais le seul, dans la salle à prendre le micro, pour dire de ne pas l’écouter. Je dis, il faut négocier avec eux. Donc, on va négocier, selon la volonté exprimée dans la résolution du dialogue inclusif national. Donc, maintenant quelles les personnes ressources ? Ça doit commencer quand ? Quels seront les TDR, les cadres ? Mais la question de Iyad et de Kouffa ne pose pas et on est prêt, nous, à apporter notre contribution dans ce dialogue.
Votre dernier mot ?
Mohamed Chérif Haïdara : Mon mot de fin, ce serait d’organiser très rapidement une conférence de refondation du Mali, refondation nationale, le M5-RFP et tous ceux qui se sont battus pour qu’il ait le changement viennent, ils ont des projets pour le Mali, c’est pour quoi, ils ont battu le pavé. Ils ont obtenu, le départ de IBK, qu’ils viennent avec les gens, nous qui sommes là aujourd’hui, on se trouve encore, on se parle entre maliens et qu’on se dise, voilà, ce que nous voulons du Mali. Un plan Marchal de trente, et dans ce plan Marchal, on pourra parler, de troupes étrangères, de recrutement de l’armée et parler de la réconciliation nationale.
Propos recueillis, par B. Haïdara
Source: Journal L’Enquêteur- Mali