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Mohamed Aly Bathily au sujet de la libération de Houka Houka et autres : « Nous différons la punition dans l’intérêt de l’Etat »

Le jeudi dernier, 39 organisations des défenseurs des droits humains avaient organisé une marche pacifique pour manifester leur indignation contre l’impunité, la libération extrajudiciaire des personnes présumées coupables des exactions commises au nord pendant la rébellion. Le ministre de la justice Mohamed Aly Bathily, en recevant une copie du mémorandum des défenseurs des droits humains, à la devanture de son département, a abordé bien de procédures judicaires. Selon lui, il n’y aura pas d’impunité au Mali. « Nous différons la punition dans l’intérêt de l’Etat », a-t-il précisé.

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Dans ce mémorandum, les défenseurs des droits humains ont exprimé leur inquiétude face à la libération progressive et  extrajudiciaire des personnes présumées coupables des crimes commis dans le nord de notre pays. Il s’agit notamment de la libération de 42 éléments des groupes armés  intervenue le 15 juillet à la veille des pourparlers ainsi que la libération de Houka Houka, ancien juge islamiste de Tombouctou, et de Yoro Ould Dah, membre du Mujao. Selon les défenseurs des droits humains, ces libérations extrajudiciaires s’effectuent sur fond d’impunité et au détriment des victimes au nom de la paix.

 

En répondant la foultitude des manifestants, le Ministre de la justice et des droits de l’homme, Mohamed Aly Bathily, a fait savoir qu’il est favorable à l’arrestation des coupables pour qu’ils soient jugés. Selon lui, les accords préliminaires de Ouaga, dans leur application, ne commandent de ne même pas faire cadeau aux auteurs des crimes ignobles. « Nous le savons, vous dites Etat de droit, cela suppose qu’il faut imaginer la corrélation entre l’Etat et le droit. Le droit est plus facile d’accès, parfois l’Etat pose trop de problèmes et de difficultés», a-t-il souligné. Partant, il a expliqué que l’Etat du Mali a reçu sur son territoire les armes les plus sophistiquées, amenées par des rébellions formées à l’internationale terroriste sur toutes les armes modernes possibles qui ont  pu, à un moment, nous faire douter de notre existence.

 

 

S’agissant des points qui sont en négociation à Alger, indiquera t-il, c’est  le retour de la force de l’Etat, la constitution et la refondation de l’Etat. A l’en croire, cette étape comporte des exigences incompatibles avec les délais et les exigences judiciaires. « Nul n’ignore que l’Etat du Mali cherche à reconstituer sa force mais il a été atteint par une faiblesse jamais égalée », a-t-il affirmé. Pour la reconstituer, cela nécessite des sacrifices. « Si nous devons faire quelques sacrifices au nom des principes que nous avons, nous allons faire ce sacrifice et faire en sorte que demain les principes puissent s’appliquer », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que le Mali a confié à la cour pénale internationale,  par un protocole signé,  la poursuite de tous les crimes qui se sont passés sur notre territoire pendant la période que nous vivons. La cour pénale est plus outillée que le Mali  et a plus de moyens que le Mali. Et vous savez que la cour n’a même pas encore désigné une seule personne coupable. Parlant du cas précis de Houka Houka, ancien juge islamiste de Tombouctou, il a expliqué qu’il a été arrêté le 17 janvier. Et qu’il n’était pas entre les mains du gouvernement jusqu’au mois d’Aout. « Si Houka Houka a fait ce qu’il a fait, mais il sait aussi des choses sur les crimes du nord. Et on avait aussi voulu le manipuler pour qu’il aille du côté du Mnla », a indiqué M. Bathily.

 

 

Ainsi, il a précisé que  ceux qui l’avaient détenu, se sont débarrassés de lui à Bamako à un moment où les tribunaux de Gao et de Tombouctou fonctionnaient normalement. Pourquoi il n’a pas été amené au nom du principe de territorialité de juridiction ?s’interroge M.Bathily.  A ses dires, parce qu’on allait à Alger. Et il ne fallait pas qu’il parle avant qu’on aille à Alger. « Et nous avons dit que les intérêts du Mali passent avant vos calculs, Messieurs»,  a-t-il répondu à ses interlocuteurs. Toujours, selon le Ministre, quand il a été amené, certains amis  au nom desquels il avait été arrêté, bousculés par le fait qu’on l’a libéré, ont couru pour nous dire, Messieurs le Ministre, il faut que vous nous sauviez. «Je leur ai dit, vous l’avez gardé pendant tout ce temps, vous ne m’avez pas demandé mon avis. Et maintenant qu’on va à Alger, ils disent qu’ils  l’ont mis en sécurité, non c’est lui qui vous met en insécurité par rapport aux négociations à Alger. Il est en train de nous dire des choses qui nous intéressent. L’Etat, c’est aussi cela. Parfois, sauver son intérêt, son pays »  a t-il déclaré. Et d’ajouter qu’il n’y aura pas d’impunité, car estime-t-il, les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles. « Donc, nous ne disons pas qu’il y a l’impunité, nous différons la punition.

 

Nous différons la punition dans l’intérêt de l’Etat » a-t-il martelé. Il a rappelé que sous d’autres cieux, des gens sont toujours en train d’être jugés pour des  crimes de guerre commis entre 1944-1945, parce qu’on n’a pas exigé qu’ils soient jugés  tout de suite. On a attendu tout le temps qu’il faut, mais on a fini par les juger. Le Mali n’échappera pas à cette règle. Ce qui s’est passé au nord est trop profond pour que tout le dossier soit vidé tout de suite. « Si nous échouons, vous allez les juger. C’est cela l’histoire » a-t-il conclu.

 

Boubacar SIDIBE

 

SOURCE: Le Prétoire  du   15 sept 2014.
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