Suite de l’audience de confirmation des charges du Malien Mohamed al-Hassan devant la Cour pénale internationale. Cet ancien commissaire de la police islamique de Tombouctou est poursuivi pour des crimes commis en 2012-2013.
Ce jeudi, l’accusation a clos sa présentation, avec notamment l’intervention des représentants de victimes. Me Mayombo Kassongo a cité plusieurs témoignages de femmes mariées de force à des jihadistes. Des femmes qui racontent avoir été battues, violées, emprisonnées pour certaines.
Pour Me Kassongo, il est nécessaire d’ouvrir un procès pour apaiser les souffrances des 882 victimes représentées dans cette affaire. « Ces victimes attendent que le sentiment de justice remplace le sentiment d’impunité », a conclu cet avocat.
C’est ensuite la défense qui a pris la parole, pour prendre le contre-pied du portrait dressé en début de semaine par la procureure. Pour cette audience, Mohamed al-Hassan a troqué sa longue djellaba blanche pour un costume bleu marine : ses avocats tentent de le présenter comme un simple civil. Il n’est pas « radical » (…) c’est à l’origine un « pharmacien vétérinaire », qui faisait partie d’un mouvement prônant la cause oubliée du peuple Touareg, expliquent ses conseils.
« Ni radical, ni mysogyne » mais « pharmacien »
La défense reproche au procureur d’occulter certaines parties de son témoignage. Exemple avec les interrogatoires de suspects menés par son unité : al-Hassan assure qu’il n’était pas impliqué dans la torture, « cela ne faisait pas partie de ses fonctions », explique la défense.
Selon la défense, il y a peu de preuves montrant l’implication directe d’al-Hassan dans les crimes allégués de guerre. Me Marie-Hélène Proulx revient sur les 300 cas de violences relevés par l’accusation. « Le procureur admet qu’il ne peut pas exclure la possibilité de double, en raison du fait qu’une partie des victimes sont restées anonymes et étant donnée la multiciplicité des sources. Combien de doublons sont comptés dans ces 300 actes de violence allégués ? Impossible de le savoir. Messieurs et madame les juges, ces quelques exemples doivent vous alerter sur le fait que vous ne pouvez pas faire entièrement confiance à ce que vous a dit le bureau du procureur », plaide l’avocate.
Pas de preuve, enfin, sur le fait qu’il ait fait allégeance à Ansar Dine.
« Monsieur al-Hassan n’est ni un radical, ni un misogyne, ni par ailleurs un jihadiste, affirme Me Marie-Hélène Proulx. […] Si Monsieur al-Hassan avait été le bourreau dont parle le bureau du procureur, est-ce que la population aurait continué à l’apprécier ? En résumé, nous vous demandons aujourd’hui de lui laisser le bénéfice du doute, la présomption d’innocence à laquelle il a droit. »
L’audience a été ajournée à la mi-journée et devrait reprendre mercredi prochain.
RFI