Initiée les partis politiques, la mobilisation générale pour sauver la liberté et la démocratie avait été autorisée et devait se tenir dans les locaux du Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ de Badalabougou (Bamako). Mais, ce meeting qui devrait se tenir dans le plus grand respect, a été perturbé par des individus qui se disent qui se disent «défenseurs de la transition».
Malgré le déploiement d’un important dispositif sécuritaire au Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ et à la Maison de la presse, les militants ont massivement répondu à l’appel de leurs leaders
Menés par un membre du Conseil national de transition (CNT), Des agitateurs avaient déjà investi les locaux du palais dès la veille (dans la soirée) en proférant des menaces sur les réseaux sociaux à l’encontre des partis politiques. Ces actes de sabotage n’ont toutefois pas eu raison sur la détermination des acteurs politiques et militants de la démocratie qui ont manifesté devant le Palais de la culture. Les organisateurs parlent d’au 10 000 manifestants.
Prévu samedi dernier (3 mai 2025, à partir de 14h TU) au palais de la culture Amadou Hampâté Bah de Bamako, le grand meeting des partis politiques n’a pas pu se tenir à cause des échauffourées avec une coalition spontanée de jeunes qui se disent «défenseurs de la transition». Les forces de l’ordre ont finalement empêché la tenue du meeting en dispersant les protagonistes qui se sont affrontés avec des banderoles.
«Vive la démocratie, à bas la dictature !», pouvait-on lire du côté des partis politiques. «À bas les partis politiques», ont réagi les partisans des autorités de la transition. Hier, ces jeunes ont déclaré sur les réseaux sociaux qu’ils feront tout pour empêcher la tenue du meeting des partis politiques. Et ils ont tenu leur promesse. «Ce sont plutôt les forces de sécurité qui ont empêché le meeting. Sinon, vous êtes témoins, ils ne font pas le poids en termes de mobilisation», a réagi un jeune leader politique.
Selon plusieurs militants politiques interrogés sur place, «ce sont les policiers qui nous ont fait sortir de la salle avant de fermer les portes». D’autres accusent les forces de sécurité d’avoir «déployé quelques éléments en tenue civile pour perturber le meeting et profiter pour mettre les gens dehors». C’est un impressionnant dispositif sécuritaire qui a été déployé sur place. Il fallait franchir au moins quatre cordons de sécurité avant de rejoindre les manifestants rassemblés devant le palais pour «exiger le respect des lois de la République».
Les acteurs politiques estiment que la liberté d’expression garantie par la Constitution et les lois de la République n’a pas été respectée. Ils ont tout de même appelé les militants à ne pas céder à la provocation car, selon eux, le Mali n’a pas besoin de violence. «Nous avons tenu à appeler le peuple malien pour l’informer par rapport à ce qui se passe. Nous sommes tous protégés par ces lois de la République et chaque fois qu’on porte atteinte à ces lois, on fragilise le pays, on fragilise les institutions et on met en danger le peuple», a martelé le Secrétaire général de l’Adema-Pasj, M. Yaya Sangaré. «Si d’autres Maliens estiment que nous n’avons pas le droit d’exprimer ces opinions et que le gouvernement n’agit pas, le peuple malien doit apprécier», a ajouté l’ancien ministre et ex-député. «Nous demandons également aux militants de rester mobilisés, vigilants, sereins, imperturbables… En alerte», a conclu M. Sangaré.
«Ce n’est pas une question d’être Pour ou Contre la transition…»
«On nous a empêché de tenir notre meeting. Mais, nous avons aujourd’hui l’intime conviction que la peur a changé de camp. La mobilisation a été de taille parce que le peuple est déterminé à s’exprimer», s’est réjoui notre jeune leader politique. «Une grande victoire pour la démocratie. Les gens ont répondu à notre appel malgré les intimidations», s’est aussi félicité Amadou Koïta, ancien ministre et président du parti PS Yeleen Kura. Il a pris à témoin le peuple malien par rapport aux évènements devant le palais de la culture avant d’appeler les jeunes des partis politiques à rentrer chez eux sans «céder à la provocation».
«Ce n’est ni une question politique ni de parti politique. Ce n’est pas une question d’être Pour ou Contre la transition, encore moins contre ceux qui l’animent aujourd’hui. C’est une question de liberté, de responsabilité citoyenne et d’engagement pour prévenir des dérives qui pourraient sans aucun doute conduire ce pays vers un avenir incertain. C’est un engagement pour la liberté, pour la démocratie et la stabilité… Sauvons le peu qui reste de notre jeune démocratie», a réagi sur les réseaux sociaux Adam Dicko, un jeune leader de la société civile malienne. Et pour Aïssata Ly (activiste sur X), «la démocratie n’est pas une affaire d’hommes ou de femmes politiques, mais celle de droits durement acquis et de liberté. Ils (les politiciens) ne sont pas parfaits, mais nous avons le devoir, pour les générations futures, de les améliorer et ne jamais les troquer contre l’arbitraire et l’oppression du fort sur le faible».
La décision d’organiser ce meeting a été prise par plusieurs dizaines de partis politiques du Mali à l’issue d’une réunion qui a eu lieu le 1er mai 2025 à Bamako. Il devait être marqué par la lecture d’une Déclaration pour rejeter les conclusions et recommandations des concertations qui ont demandé la dissolution des partis politiques et d’installer le Général d’Armée Assimi Goïta à la tête de l’Etat pour 5 ans renouvelables. Au cours de ce meeting, les partis prévoyaient de demander la fin de la transition avant fin 2025, d’entamer des procédures judiciaires contre les fonctionnaires (sous préfets, préfets et gouverneurs) ayant contribué à la violation de la constitution et de la loi par l’organisations des consultations sur la relecture de la charte des partis politiques.
Il faut rappeler que la session ordinaire du conseil des ministres a adopté mercredi dernier (30 avril) un projet de loi portant abrogation de la loi N°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques et de la loi N°2015-007 du 4 mars 2015 portant statut de l’opposition politique. Ce qui a conforté la rumeur sur l’intention des autorités de la transition de dissoudre les partis politiques et de prolonger la transition qui est en train de se transformer en serpent de mer.
Ce qu’on retient, c’est que les partis politiques sont déterminés à vendre chère leur peau. Et la classe politique a encore une capacité de mobilisation incontestée. En effet, malgré les intimidations, menaces, sabotages et impressionnante mobilisation des forces des sécurités, les militants ont massivement répondu à l’appel des leaders. Comme l’a si bien commenté un activiste de la démocratie, «aujourd’hui à Bamako, ils n’ont pas eu peur de se compter dans la rue. Ils n’ont pas eu besoin d’images détournées ou générée par IA (Intelligence artificielle) pour gonfler le nombre de manifestants contre la dictature militaire». Mais, force doit rester au dialogue dans l’intérêt de la nation. Il faut que cela soit compris des deux côtés.
Hamady Tamba
Source: Le Matin