La sous-secrétaire générale des Nations unies aux Affaires humanitaires, Mme Ursula Mueller, qui séjournait dans notre pays, a animé une conférence de presse, vendredi dernier à l’hôtel Onomo pour faire le point des préoccupations humanitaires et des difficultés rencontrées par notre pays dans ce domaine. Elle était accompagnée pour la circonstance du représentant du ministère de la Solidarité et de l’Action humanitaire, Dr Alidou Sidibé.
La sous-secrétaire générale des Nations unies aux Affaires humanitaires qui avait préalablement effectué une visite de terrain, à Mopti et Bankass, a exprimé sa vision de la situation. Dans ces propos liminaires, elle a rappelé les urgences à gérer pour notre pays, notamment l’insécurité alimentaire, le retour de la paix et la sécurité. Ces besoins sont pressants pour les communautés affectées, a souligné Mme Ursula Mueller, précisant que le nombre de personnes déplacées au Mali a fortement augmenté depuis le début de l’année pour atteindre un peu plus de 75.000 personnes en fin juillet. A en croire la responsable onusienne, la situation humanitaire à Mopti illustre bien cette tendance.
« Au Mali comme dans de nombreux pays du Sahel, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sont des besoins importants dans le contexte de la crise agro-pastorale régionale», a expliqué Mme Ursula Mueller, avant d’ajouter que les communautés affectées ont, dans la plupart des cas, épuisé leurs réserves alimentaires plutôt que d’habitude, et sans assistance suffisante dans une situation de vulnérabilité grave.
En sus, la conférencière a indiqué que cette année, 4,6 millions de personnes souffrent de l’insécurité alimentaire parmi lesquelles plus de 930.000 vivent dans une insécurité alimentaire sévère. «Ils sont dans le besoin d’aide humanitaire durant la période de soudure, notamment de mai à août», a-t-elle précisé. Elle a aussi souligné que le nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire sévère est de 55% supérieur à celui de 2017.
Parlant du cas des enfants, Mme Ursula Mueller a affirmé que leur état nutritionnel restait une inquiétude humanitaire majeure. Le nombre d’enfants victimes de la malnutrition sévère, selon elle, a presque doublé. Ainsi, de 142.000 concernés par le phénomène en 2017, on est passé à un peu plus de 274.000 enfants victimes de malnutrition sévère cette année. Face à ce triste tableau, les partenaires humanitaires ont appuyé le gouvernement. Mme Ursula Mueller a relevé que des centaines de milliers de personnes ont bénéficié de l’assistance humanitaire depuis le début de l’année malgré les défis liés à l’accès aux populations et aux ressources financières limitées.
Pour la responsable des Nations unies, dans certaines parties du pays, l’insécurité et la criminalité freinent l’assistance des acteurs humanitaires. Par conséquent, l’accès des humanitaires aux populations affectées, d’une part, et des populations aux services sociaux de base, d’autre part, est compromis, a fait savoir Mme Ursula Mueller. Elle a salué le courage et l’engagement des travailleurs humanitaires qui comptent sur le respect des principes humanitaires et l’acceptation par les communautés pour accéder aux populations nécessiteuses.
En outre, la conférencière a signalé que le niveau de financement du plan de réponse humanitaire pour le Mali suit une tendance décroissante, depuis quelques années, alors que le nombre de personnes dans le besoin augmente.
Cette année, la somme mobilisée par les partenaires humanitaires est chiffrée à 106 millions de dollars, soit environ 32% des 330 millions de dollars recherchés pour aider 2,9 millions de personnes ciblées. Toutefois, Mme Ursula Mueller a invité la communauté internationale à plus de solidarité avec les communautés affectées dans notre pays.
Selon elle, des ressources additionnelles immédiates sont nécessaires pour fournir l’assistance à tous ceux qui sont dans le besoin. « Sans financement suffisant, la crise ne fera que s’aggraver et deviendra encore plus difficile à juguler», a-t-elle averti.
Néanmoins, la conférencière s’est réjouie des initiatives du gouvernement, des acteurs du développement et humanitaires qui visent à faire en sorte que les contributions ne se limitent pas à la gestion des seules urgences. «Ceci est essentiel pour que notre travail, en tant que humanitaire, contribue à rendre les communautés plus résilientes mais aussi pour mieux résister aux crises futures», a-t-elle conclu.
Mohamed D. DIAWARA
L’Essor