La Présidente de l’Association ADA, Mme Fatoumata Sangho, appelle à accorder un minimum de confiance aux leaders du CNSP dans leur volonté apparente d’œuvrer à nous offrir un nouveau Mali.
Ceux qui prônent une transition la plus courte possible – suivant les souhaits de la France, de la communauté internationale, de la CEDEAO… sont-ils d’accord que des élections présidentielles soient organisées dans ce bref laps de temps également ? Sérieux ?
Je ne comprends pas pourquoi les gens ne veulent pas regarder uniquement l’intérêt du Mali et des Maliens ? Pourquoi, a priori, ils préfèrent se méfier du CNSP et de tous ces civils qui seront adjoints aux militaires pour gérer la transition ? Pourquoi voulez-vous occulter l’exception malienne et ignorer la spécificité positive de l’intervention du CNSP du 18 août 2020 ainsi que celle de la démission du Président IBK ?
Mêmes causes … mêmes effets
En gros, vous vous battez pour que les mêmes politiciens qui ont organisé les élections passées (présidentielle et législatives) viennent organiser celles à venir qui constituent la clé de voûte de la pertinence de l’action du CNSP le 18 août pendant que celles passées ont mis le pays dans un chaos inédit ? Réalisez-vous que les mêmes causes produisent les mêmes effets et que vous voulez rééditer le scénario de ces 2 élections qui ont précipité notre pays dans le gouffre d’une profonde crise socio-politico-institutionnelle ?
On le sait tous qu’on ne crée pas une nouvelle classe politique en 12 mois et qu’on ne sort pas de l’échiquier politique toute une classe politique aguerrie, chevronnée et à la tâche politique depuis que notre génération n’était peut-être pas née.
Alors si vous ne voulez pas contribuer à un échec total de cette transition, ayez un minimum de confiance aux leaders du CNSP dans leur volonté apparente d’œuvrer à nous offrir un nouveau Mali, ces mêmes leaders sans lesquels aucun d’entre vous ne serait pas en train de parler de nouvelles élections, de nouveau Mali.
Je regarde, j’observe, j’écoute toutes ces personnes, j’ai beau analyser et peser toutes les hypothèses pessimistes, mais je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi comme la France ou la CEDEAO, des Maliens réclament une courte et insignifiante transition de 12 mois par exemple.
Les bonnes questions pour l’intérêt du Mali
Ouvrons les yeux, soyons lucides, soyons pragmatiques et posons-nous les bonnes questions pour le seul et unique intérêt du Mali et des populations maliennes… A qui voulez-vous donner à gérer le pays après les 12 mois de transition ? (la même classe politique !). Pourquoi ? Quelle légitimité auront ces personnes ? En quoi ces personnes ne peuvent pas gérer une transition avec le CNSP jusqu’à la date initialement prévue pour nos prochaines élections présidentielles en 2023 ???
2023 est une date raisonnable à mon humble avis et je l’assume. J’ai davantage confiance au CNSP pour diriger le pays durant cette période et s’entourer des meilleurs choix possibles s’offrant à eux de civils (partis politiques, société civile et technocrates). Leur sens du patriotisme n’est plus à prouver, leurs compétences et expertises ne se limitent pas au domaine militaire car ils ont peut-être même plus de formation et de diplômes que nos hommes politiques actuels…c’est une nouvelle génération très instruite, formée et intellectuelle qui est au fait des problématiques de développement économique, social, politique et sécuritaire de notre pays et très imprégnée des enjeux géopolitiques mondiaux, régionaux et ceux qui se jouent présentement au Mali. Leur manque d’expérience sur le terrain politique se justifie par le fait même qu’ils sont militaires ! Normal et logique donc…mais ces patriotes qui se sont engagés et mis en jeu leurs vies pour les Maliens le 18 août 2020 sont par ce fait plus politiques que vous et moi…
Qui mieux que le CNSP pour gouverner le Mali ?
Aujourd’hui, pour diriger le Mali il faut impérativement la restauration d’une forte autorité de l’Etat et un développement inclusif à tous points de vue : économique, social, politique, culturel, juridico-legal, local et national.
Qui mieux que le CNSP pour incarner ces attributs indispensables aujourd’hui pour gouverner le Mali ?
Sinon avec une courte transition, même après IBK, l’histoire retiendra que la prochaine équipe aura échoué, les contestations populaires surgiront car la vérité est que le peuple malien est plus qu’exaspéré et au fond du gouffre depuis si longtemps. Je préfère ne pas penser à ce scénario et je trouve dommage que beaucoup de Maliens fragilisent déjà la mission du CNSP en donnant écho à une courte transition.
Les Maliens unis sont plus forts que la communauté internationale.
Les Maliens divisés sur cette question, le dernier mot reviendra à la communauté internationale, le CNSP sera obligé d’abdiquer car la pression est énorme. Ayons pitié du Mali ! Regardons le seul intérêt du Mali !
Fatoumata SANGHO
Source : Le Challenger