Le drapeau tricolore ne flotte plus que sur les bases militaires en Afrique. Le président François Hollande s’est raccroché au thème de la sécurité pour mobiliser autour de lui, à Paris, en décembre 2013, des dirigeants africains qui, pour le reste, ont perdu la direction de l’Hexagone. Ce qui n’a rien d’étonnant: après tout, la françafrique est, depuis longtemps, déjà leur AfricaFrance, mais ils se sont bien gardés de nous le dire.
Bonjour la Chine
Sur le plan économique aussi, les leaders africains ont le monde entier dans leur salle d’attente. Le continent dispose de 10% des réserves de pétrole de la planète, alors que son hinterland n’a pas encore été exploré. Ses richesses minières sont également considérables: il détient plus de 80% du platine et du chrome du monde, et plus de 60% du manganèse et du cobalt, si précieux pour les puces des téléphones mobiles. Dernier bastion français dans le secteur minier: l’uranium du Niger, stratégique pour la vente des centrales d’Areva. Dernière position dominante dans les eaux profondes du golfe de Guinée: le pétrole et le gaz du groupe Total.
Paris n’est plus le donneur d’ordres, mais il ne le sait pas encore
D’après le sage et écrivain Ahmadou Hampaté Bâ: «La main qui reçoit est toujours en dessous de la main qui donne». Il se croit encore aimé alors qu’il n’intéresse plus les peuples d’Afrique francophones. L’Afrique a changé sans que son «papa» autoproclamé en soit informé. La France n’est plus le principal partenaire de l’Afrique: elle n’est plus que le cinquième exportateur mondial vers l’Afrique subsaharienne derrière la Chine, l’Inde, les États-Unis et même l’Allemagne.
Certes, cent quarante mille (14.000) Français résident en Afrique, essentiellement dans les pays francophones. Ils se considèrent comme des autochtones et pestent toujours contre les étrangers (autres Occidentaux ou Asiatiques) qui débarquent en France. Du côté invisible et silencieux, vivent en autarcie sur les chantiers plus d’un million de Chinois en Angola.
La France toujours en Centrafrique
Certains dirigeants ont aussi prise sur Paris pour le maintien de ses bases militaires sur leur sol. C’est à partir des deux (02) bases tricolores installées au Gabon, Tchad que François Hollande a pu décider d’engager 1 600 soldats des troupes de marine pour sécuriser la Centrafrique, au bord de la guerre civile avec l’ingérence des voisins.
Après avoir tergiversé au lendemain du coup d’État de mars 2013 qui a vu une coalition hétéroclite, la seleka (alliance en sango), renverser le président François Bozizé, François Hollande a lancé l’opération Sangaris (nom de code qui est celui d’un petit papillon rouge) en attendant une coordination efficace des pays de la région d’Afrique centrale, puis une mission des Nations unies. Là encore, la France opère seule dans son pré carré africain pour une opération militaro- humanitaire, tandis que ses partenaires occidentaux et les nouvelles puissances émergentes (Chine, Inde, Brésil) ne se préoccupent que de développer de nouvelles affaires sur ce gigantesque marché en devenir.
Félix Houphouët-Boigny: l’acteur masqué de la sécession biafraise
Au-delà de ces marques d’affection, l’amitié entre Houphouët et Foccart s’était forgée à travers leur gestion commune, à la fin des années 1960 de la guerre du Biafra. Contrairement à ce que raconte l’histoire officielle, le véritable initiateur du soutien aux sécessionnistes ibos de la région pétrolière du sud du Nigeria fut Félix Houphouët-Boigny.
Effrayé par la puissance montante de cet énorme pays pétrolier, le président ivoirien ne cessa de faire pression sur le général De Gaulle pour obtenir de l’aide en argent et en matériel à destination des rebelles. De Gaulle n’était pas mécontent d’affaiblir l’influence britannique dans la région: «Tout compte fait, le morcellement du Nigeria est souhaitable et, si le Biafra réussit, ce ne sera pas une mauvaise chose».
Il laissa faire, sans toutefois que la France apparaisse officiellement comme soutien. Les opérations secrètes furent coordonnées sur place par des proches de Jacques Foccart. Elles passèrent sous contrat ivoirien, au service d’Houphouët-Boigny. Cette guerre dura trois ans et fit plus d’un million de morts, surtout des morts de faim par suite du blocus décrété par le Nigeria, soutenu par le Royaume-Uni, l’Union soviétique et les États-Unis.
POIN T DE MIRE
Afrique une jeunesse insolente
Cette population africaine est très jeune. 60% a moins de vingt (20) ans. Elle n’a vécu ni la colonisation ni les soubresauts des indépendances. Elle a perdu en partie le respect des traditions, de la famille, des pouvoirs. Elle est immergée dans le bouillonnement des cultures urbaines faites de rencontres, de passions, de défonces. Elle voit et entend tous les jours comment d’autres jeunes en Occident profitent des bienfaits de la consommation et des ressources de la technologie.
Elle veut sa part et ne reculera devant rien pour l’obtenir, comme le font sous ses yeux des dirigeants avides, des fonctionnaires corrompus, des privés inventifs et des golden boys maffieux. D’où le développement en Afrique rebours des traditions de l’hospitalité africaine, du banditisme et la criminalisation d’une partie de cette population qui décourage à la fois les touristes, les investisseurs et Africains eux-mêmes.
Mais si la contestation sociale n’est pas seulement protestataire, cette jeunesse peut être aussi le ferment d’un renouveau de la politique et de la culture, d’avancées vers la modernité, d’intérêt pour les problèmes de l’environnement, de l’eau, de la santé, du désir d’exploiter la technologie et de faire connaître ses savoir-faire au reste de la planète en bousculant les institutions fatiguées laissées par un 20ème siècle improductif.
SAGESSE BAMBARA
«Deux (02) panthères ne peuvent cohabiter dans le même repaire. Deux (02) personnes méchantes, acariâtres, ne peuvent cohabiter dans la même case».
Source : L’Inter de Bamako