Le Mali, à l’instar des autres pays, a célébré, le 27 mai 2022, la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies placée sous le thème : ” Ensemble pour la paix : le partenariat, clé du progrès “. Pour la circonstance, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), El-Ghassim Wane, a livré un discours retraçant les missions de son organisation au Mali.
Selon lui, l’année dernière, la Minusma a célébré la Journée internationale des Casques bleus des Nations unies dans un contexte qui reste difficile. “Alors que nous continuons à déployer des efforts soutenus en appui aux autorités de la Transition, l’insécurité reste une réalité hélas quotidienne, infligeant toutes sortes de souffrances à des populations qui n’en peuvent plus”, a-t-il déploré.
En de nombreuses localités, ajoute-t-il, des milliers d’enfants ne sont plus en mesure de jouir d’un des plus fondamentaux de leurs droits, notamment celui d’aller à l’école. Ailleurs, dit-il, hommes et femmes regardent l’avenir avec beaucoup d’anxiété car ils n’ont pas pu semer, encore moins récolter, compromettant la sécurité alimentaire de centaines de milliers de personnes. Aussi, les commerçants craignent pour leur avenir et celui de leurs familles car aller à une foire hebdomadaire, une activité autrefois festive, est devenu un exercice périlleux. Et d’ajouter que le tableau est bien sombre, mais cela veut simplement dire que si beaucoup a été fait, beaucoup n’en reste pas moins encore à faire. A ses dires, c’est en s’appropriant pleinement le thème de l’édition 2022 de la Journée internationale des Casques bleus : “Ensemble pour la paix : le partenariat, clé du progrès”, que la Minusma pourra continuer à faire la différence. Cela implique une collaboration encore plus poussée avec tous ses partenaires, du plus haut sommet de l’État jusqu’aux acteurs de terrain, sans oublier les communautés.
Minusma, la mission la plus dangereuse
A l’entendre, la Minusma a le malheureux privilège d’être la plus dangereuse des opérations de paix des Nations Unies. Depuis son déploiement au Mali, il y a un peu moins d’une décennie, la Mission a perdu 258 Casques bleus qui sont venus tous au Mali sans autre ambition que celle d’apporter leur pierre à l’édifice de la paix que les Maliens s’emploient à bâtir avec une résilience remarquable. “Nous portons en nous la mémoire de nos collègues, et leur sens du devoir continue de nous inspirer dans la tâche difficile, complexe, mais aussi exaltante, qui est la nôtre. Nous avons l’obligation de continuer à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les sacrifices par eux consentis ne soient pas vains. C’est le plus grand hommage que nous pouvons leur rendre”, a-t-il déclaré.
Il a saisi l’opportunité pour rendre un hommage appuyé au Capitaine Bahr Abdelrazakh Hamit à qui le Secrétaire général vient de décerner à titre posthume la “médaille Capitaine Mbaye Diagne pour acte de courage exceptionnel”. “Il incarne un sens élevé du devoir, ayant accompli le geste ultime dont seuls sont capables ceux qui ont véritablement étreint notre commune humanité : sacrifier sa propre vie pour celle des autres. Sa bravoure est une source d’inspiration quotidienne pour l’ensemble des personnels de la Minusma”, a fait remarquer le chef de la Minusma.Et de poursuivre que le choix porté sur le capitaine Hamit est plus qu’un hommage à un héros. Il est aussi une affirmation de plus de l’engagement résolu qui doit animer tous les soldats de la paix pour porter, toujours plus haut, les idéaux et valeurs des Nations Unies.
Accompagner les processus politiques
Au demeurant, précise-t-il, que les populations ne se trompent, les actions quotidiennes des Casques bleus s’inscrivent dans le cadre d’ensemble de l’accompagnement des différents processus politiques à l’œuvre au Mali et d’efforts inlassables dans les domaines transversaux importants des droits de l’homme et de l’égalité des genres.
“Je manquerais à mon devoir si je n’exprimais pas à nouveau toute notre solidarité avec le Gouvernement et le peuple maliens. Les souffrances vécues sont indicibles, et tout doit être mis en œuvre pour mettre un terme au cycle de violence qui afflige le Mali depuis de si nombreuses années”, a-t-il laissé entendre.
Malgré les épreuves, il dira qu’il reste confiant en la capacité du peuple malien à ouvrir une nouvelle page dans son histoire et renouer avec son glorieux passé car les Maliens disposent de formidables atouts pour ce faire. “Il nous revient, en tant que partenaire, à les aider, dans l’esprit de la solidarité internationale, à pleinement exploiter ces atouts. C’est précisément pour cela que l’esprit de partenariat irrigue l’ensemble du champ de nos initiatives et de nos efforts. Il est la condition de leur succès. Il est le principe fondateur de notre relation avec les autorités maliennes, la société civile malienne, et bien d’autres acteurs. Il informe les apports multiformes de nos contributeurs de troupes et de personnels de police”, ajoute-t-il.
Appui à la Cédéao et à l’Union Africaine
Aux dires du chef de la Minusma, son organisation guide le travail qu’il accomplit au quotidien en appui à la Transition, dans le cadre du Comité local de suivi qui inclut également la Cédéao et l’Union africaine, ainsi que dans le cadre de la Médiation internationale qui accompagne la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger.
Pour finir, il ajoutera que dans la période à venir, il s’agira pour la Mission d’insuffler une dynamique encore plus forte à tous ces partenariats pour en faire des énergies créatrices, refondatrices, à même d’aider le peuple malien à réaliser sa légitime ambition de paix, de sécurité et de développement.
Notons que du déploiement de la première mission en 1948 à nos jours, plus de 4 000 militaires, agents de police et civils ont perdu la vie.
Boubacar PAÏTAO