Dans les deux capitales régionales, les ministres sont parvenus à des protocoles d’entente avec les jeunes frondeurs. Toutes les parties ont promis de veiller au respect des engagements
La mission gouvernementale comprenait le ministre de la Communication, chargé des Relations avec les institutions, porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré, Mme Traoré Seynabou Diop, ministre des Infrastructures et de l’Equipement, le ministre du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique, Oumar Hamadoun Dicko, le représentant du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Haminy Belco Maïga et le conseiller spécial du Premier ministre, Alassane Bocoum.
Dans le document qui a fait objet de l’entente, le gouvernement s’engage à commencer les travaux de construction de la route Gao-Sévaré-Gao par les tronçons Sévaré et Wabaria concomitamment dans six mois au plus tard, à reprendre les travaux de la route aéroport-gouvernorat, place des Martyrs jusqu’au fleuve, rond-point du Marché de nuit jusqu’à la sortie de la route de Bourem.
L’escorte des cars de transport sur l’axe Gao-Konna-Gao sera assurée à partir de ce lundi 16 septembre 2019. Le gouvernement promet aussi de mettre en priorité dans le budget 2020 du ministère de la Culture, la reprise des travaux de la salle des spectacles de Gao, de faire revenir les services financiers (impôt, budget, contrôle financier et Trésor) dans la Région de Gao au plus tard le 31 octobre 2019, de prendre des dispositions auprès des autorités du Niger et du Burkina Faso en vue de faciliter la circulation des personnes et des biens en provenance et en partance pour Gao.
SENSIBILISATION- De son côté, « la plateforme Ensemble pour Gao » s’engage aussi à lever immédiatement toutes les restrictions sur les routes et dans la ville de Gao, de participer à la sensibilisation et à l’information sur le plan sécuritaire avant, pendant et après les travaux de la construction de la route Sévaré-Gao et celles de l’intérieur de la ville de Gao.
« La plateforme Ensemble pour Gao » demande aussi au gouvernement de prioriser la 7è Région dans les prochaines tournées du Premier ministre, de renforcer la sécurisation de la route Gao-Sévaré, de prévoir un fonds d’investissement pour la jeunesse de Gao, de restituer les quotas de recrutement à partir de 2012 de la Région dans les forces de défense et de sécurité, de faire le point du cantonnement de 25.000 jeunes de Gao ayant remis leurs armes en 2013 à Serval et à l’Armée malienne.
La plateforme souhaite également la diligence des enquêtes sur les cas des jeunes morts en janvier 2015 et juillet 2016 lors des manifestations.
Elle souhaite également un quota spécial pour les jeunes résistants de 2012 dans les recrutements au sein des Forces de défense et de sécurité et les autres corps de l’administration, la réhabilitation des camps militaires de la Région de Gao et leur dotation en équipements adéquats, la réinsertion des jeunes et la reprise des travaux du barrage de Taoussa.
La plateforme « Ensemble pour Gao » était représentée par Hamadoun Abdoulaye, Moussoudou Oyahitt, Sidy Oumar Cissé, Aminata Idrissa, Issa Boncana, Hawa Boubacar Traoré, Aliou Alhousseyni et Lalla Maïga.
Après la signature, les manifestants ont levé les barrières et le lendemain toutes les activités ont repris normalement.
FOURNIR DE L’ÉLECTRICITÉ- Après Gao, les membres du gouvernement se sont rendus à Ménaka où après cinq heures de séance de travail, ils sont parvenus à un accord avec le mouvement «Alghafiat I Minika».
La signature du document a eu lieu le 13 septembre dans le camp des forces armées et de sécurité, en présence des autorités administratives, communales et coutumières de la Région.
Le gouvernement s’engage à demander à EDM-sa de fournir de l’électricité 24/24 à partir du vendredi 13 septembre 2019 en attendant l’arrivée d’une équipe technique cette semaine.
Cette équipe doit évaluer la capacité des groupes électrogènes existants, accélérer l’acquisition du groupe électrogène promis par EDM-sa d’ici fin novembre 2019.
Le gouvernement s’engage à assurer une meilleure sécurité des personnes et de leurs biens à partir du vendredi 13 septembre 2019 par les FAMa et leurs partenaires avec des résultats concrets dans le strict respect des droits et devoirs des citoyens. Il s’engage à acheminer les médicaments à Ménaka avant le 30 septembre 2019, réhabiliter et améliorer le plateau technique du Centre de santé de référence de Ménaka au plus tard le premier trimestre 2020, accélérer la construction de la route nationale 20 Ansongo-Ménaka-Anderamboukane programmée dans le cadre de l’alliance G5 Sahel.
Le mouvement était représenté par Harouna Ibatane Yattara et Ahmed Ould Idoumou. «Alghafiat I Minika» s’engage de son côté à lever immédiatement toutes les restrictions sur les routes et dans la ville de Ménaka, de continuer à participer à la sensibilisation et à l’information sur le plan sécuritaire.
Le mouvement demande le renforcement des effectifs de la Police, de la Gendarmerie et de la Garde nationale dans la ville de Ménaka, l’accélération du retour du personnel des services sociaux de base dans la région notamment le président du tribunal, le personnel sanitaire et les enseignants du lycée, un plaidoyer auprès de Barkhane pour un arrêt immédiat des tirs au-dessus de la ville.
Les manifestants de Ménaka réclament aussi des escortes et des patrouilles sur tous les axes, de doter la région d’une banque, d’améliorer le réseau téléphonique, d’accélérer le DDR, de construire une digue de sécurisation de la ville de Ménaka. Le mouvement demande de tenir une rencontre sur le problème d’eau et d’électricité de la ville de Ménaka dans les quinze jours qui suivent la signature du présent protocole par tous les acteurs concernés, de privilégier les ressortissants de la Région de Ménaka pour la fourniture de carburant à EDM-sa et enfin d’organiser une séance de travail entre le directeur régional des routes de Ménaka et le gouverneur pour faire les études par apport aux voiries dans la ville de Ménaka.
Le ministre de la Communication, chargé des Relations avec les institutions, porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré a expliqué que la mission gouvernementale était porteuse d’un message d’écoute, de paix et d’appel au vivre ensemble à l’adresse de la jeunesse malienne. Pour lui, les préoccupations qui ont été portées sont légitimes et concernent l’ensemble de notre pays. Ces préoccupations concernent le désenclavement, les questions de sécurité, les services sociaux de base.
« La jeunesse doit jouer son rôle de revendication pour être une sentinelle, une conscience pour le gouvernement afin que ce dernier comprenne qu’il doit faire face aux préoccupations des populations », a estimé le ministre Yaya Sangaré.
Abdourhamane Touré
AMAP-Gao