C’est pour faire le point sur les faits marquants du second tour, ainsi que faire connaître ses principales recommandations que la mission d’observation électorale de Caritas-Mali, MOECM, a animé une conférence de presse, hier mardi à son siège sis à Dravela-Bolibana.
Comme d’habitude, la conférence animée par Théodore TOGO, chef de mission d’observation électorale, secrétaire général de Caritas-Mali, a débuté par la prière faite par l’Abbé Alexandre DENOU, secrétaire général de la Conférence épiscopale du Mali. On notait également à cet événement la présence du Dr Abdoulaye SALL et du Dr Mamadou SAMAKE, experts électoraux, ainsi que certains encadreurs et observateurs.
Dans la déclaration préliminaire, lue par Théodore Togo, il ressort que les données collectées par la plateforme virtuelle mise en place par Caritas Mali, à partir des informations émanant des observateurs, des superviseurs au niveau des différentes localités et du district de Bamako, ont été centralisées, traitées et analysées en temps réel. A cet effet, Caritas-Mali, avec l’appui de ses partenaires (Secours Catholique France, Caritas Espagne et MISEREOR), avait déployé, tout comme au premier tour, 513 observateurs dans 692 bureaux de vote, sauf dans les régions de Tombouctou et de Kidal.
Les faits marquants du second tour de la présidentielle du 12 août 2018, observés dans les bureaux de vote par la MOECM, ont essentiellement concerné l’heure d’ouverture des bureaux de vote, la disponibilité des matériels et des documents électoraux, la présence et la ponctualité des agents électoraux, le fonctionnement des bureaux de vote, la présence des forces de sécurité, l’affluence des électeurs dans les bureaux, l’heure de fermeture ainsi que le dépouillement.
De façon générale, a fait savoir le conférencier, les bureaux observés par la MOECM ont ouvert et fermé à l’heure. «Toutefois, à Mopti, les bureaux de vote délocalisés des villages de Danna, Daladougou et Korienwel à Fatoma, ouverts dans un premier temps, ont été fermés avant de rouvrir vers 11h, après la visite du gouverneur », a-t-il précisé.
Les matériels et les documents électoraux étaient disponibles dans la grande majorité des bureaux visités, a témoigné le chef de la mission. Cependant, la MOECM a constaté l’absence des listes électorales affichées au niveau de certains bureaux, notamment au Centre Mamadou Goundo SIMAGA, 1er cycle et 2ème cycle, de Badalabougou du District de Bamako.
La MOECM a aussi relevé, s’agissant du fonctionnement, la mauvaise qualité par endroits de l’encre indélébile.
En dehors de quelques retards enregistrés, le personnel électoral dans son ensemble a été ponctuel dans les bureaux. Les assesseurs de l’opposition et de la majorité étaient présents.
A Mopti cependant, dans la Commune de Fatoma, le Maire a profité du retard d’un assesseur pour en imposer un de son choix, en l‘occurrence un électeur, alors que le président du bureau de vote avait déjà procédé au remplacement du retardataire.
Les observateurs de Caritas Mali ont constaté une très faible affluence dans les bureaux de vote. Même si la tendance s’est légèrement inversée avant la clôture du scrutin, le constat est resté le même à la fermeture.
«Dans certaines localités, comme dans la Commune de Sio, au village de Youré dans la région de Mopti, les électeurs ne se sont pas présentés aux bureaux de vote parce qu’ils ignoraient la date du scrutin pour le 2ème tour », révèle Théodore Togo.
En ce qui concerne la sécurité, la présence des forces de sécurité était manifeste dans les centres de vote et de nombreuses patrouilles avaient été déployées.
En tout cas, la MOECM s’est félicitée du bon déroulement du scrutin, dans un climat serein et apaisé, en dépit des dysfonctionnements constatés et de la faible affluence des électeurs.
Aussi a-t-elle salué la prompte réaction de la CENI qui a permis la correction de nombreux dysfonctionnements constatés au premier tour ; la présence rassurante des missions d’observation électorale nationales et internationales ; la présence des délégués de la Cour Constitutionnelle, de la CENI, de la DGE ; la bonne couverture du scrutin par les organes de la presse nationale et internationale.
« En conclusion, la bonne tenue du scrutin dans les 692 bureaux de vote observés démontre que les défis majeurs ont été relevés, notamment sur les points liés à la transparence et à la sincérité du vote », a-t-il déclaré.
En tout état de cause, la MOECM a formulé entre autres des recommandations à l’adresse de tous les acteurs du processus électoral. Elle invite ainsi le ministère de l’Administration Territoriale à formaliser, dans la révision de la loi électorale, la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote pour la transparence ; constituer un vivier d’agents électoraux et de persévérer dans le renforcement de leurs capacités opérationnelles.
Elle exhorte les partis politiques et candidats à s’abstenir de publier des résultats non officiels et de fausses tendances, etc.
Enfin, la Mission d’observation électorale de Caritas Mali félicite l’ensemble du peuple malien pour sa maturité et son sens de la responsabilité qui ont prévalu tout le long du processus et l’exhorte à persévérer davantage pour la consolidation de l’unité nationale.
Selon son secrétaire général, l’Abbé Alexandre DENOU, Caritas Mali, sous l’égide de la Conférence Episcopale du Mali, s’engage à continuer à œuvrer à la promotion et à la tenue d’élections apaisées, crédibles et équitables pour le renforcement d’une démocratie durable au Mali.
Répondant à une question des confrères, le chef de mission a déclaré sans ambages : « Aucun cas de fraude avérée n’a été constaté par nos observateurs».
Par Sékou CAMARA
Source: info-matin.