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Mise au clair

A six mois de la fin de la transition, la discorde est (toujours) au pays d’ Agramant. La rencontre vendredi entre le premier ministre Choguel Maïga et les leaders politiques pour échanger sur les axes prioritaires et les grandes orientations de son plan d’action gouvernemental en a donné une illustration supplémentaire. Les débats, focalisés sur les Assises nationales de la refondation, l’organe unique de gestion des élections, la durée de la transition ont confirmé les différences de perception qui traversent la société politique malienne sur ces sujets majeurs.

 

Le quasi unanimisme observé lors de l’adoption du document par le CNT, début août, aux antipodes des empoignades verbales qui l’ont précédé, ne s’est pas reproduit ici. Le Cadre d’Echange pour une Transition Réussie au Mali, qui prétend regrouper plus de 80 partis et coalitions de partis dont la plupart émane de l’ex-majorité présidentielle, s’était fait représenter pour faire entendre et pourquoi pas partager ses convictions. Lesquelles ont été développées dans un mémorandum diffusé la veille même de la rencontre avec le premier ministre.

Concernant les Assises nationales de la refondation, le Cadre d’Echange les rejette parce qu’ »inopportunes« . En ce qu’elles sont  » une répétition du Dialogue national inclusif « , vont occasionner des dépenses d’au moins 2 milliards de fcfa qui peuvent être utiles ailleurs dans le contexte de rareté d’argent qui prévaut. Enfin leur « caractère exécutoire  » pour le pouvoir qui sortira des urnes à l’issue des élections qui se préparent lui paraît déroger  » des règles démocratiques et républicaines « .

La création d’un organe unique pour la gestion des élections, dont le premier ministre soutient qu’elle est une revendication de la classe politique « depuis des décennies » et dont il semble avoir fait une affaire personnelle par orgueil plus qu’autre chose, n’a pas la faveur du Cadre d’Echange pour la raison suivante :  » Son indépendance, son autonomie, sa nature, sa composition, son organisation ainsi que le mode de désignation de ses membres restent flous et le temps imparti est insuffisant pour sa mise en place « .

Enfin la durée de la transition. Le Cadre y tient fermement parce qu’elle est l’expression de la volonté populaire transcrite dans la charte de la transition et soutenue par la communauté internationale. Le chef de l’Etat et le premier ministre se sont, plus d’une fois, engagés à la respecter. Elle conditionne par ailleurs la levée de sanctions qui frappent le Mali aux plans sécuritaire et financier ainsi que la reprise des investissements étrangers indispensables à son relèvement. Pour toutes ces raisons les autorités de la transition doivent s’appliquer pour que les élections et les réformes devant les accompagner puissent se dérouler selon le calendrier rendu public en février dernier.

Ce positionnement du Cadre d’Echange pour une Transition Réussie au Mali survient dans un contexte où l’on constate une agitation fébrile dans certains secteurs de la société, notamment des groupes spontanés de femmes et de jeunes qui réclament « une prorogation de la transition« . Parfois des personnalités religieuses de premier plan comme le Chérif de Nioro du sahel sont mises à contribution dans les réseaux sociaux sans que l’on sache ce qu’il en est exactement. Toutes choses qui contribuent à polluer davantage l’atmosphère politique et alourdir l’incertitude sur cette dernière phase d’une transition dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a été riche en imprévus.

L’arrivée à Bamako, en fin de cette semaine, de Goodkuck Jonathan, le médiateur de la CEDEAO dans la crise malienne pour une énième mission d’évaluation, devrait contribuer, par une mise au clair de la marche à suivre, à réduire la belligérance de part et d’autre et favoriser un rapprochement salutaire. C’est la meilleure chose qui puisse arriver au pays à un mois de l’ouverture des Assises nationales de la Refondation annoncée pour fin septembre.

Saouti HAIDARA

Source : l’Indépendant

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