Le douloureux accouchement de la nouvelle équipe gouvernementale a fini par atteindre son épilogue, mais avec un enfant non reconnu par sa famille politique. Une pratique loin d’être une première depuis l’avènement du locataire actuel de Koulouba qui vient d’être reconduit.
Depuis une semaine, l’équipe « Boubeye II » est effective. Avec un total de 11 sortants, le cas du ministre de l’Habitat et de l’urbanisme aura particulièrement alimenté le débat sur fond de divergences de vues. Et pour cause, le nouvel entrant, qui a soufflé ses 42 bougies, est issu d’un parti qui n’appartient pas à la majorité au pouvoir. Il s’agit de Yelema de Moussa Mara. La formation de l’ancien Chef du Gouvernement s’est exprimée sur la question par un communiqué en relevant qu’aucune consultation préalable n’a sous-tendue la nomination la polémique (désormais derrière nous) du cadre qui se réclame du parti Yelema.
Même si le parti du CHANGEMENT finit par prendre acte de la décision en se dédouanant, il faut dire que le genre de débat tend à devenir une constante voire une marque de fabrique des remaniements gouvernementaux du régime IBK. En effet, lorsqu’au même département arrivait un certain Dramane Dembélé alors faiseur de roi en 2013, la Ruche avait vécu le même genre de grincements de dents car le parti ne se reconnaissait pas dans la nomination de celui qui finit par sortir du gouvernement au profit de Tiemoko Sangaré au département des mines.
L’histoire s’est encore répétée avec un autre ministre lui aussi issu des rangs de l’ADEMA, en la personne de Me Kassoum Tapo. Son arrivée au gouvernement est à l’image de celle de l’actuelle ministre de la diplomatie parce qu’il occupait comme elle les fonctions de conseiller à Koulouba. Et de même que Kamissa Camara avait en charge les affaires étrangères au cabinet présidentiel, l’avocat se consacrait aussi aux questions juridiques, qui le prédestinaient naturellement à la tête du département des Droits de l’Homme.
Comme on le voit, la nomination d’un ministre sans consultation de sa base n’est pas une première. IBK l’a répété durant son premier mandat et vient de commencer le second dans les mêmes conditions. Mais la responsabilité reste partagée car les personnes concernées sont forcément consentantes. Connaissant les prises de position de leurs familles politiques respectives, les intéressés pouvaient refuser le portefeuille proposé au nom des idéaux défendus par leur parti.
Mais dans un pays où devenir un ministre reste pour beaucoup une fin en soi, nul ne cracherait sur une promotion sachant que les camarades finiront toujours par se ranger.
Idrissa Keïta
Source: Le Témoin