L’État malien réclame à Barrick des centaines de millions de dollars d’arriérés d’impôts et de redevances pour la période post-2023. La société minière, qui conteste ces montants, n’a toujours pas trouvé d’accord avec les autorités, malgré plusieurs mois de discussions et des propositions d’arrangement. Aucune issue ne se profile pour l’instant, et la réouverture de la mine semble incertaine.
La mine Loulo-Gounkoto, principal site aurifère du pays reste à l’arrêt depuis janvier 2025 en raison d’un conflit fiscal entre les autorités et Barrick Gold, son opérateur canadien. Les négociations piétinent, et la situation s’est encore envenimée avec la fermeture récente des bureaux de Barrick à Bamako par le gouvernement.
Si la situation est actuellement très tendue et marquée entre l’État malien et la société minière canadienne Barrick Gold, l’explication à ce différend persistant se trouve dans les points à considérer suivants. D’abord avec le nouveau code minier de 2023 les points de friction qui apparaissent dans ce code accordent plutôt au gouvernement malien une plus grande participation dans les mines d’or. Ce qui est à l’origine du désaccord avec Barrick Gold, qui a fait l’objet de l’Audit sectoriel lancé par le gouvernement malien. Après examen des conclusions de l’audit, l’État réclame à Barrick Gold le paiement de centaines de millions de dollars d’impôts et de redevances volontairement non acquittés. Ce qui avait conduit Barrick Gold à menacer de suspendre ses opérations. Dans la foulée, quatre de ses employés avaient été aussi arrêtés et détenus à la maison d’arrêt de Bamako. Des mandats d’arrêt sont également émis à l’encontre de ses dirigeants pour des accusations de blanchiment de capitaux.
La fermeture du bureau de Bamako, ce 15 avril 2025, par les services du fisc, intervient donc après la saisie d’or et la menace de suspension des opérations, en janvier 2025 ; après que l’État aie riposté en saisissant 3 tonnes d’or sur le site. Ce qui a conduit Barrick à suspendre ses activités. Mais en février, un accord semblait proche. Cet accord préliminaire prévoyait le paiement de 275 milliards de francs CFA (438 millions de dollars) par Barrick Gold pour mettre fin au différend minier, en échange de la libération de ses employés détenus et de la restitution de l’or confisqué.
Cependant, l’accord nécessitait une approbation officielle des autorités maliennes… Depuis la situation semble toujours bloquée.
La fermeture des bureaux de Barrick Gold à Bamako est donc largement due aux problèmes fiscaux étalés par cette société minière malgré des tentatives de résolution de la situation actuelle. Face à l’impasse, des acteurs comme le Syndicat des travailleurs maliens du secteur minier (Secmima) et l’association Fer-Mali ont proposé des médiations impliquant divers acteurs, y compris des chefs traditionnels et religieux, ainsi que le médiateur de la République. Ces efforts de médiation en cours pour tenter de trouver une solution à ce conflit, qui a des implications économiques importantes pour le Mali et pour les opérations de Barrick Gold, n’ont rien apporté pour le moment, mais la situation reste évolutive. Au plan interne, la relocalisation temporaire d’environ 40 employés maliens du complexe de Loulo-Gounkoto vers la mine de Kibali de Barrick en République Démocratique du Congo est actée.
En résumé, le différend entre l’État malien et Barrick Gold, s’il persiste, aura des conséquences économiques majeures sur la redéfinition de la carte minière du pays. Barrick Gold estime que la suspension de la production à Loulo-Gounkoto pourrait coûter environ 550 millions de dollars au Mali en 2025.
La fermeture du bureau de Barrick à Bamako est le dernier développement en date, signalant une escalade des tensions, malgré une tentative d’accord en février. Barrick Gold a appelé le gouvernement malien à agir de manière responsable dans l’intérêt de son peuple et de l’économie nationale en concluant l’accord qui, selon la compagnie, est prêt à être mis en œuvre.
Pour information, la mine de Loulo-Gounkoto est la plus grande mine d’or du Mali et contribue significativement aux exportations et au budget national. La perturbation de ses activités risque d’avoir un effet d’entraînement sur l’économie malienne.
Pour Barrick, la mine a été exclue des prévisions 2025, entachant les performances du groupe. Pour le gouvernement malien, le manque à gagner est toujours estimé à 550 millions $.
Dans tous les cas, l’arrêt prolongé de Loulo-Gounkoto, qui a produit plus de 800 000 onces en 2024 (soit 15% de la production totale de Barrick), impacte lourdement sur le cours du prix de l’or sur les marchés, très spéculatif.
M. SANOGO
Source : L’Aube