La mine a fait sa mue. Après l’arrêt de l’activité aurifère, elle a entrepris la revalorisation des activités agricoles génératrices de revenus. Ainsi, les variétés de papaye introduites et expérimentées font le bonheur des adhérents
La Commune rurale de Sanso abrite la mine de Morila S.A, située à 280 km au sud-est de Bamako. Elle est bâtie sur une superficie de 1.500 hectares. À la suite de l’annonce de la fermeture de sa mine, l’entreprise a monté un projet d’agrobusiness pour permettre aux populations locales de continuer à avoir des activités génératrices de revenus. Plusieurs volets composent ce projet, au nombre desquels on peut citer la pisciculture en cages, l’aviculture et le maraîchage. Au fait, l’entreprise entend préparer les villages environnants aux activités de production agricole, reléguées au second plan par l’extraction aurifère.
Des jeunes suivent actuellement des formations dans ces domaines, alors que l’entreprise prépare le terrain. Par ailleurs, dans le but d’atteindre ces objectifs, l’entreprise a réalisé un lac artificiel de 27 hectares avec un système de pompage à partir du fleuve Bagoé qui arrose les différents bassins de pisciculture.
Une visite sur les sites de production permet de voir comment la transition se prépare d’une économie basée sur l’extraction aurifère à celle fondée sur les activités de production agricole. Et au cœur de celles-ci (les activités de production agricole), l’entreprise a placé un arbre fruitier : le papayer. Nous sommes sur quelques-uns des sites : la pépinière et le jardin de maraîchage. Sur celui-ci dominé par la verdure, on fait pousser des goyaves, des melons et des aubergines. À quelques mètres, la fraîcheur émanant du système d’irrigation par absorption et au système de paillage, comble les cultures de leur bienfait. Il est environ 13 h sur le site bâti sur un 1/2 hectare, c’est le branle-bas général des producteurs. Parmi eux, Oumar et Sidi Mariko transportent des pailles utilisées pour enrichir le sol, pendant que Mamy Drissa Coulibaly, ingénieur agronome, le responsable du jardin horticole nous explique les avantages de l’arbre, précisément les variétés Vega et Red Royale qui sont, selon lui, des variétés très productives. Chacune de ces espèces végétales pouvant produire 800 fruits, selon le cycle. Elles possèdent une particularité physique selon la forme des feuilles, des fruits et la taille de la plante. Au niveau de la pépinière, la germination est de 15 jours.
Le spécialiste a expliqué comment on prépare le sol. On fait, dit-il, la confection des cuvettes (trous) environ 40 cm de largeur et 30 cm de profondeur, on met trois bêches de fumée organique bien composée par trous, après on arrose pendant deux jours et le troisième jour on procède au repiquage. De la mise en terre à la fructification, le cycle est de 4 mois alors qu’après la mise en terre, 6 mois s’écoulent avant la première production. Mais le spécialiste précise que selon les conditions de fertilisation du sol, un seul papayer de la variété Red Royale peut produire 800 fruits pendant 3 ans. « Le fruit peut peser 6 kg à la 1ère production et vers la fin du cycle le calibre diminue et le fruit perd du poids pour dégringoler entre 2 et 2,5 kg », explique-t-il. Quant à la variété Vega, elle donne des fruits qui ne sont pas gros, mais allongés et un seul peut peser 2,5 à 3 kg à la première production et vers la fin du cycle le calibre des fruits diminue et passe de 1,5 à 1 kg.
Par rapport à l’appréciation du goût à la maturité, la variété Vega est plus sucrée que Red Royale, affirme le spécialiste. Cependant, assure t-il, l’arbre est régulièrement l’objet d’attaques de nuisibles. « Pour y faire face, nous utilisons des produits phytosanitaires préparés à base de plantes comme le jatropha, porega, etc. et mélangés avec un peu de piment. Ces produits n’ont aucun effet secondaire sur la santé », précise-t-il. Dans le jardin horticole, on cultive de la laitue, des carottes, du gombo, des concombres, du piment, des aubergines, des melons… « On n’utilise pas d’engrais chimiques sur ces spéculations. Nous produisons tout ça à partir des fientes issues de l’activité avicole. La fiente de volailles est utilisée comme base de fertilisant pour nos sols, cela nous permet d’avoir un très bon résultat », se réjouit Mohamed Soumaré, Ingénieur en génie civil et environnement, et chef de projet agrobusiness. Avant d’ajouter que «nous ne traitons pas chimiquement nos plantes. Ces produits chimiques nuisent à la santé de la population et nous consommons nos propres produits». Pour lui, les variétés Vega et Red Royale sont très productives, elles sont très prisées par les marchands locaux et les consommateurs. « Comparée à notre variété locale, elles sont plus rentables. Les locales produisaient autour de 200 fruits par cycle, contre 800 pour la Vega et la Red Royale. Mohamed Soumaré souligne que les semences sont arrivées ici à travers notre collaboration avec le centre Songaye du Bénin.
Yacouba TRAORÉ
Source : L’ESSOR