Vivre vieux s’apprécie comme un don de Dieu. Aussi, on dit qu’un vieillard devra sa longévité au fait qu’il a vécu conformément à la loi des ancêtres. Mais, selon certains citadins, les vieillards d’aujourd’hui ont changé la donne.
Sékou Koné (gestionnaire) :
« Aujourd’hui, dans la société ou dans la famille, les vieillards ont échoué sur tous les plans. Avant, les expressions par lesquelles on désignait un vieillard étaient significatives. On disait le Vieux ou la Vieille. Ce n’était pas péjoratif. Bien au contraire, ça signifiait homme très ancien ou femme très ancienne. La vieille personne était celle qui savait, avait une vision. Autrement dit, les cheveux blancs dans le passé étaient considérés comme le père et la mère de tous ceux qui habitaient une concession ou un quartier. Aujourd’hui, le constat est alarmant partout au Mali. Les personnes âgées n’arrivent même plus à éduquer leurs propres enfants à plus forte raison ceux d’autrui. Le mot vieillard a perdu tout son sens. De nos jours, les vieux fonctionnaires se cherchent. Du coup, les jeunes ne perdent plus leur temps à les écouter. C’est chacun pour soi, Dieu pour tous ».
Drissa Traoré (chômeur) :
« Les cheveux blancs d’aujourd’hui ont reçu la meilleure éducation au monde de leurs parents, contrairement à nous. Mais qu’est-ce qu’ils ont vraiment fait pour perpétuer l’honneur et la dignité dans les familles ? Partout où ils passent, ils disent que les jeunes ne sont plus éduqués ni formés socialement, etc. En réalité, c’est eux qui ont échoué. Il faudrait que les coupables soient reconnus par tous. Ainsi, ensemble, nous trouverions la solution pendant qu’il est encore temps. Sinon après eux, ce sera désastreux pour nous et les futures générations. Le tableau est déjà très sombre. Les grandes familles se sont transformées en familles nucléaires. Il n’y a plus de respect dans les concessions familiales. Les gens d’une même famille ne se parlent plus. Les chefs de famille ont démissionné de leurs responsabilités sociales. En plus, ils ont créé l’inégalité entre les membres d’une même famille à cause de l’argent. Les filles et fils d’un même père sont traités différemment par les vieux. L’aîné de la famille, s’il est pauvre, n’est pas considéré par son propre père. Pour trouver une solution à ces problèmes, les vieux devraient engager un dialogue franc avec les membres de la famille et recommencer à assumer pleinement leurs responsabilités ».
Fatoumata Dembélé (étudiante) :
« Je pense que les vieilles dames d’aujourd’hui doivent arrêter de s’imposer dans les relations intimes de leurs fils. Les gens sont assez grands pour prendre leurs décisions finales. Malheureusement, elles se mêlent de tout. Elles critiquent leurs futures belles-filles. Par exemple entre moi et mon mari, il n’y a aucun problème. Chacun fait de son mieux pour supporter l’autre mais tôt ou tard, sa mère deviendra un sérieux problème dans notre couple. Et ce n’est pas le mien seulement. Dans beaucoup de familles à Bamako, les belles-mères sont à l’origine des divorces et des mésententes. Nous ne sommes plus dans le passé. La réalité, c’est que ces vieilles dames doivent comprendre que le monde a beaucoup évolué et que maintenant nous avons notre mot à dire quoi qu’il en soit ».
Propos recueillis par Hamissa Konaté
Le Focus