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Michel Goya _ « Il n’est pas certain que les Français acceptent longtemps de perdre un soldat chaque mois au Sahel »

Onze soldats français viennent d’être tués ou blessés au Mali en deux semaines. Ces pertes douloureuses ont été interprétées comme les symptômes d’un échec. C’est une erreur. Ce n’est pas parce que des soldats tombent dans une guerre que nous sommes en train de la perdre. Dans les faits, si nos pertes ont augmenté depuis un an, c’est en réalité parce que nous avons pris plus de risques, ce qui, au bout du compte, a permis de reprendre le dessus sur l’ennemi. Si nous tombons plus, l’ennemi, lui, tombe plus encore.

Tuer des combattants ennemis n’est cependant pas une fin en soi. Cela n’a de sens que si cela permet d’obtenir des effets stratégiques : neutraliser l’ennemi, le détruire ou l’amener à négocier dans des conditions favorables. Et comme cet ennemi n’est pas le « bloc terroriste » que nous présentons mais un ensemble de groupes différents, les effets que nous pouvons espérer seront probablement une combinaison de tout cela.
Vaincre les groupes djihadistes

Pour comprendre où nous en sommes, il faut commencer par se rappeler où nous voulions être.
« Nous sommes intervenus à la demande du gouvernement malien et parce que nous considérions que la déstabilisation de la région menaçait notre sécurité »

Nous nous sommes engagés véritablement au combat en janvier 2013, une première depuis 1979 en Afrique subsaharienne, contre les trois groupes qui occupaient le nord du Mali : Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Dine, et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), devenu plus tard Al-Mourabitoune.

Pourquoi l’avons-nous fait ? Parce que le gouvernement malien nous l’a demandé et que nous considérions que la déstabilisation de la région pourrait avoir de graves conséquences pour notre sécurité. Nous sommes aussi intervenus parce que nous étions les seuls à pouvoir vaincre les groupes djihadistes, et nous l’avons fait en les chassant des villes qu’ils contrôlaient et en détruisant leurs bases. C’était une victoire relative, car il ne faut s’attendre qu’à ça, mais elle changeait la situation.
Plus de missions, moins de moyens

Nous aurions pu alors revenir à la posture précédente, mais nous avons préféré rester au Mali et en faire le centre de gravité de la nouvelle opération baptisée « Barkhane », en coopération avec les cinq pays du G5 Sahel : Mauritanie, Tchad, Burkina Faso, Niger et Mali.
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Les combats ont pris une nouvelle forme. Il ne s’agissait plus de reconquérir un territoire mais, selon les termes de la mission, de « contenir l’activité des “groupes armés terroristes (GAT)” à un niveau de menace faible jusqu’à ce que les forces armées locales puissent assurer elles-mêmes cette mission dans le cadre d’une autorité restaurée des Etats sur l’ensemble de leur territoire ». On oubliait de préciser que cette mission devait aussi être réussie en moins de dix ans, la limite empirique de l’approbation d’une opération par l’opinion publique française. C’était un pari très risqué.

Source : Le monde.fr

 

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