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Message / La Démocratie Malienne a 23 ans : Une distinction honorifique à Maître Tall

En 1991 deux associations politiques fondatrices du Mouvement démocratique étaient en ébullition au Mali. Objectif basculer notre pays dans la démocratie suite au discours de la Baule (juin 1990). Ces deux associations qui avaient pignon sur rue à Bamako se sont muées en partis politiques pour évincer le régime de l’ex-parti unique (UDPM). L’Alliance (ADEMA-PASJ) et le Comité National D’Initiative démocratique (CNID). L’ADEMA et le CNID étaient deux associations politiquement importantes hétéroclites, constituées de partis clandestins, d’individualité de diverses conceptions réunies autour d’une revendication politique : le multipartisme et l’approfondissement des libertés individuelles .Le Comité de Réconciliation National (CRN), mouvement venu tard dans la lutte, était constitué d’officiers supérieurs ayant loyalement servi le régime qu’ils ont défendu tout au long des évènements des 22, 23, 24 et 25 mars 1991. Ces officiers supérieurs se situaient entre ceux directement liés au régime et les hommes de rang.

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Deux schémas furent dégagés par l’ADEMA et le CNID pour gérer l’après Moussa :

* Le schéma de l’ADEMA proposait une transition démocratique, la proclamation du multipartisme, l’organisation de la conférence nationale et des élections libres par la suite.

* Le CNID proposait une transition démocratique sans conférence nationale et qui gérerait le pays dans le sens de l’assainissement de l’administration, de la vie publique et de l’armée avant d’organiser les élections libres.

C’est le schéma de l’ADEMA qui triompha, soutenu par toutes les composantes du MD (Mouvement Démocratique) sauf une partie de l’AEEM. Celui du CNID fut rejeté par le CTSP. Le Mouvement démocratique hétéroclite, aux intérêts divergents, ne pouvant  fonder l’unité sur une stratégie de conquête du pouvoir d’Etat et de sa gestion d’un programme «révolutionnaire», était dès lors mal parti. Aucune de ses composantes n’avait un projet de société et un programme afférent. Le Mouvement a plutôt organisé une solidarité circonstancielle, imposée par la répression devenue aveugle. CTSP, ADEMA, CNID AEEM, AMDH, Barreau malien, AJDP, JLD, ADIDE ont fait haro sur le pouvoir vers une course effrénée pour des postes et un partage du patrimoine national.

Les associations démocratiques prises en sandwiches entre la pression des restaurateurs et les coups fourrés de l’ADEMA ne sont pas arrivées à coordonner leurs actions pour sortir le Mali du creux de la vague. Lorsque les tombeurs du régime Moussa Traoré le réhabilite par une grâce présidentielle (Alpha en fin de mandat) et lorsqu’IBK qualifie GMT de républicain, il y a lieu de décoré tous les ténors du Mouvement démocratique en l’occurrence maitre Mountaga Tall, président fondateur du CNID association et parti politique. Maître Tall fut l’une des pièces maitresses du combat du Mouvement démocratique contre le régime  Moussa.

Le parti fondé par Maître Tall comptait dans ses rangs de jeunes cadres compétents, audacieux, ambitieux et téméraires. Pour saper les fondements du parti du Soleil Levant, les démons de la scission l’ont infecté. Ainsi trois (03) formations politiques sont sorties de ses entrailles. Tout d’abord pour une banale histoire de postes ministériels, une dissidence est née orchestrée par un groupe communément appelé les «Dix» piloté par Tiébilé Dramé qui avait horreur d’être masqué par l’avocat émérite Maître Tall. La suite est éloquente.

Lorsque Tall s’est assumé face à la dérive du pouvoir ADEMA en demandant à ses deux (02) ministres de quitter le gouvernement, ceux-ci ont crié au scandale. Tiébilé Dramé et Me Hamidou Diabaté aidés par le bouillant chargé de communication du parti du Soleil levant, Moussa Mary Djiguiba Kéita dit PPR formeront le front de protestation au sein du parti. Quand ils ont perdu le procès contre Maître Tall au tribunal de la commune II, le trio (Tiéblé, Diabaté et PPR) met à exécution leur plan de fondation du PARENA en 1995 sous la direction du professeur Yoro Diakité.

Quelques années plus tard, le professeur Yoro Diakité claque la porte au PARENA  pour fonder sa formation politique : le BARA. Comme on peut le constater dans ces turpitudes politiciennes des «Dix», Maître Tall avait parfaitement bien vu en disant en réponse à la foudre de guerre dans les colonnes d’un journal «La Griffe» que les dix ont quitté le CNID pour des ambitions politiques et non pour une visée révolutionnaire, encore moins patriotique. Le temps a éclairé la lanterne des Maliens : les dix se battaient contre Maître Tall pour des ambitions personnelles et non pour le Mali. Allez en savoir.

Quant au départ de Cheick Oumar Sissoko et d’Oumar Mariko du CNID pour fonder SADI, nul doute qu’il y avait là un combat fort opposé : les cadres SADI juraient pour la défense des intérêts fondamentaux du peuple malien. Le départ de Mariko et du cinéaste Sissoko se justifiait donc pour leur orientation politique en direction des  masses laborieuses. Le constat sans équivoque est que Tall est resté le même.

En dépit des turpitudes ainsi décrites, Mountaga Tall est resté l’inamovible président du CNID-Faso Yriwaton. Il fut trois fois élu député à Ségou à l’Assemblée Nationale du Mali. Assailli de questions par Mountaga Tall à Bagadadji en 1997 au cours de la Déclaration de politique générale (DPG). IBK, très remonté contre l’élu de Ségou, craque en ces termes: «j’userai de toutes mes prérogatives pour que vous ne soyez plus élu député à l’Assemblée Nationale du Mali».

Malheureusement cette annonce d’IBK ne passera pas à Ségou, son fief. Son seul gage reste la démocratie véritable au Mali. Ironie du sort ou revirement spectaculaire d’Ibrahim Boubacar Kéita ? L’enfant de Ségou est élu à nouveau député à l’Assemblée Nationale sur une liste commune CNID-RPM en 2002 (Espoir 2002). Elu, il est resté au perchoir (1er Vice-président pendant cinq ans).

Une autre ironie du sort s’est produite

Quand Espoir 2002 a éclaté, ses ténors sont retrouvés à la remorque d’ATT et pour cause : Choguel Kokala Maiga s’est vu attribué un poste ministériel. Et pendant ce temps IBK est resté pendant trois ans président de l’Assemblée Nationale du Mali sans majorité parlementaire (13 députés RPM).

Quant à Mountaga Tall, il est demeuré l’inamovible premier vice-président du Parlement de 2002 à 2007. Lorsqu’intervint le putsch du 22 mars 2012, Mountaga Tall, avocat de profession, bon orateur comme tout bon Ségovien offre ses talents aux jeunes soldats du CNRDRE pour un meilleur accompagnement. Mais hélas ! C’était sans compter sur les manœuvres dilatoires de l’ADEMA (URD, RPM, ASMA, UDD) auprès de la CEDEAO.

Nommé ministre dans le gouvernement (ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique), Maître Mountaga Tall a, jusqu’ici pu juguler les mouvements de contestations des étudiants et des professeurs du supérieur dont l’année était émaillée de grèves intempestives. Sur ce tableau qu’est l’école supérieure, Maître Tall mérite une attention particulière à quelques encablures de la fête de l’indépendance du Mali.

Au regard de son cursus universitaire et de sa profession, chef de l’un des plus vieux partis politiques du Mali, il convient de rappeler que Tall a pris part à la gestion de tous les grands dossiers de la nation et cela avec objectivité et abnégation. Mais ce qui semble à présent incompréhensible, c’est que jusqu’ici, ce grand témoin de toute l’histoire de la démocratie n’a jusqu’ici bénéficié d’aucune décoration. Cela ne peut se comprendre du tout, il faut le dire. Est-ce un oubli ou un acte sciemment posé ?

Tout compte fait, il convient d’attirer l’attention des plus hautes autorités du Mali sur un oubli dont Maître Tall est victime malgré tous ses combats. Il importe donc de noter la nécessité de réparer cet oubli ou cette faute envers celui qui aura tout donné pour l’avènement de la démocratie au Mali. Cette réparation ne serait que justice rendue si elle a lieu à l’occasion de ce 55ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale, ce serait une récompense méritée envers un camarade de lutte.

Vivement  une distinction à Maître Tall pour devoir de reconnaissance du mérite  nationale.

Safounè KOUMBA

Source: L’Inter de Bamako

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